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Elevage
Raisonner la complémentation au pâturage

Le prix du lait sera bas ce printemps. Il est plus que jamais nécessaire d’ajuster au mieux le coût de la ration des vaches laitières. L’herbe lorsqu’elle est bien gérée présente des valeurs alimentaires intéressantes.

Son coût de production rend la valeur des UFL pâturés beaucoup plus bas que ceux du maïs ou des concentrés. Mais si on réduit les quantités de concentré ou de maïs ensilage pendant que les vaches pâturent, on risque de voir le niveau de production ou le TP baisser fortement. Où se situe le bon équilibre technico-économique ?
Dans le contexte économique actuel, comment raisonner la complémentation au pâturage ?

L’herbe pâturée peut avoir une bonne valeur alimentaire de l’herbe
L’herbe pâturée présente potentiellement des valeurs alimentaires très intéressantes. Sur une prairie naturelle bien gérée les valeurs sont pendant toute la saison de pâturage entre 1 et 0,9 UFL/kg MS. Par rapport aux valeurs présentées dans le tableau 1, les prairies temporaires à base de RGA fertilisées ou de RGA-TB présentent des valeurs UFL supérieures d’environ 0,05 UFL/kg MS.
Ces valeur alimentaires sont accessibles si la conduite de la prairie est bien réalisée. Elles doivent inciter les éleveurs à en maximiser l’utilisation sous forme de pâturage.

Au pâturage, la disponibilité en herbe limite l’ingestion des vaches
L’ingestion d’herbe varie avec la capacité d’ingestion des animaux, la valeur d’encombrement de l’herbe, les compléments apportés, mais aussi en fonction de la disponibilité de l’herbe (hauteur, proportion de feuille, …). Si on recherche à bien gérer la prairie, on force les vaches à consommer l’herbe disponible. Les quantités d’herbe offerte sont limitées. On ne permet pas aux vaches de couvrir leur capacité d’ingestion.
En pâturage tournant l’ingestion d’herbe est calculée sur l’ensemble du temps de séjour. Elle augmente avec la quantité d’herbe offerte (surface/al, hauteur entrée) (tableau 3).
Au delà de 11 kg de lait produit, les vaches n’expriment que 70 % de leur potentiel au pâturage, lorsqu’elles sont nourries uniquement à partir d’herbe. Les risques de chute de TB sont importants. La complémentation peut s’avérer intéressante pour augmenter les quantités de lait et améliorer la qualité.

Le maïs se substitue à l’herbe
Le taux de substitution herbe/fourrage est le rapport de la quantité de matière sèche d'herbe consommée en moins lorsqu’ on apporte un fourrage conservé.
Les dernières normes INRA 2007 confirment que le taux de substitution herbe/fourrage est proche de 1 même lorsque le pâturage est ras.
Pour 1 kg de fourrage conservé (ensilage de maïs) consommé en plus, on diminue l’ingestion d'herbe de 0.9kg MS soit un apport énergétique supplémentaire quasiment nul.
L’apport de maïs au pâturage de printemps se justifie seulement si la surface accessible aux vaches laitières est limitée ou si un pourcentage significatif de vaches du troupeau est en début de lactation.

Les concentrés présentent une bonne efficacité technique…
Aujourd'hui, l'INRA confirme que l'efficacité du concentré au pâturage seul est fonction de la pression de pâturage. Lorsque le pâturage est assez sévère (hauteurs de sortie de parcelle avoisinant les 5 cm) avec une chute de lait en fin de parcelle de 10 à 15 % par rapport à la production maximum obtenue en début de parcelle, le concentré a une efficacité voisine de 0.8 à 1 kg de lait par kg de concentré distribué. On constate dans ces conditions une légère baisse du taux butyreux
(- 0.3g/kg), une légère augmentation du taux protéique (+ 0.2g/kg) et une meilleure reprise d'état. Cette efficacité du concentré est plus importante sur les vaches fortes productrices.
Avec une herbe dont la densité énergétique est d’environ 1 UFL/kg de MS et un pâturage bien conduit, le taux de substitution herbe/concentré est d’environ 0,3. Cela signifie que pour 1 kg de concentré consommé en plus, l’ingestion d’herbe diminue de 0,3 kg de MS. L’apport de concentré est donc techniquement intéressant au niveau énergétique lorsque le pâturage est bien conduit et qu'il n'y a pas de distribution d'ensilage de maïs.

…mais une efficacité économique limitée
Avec la hausse du prix des matières premières, l’apport de concentré n’est pas forcément intéressant au niveau économique.
En effet avec une efficacité technique de 0,8 kg de  lait par kilo de concentré, les effets sur les taux vus dans le paragraphe précédent et un prix du lait
prévisible aux alentours de 250 €/1 000 l pour le printemps 2009, l'apport de concentré doit être raisonné en fonction de son prix de marché. Il faut rappeler que quand de l'ensilage de maïs est distribué au pâturage, l'intérêt économique du concentré est encore plus faible.

Simplifier la distribution des concentrés au pâturage
La complémentation au pâturage peut être identique pour toutes les vaches si le troupeau est homogène au niveau production et stade de lactation ou simplifié par lots homogènes de vaches laitières (tableau 4).
Cette quantité de concentré, identique pour toutes les vaches du troupeau, est distribuée en quantité constante jusqu'au tarissement. De plus, elle permet plus facilement d’ajuster l’apport en fonction des conditions de pâturage (conditions météorologiques, stade de la parcelle…).
Si les productions des vaches sont très hétérogènes (vêlages étalés, potentiels très différents), il est possible de regrouper les animaux en 2 ou 3 groupes homogènes et d'appliquer le plan de complémentation ci-dessus.
Il est bien sûr possible de distribuer moins de concentrés au pâturage ou même pas du tout ; la production laitière diminue, les vaches perdent un peu d'état et les résultats au niveau de la  reproduction peuvent être légèrement diminués.
La suppression du concentré n'est pas conseillée en début de lactation et pour les fortes laitières. Elle nécessite que les vaches soient en bon état et que la gestation soit confirmée. Lorsqu'il y a distribution d'ensilage de maïs, le concentré a peu d'efficacité pour les vaches en deuxième moitié de lactation.
Le concentré présente donc une bonne efficacité technique avec un pâturage bien conduit mais  une efficacité économique limitée même avec un prix du lait élevé. Entre maïs et concentré énergétique comme complément au pâturage, il faut choisir, mais il ne faut pas apporter les deux.

Améliorer l’ingestion de l’herbe
Lorsque l’on maintient la distribution du maïs au pâturage, la bonne valorisation de la prairie n’est pas toujours aisée. Les vaches qui sortent le ventre plein de maïs au pâturage, ont tendance à se coucher dans l’herbe plutôt que de la consommer. Il paraît difficile dans ces conditions de bien gérer les prairies et d’obtenir les résultats escomptés avec l’herbe.
Des essais ont été réalisés à l’INRA de St-Gilles. Ils ont mesuré les ingestions des vaches au pâturage lorsqu’on fait varier les durées de pâturage.
Les vaches consomment plus vite lorsqu’on restreint les horaires de sorties. Plus on réduit la complémentation, plus les vaches consomment vite. En deux sorties de 2 h 45 les vaches ingèrent au pâturage autant qu’en une seule sortie de 9 h sans autre fourrage distribué.
Si on veut profiter au maximum de l’herbe au pâturage, il est préférable de distribuer les compléments après l’accès au pâturage plutôt qu’avant, afin de ne pas réduire la motivation des vaches à pâturer. Cette pratique ne peut se réaliser qu’une fois les transitions effectuées.
Les vaches adaptent leur consommation aux durées de pâturage. Elles réalisent un repas avant la rentrée à la stabulation. Il faut pour cela réaliser les transitions progressives et être régulier dans les horaires pour que les vaches s’adaptent. Avec de l’herbe très jeune, il faut tout de même veiller à ne pas pousser cette pratique à l’extrême afin d’éviter l’acidose ruminale.
Etienne DOLIGEZ
Contrôle laitier du Calvados pour le groupe alimentation des contrôles laitiers et Chambres d’agriculture de Normandie

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