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Récolte de menues-pailles à la moisson : pourquoi pas vous ?

A l’heure actuelle, la menue paille est le plus souvent laissée au sol après la moisson des céréales.

La menue-paille est composée des résidus évacués à l’arrière de la grille supérieure lors du nettoyage du grain, des enveloppes de grains (glumes et glumelles), des débris de paille et des graines d’adventices obtenus durant la récolte de diverses cultures (céréales, colza). Elle peut être récupérée pour être valorisée mais permet également de réduire la pression phytosanitaire.

Comment la récupérer ?

Selon les objectifs de l’agriculteur et la technologie employée,  la menue-paille sera soit séparée de la paille soit remise sur l’andain.Plusieurs systèmes de récupérations des menues-pailles existent :- intégré par le constructeur à la moissonneuse (ex : New Holland CX 5000-6000). Le principe est simple, une trappe permet d’injecter la menue-paille de l’éparpilleur dans l’andain, au lieu de l’éjecter vers l’extérieur. Ce système ne limite pas le débit de chantier et son coût reste faible. Par contre, il ne permet pas d’exporter la menue-paille, et il y a forcément de la perte au sol. Des essais dans une CUMA de l’Orne lors de la campagne 2015 permettront d’avoir une idée de la quantité récupérable ;- vis et turbine : une vis adaptable récupère la menue-paille en sortie des grilles, puis une turbine la propulse dans un tuyau pour une dépose sur l’andain, ou le chargement dans une remorque. Ce système reste assez simple avec un coût maîtrisé. Il faut adapter l’hydraulique de la moissonneuse pour faire fonctionner la turbine. Dans le cas d’un dépôt sur l’andain, la menue-paille n’est pas exportable, elle est pressée avec la paille. En cas de retournement de l’andain pour séchage, la menue-paille se retrouvera au sol et sera alors perdue. Dans le cas d’un suivi avec une remorque, comme un chantier d’ensilage, la menue-paille est exportée à part. La logistique est cependant plus compliquée lors du chantier. L’alternative est d’atteler une remorque à la moissonneuse, ce qui ralenti le chantier et complique les manœuvres ;- système caisson : il se monte à l’arrière de la moissonneuse et récupère les menues-pailles transférées via une vis sans fin. La menue-paille est alors vidée en tas, en bout de champ, puis reprise en vrac ou pressée. Ce système, plus onéreux, est celui qui apporte le meilleur résultat, avec une plus grosse quantité de menues-pailles exportées. Il permet également de récupérer davantage de graines d’adventices. La reprise des tas en vrac, à l’autochargeuse, au big-baller ou à la presse-enrubanneuse est à prendre en compte en terme de coût et de risque de salissement plus important sous les tas.

L’expérience des Pays de la Loire

Le réseau CUMA en Pays de la Loire expérimente depuis 2012 (année exceptionnelle) la récolte de menues-pailles. En 2013, les trois systèmes ont été comparés avec des conditions de récolte peu favorables (paille peu brisante) :

- intégré : 0.28 T/Ha ;

- turbine : 0.35 T/Ha ;

- caisson : 0.93 T/Ha

.Les résultats sont cependant très variables d’une année sur l’autre : ils sont influencés par le type de culture, la variété, la maturité, l’année, le type de machine et l’hygrométrie au moment de la moisson.


Intérêts perçus les agriculteurs

Selon l’enquête menée dans le réseau CUMA en 2012 et 2013 auprès de 47 agriculteurs, plusieurs motivations ressortent.D’abord, c’est une solution pour pallier à un manque de paille (lié au contexte 2012 …).Ensuite c’est un produit qui convient bien pour le paillage des logettes ou des poulaillers : la menue-paille est idéale pour les logettes car elle bénéficie d’un pouvoir absorbant et asséchant supérieur à la paille. Elle offre un meilleur confort que la sciure et limite le gaspillage (moins de paille dans le couloir de raclage et donc dans la fosse à lisier, pompage plus facile). Par contre, elle s’accroche aux poils des mamelles.En paillage avicole, la menue-paille permet en outre l’augmentation de l’activité des volailles (grattage), néanmoins il faut faire attention à l’ingestion des menues pailles au démarrage par les poulets ou dindonneaux.Les éleveurs relèvent également un gain de volume sur l’exploitation avec un coût moindre par rapport à de la paille broyée. Les bottes se tiennent par contre moins bien et en cas de stockage de longue durée, cela peut attirer les nuisibles.Parmi les autres intérêts, les agriculteurs citent la vente de la menue-paille aux éleveurs, notamment pour alimenter les bovins (8 éleveurs sur 10 reconnaissent une nette augmentation de l’appétence avec un intérêt plus marqué en ration sèche pour les VL et les génisses). Enfin, la plus grande propreté de la parcelle peut limiter le recours aux herbicides à moyen terme, en particulier dans le cadre de la pratique du non-labour.

Des risques aussi !

La question sur le niveau de perte de matière organique ou d’éléments fertilisants interpelle certains agriculteurs. Il y a effectivement un risque de baisse de 0.05 à 0.1 % de la teneur en M.O. au bout de 30 années et une perte de 5 unités de P2O5 et de 13 unités de K2O. Cependant l’incidence sera quasiment nulle s’il y a des restitutions sous forme de fumier ou lisier dans les parcelles.

Des perspectives

La menue-paille peut être utilisée en méthanisation. Le potentiel méthanogène a été évalué à environ 200 à 260 m3/tonne (Chambre d'agriculture du Bas-Rhin, 2008). A titre de comparaison, le maïs ensilage et le lisier de porc possèdent respectivement un potentiel méthanogène de l’ordre de 200 et 35 m3/tonne.L’idéal en zone d’élevage serait de valoriser la menue-paille en paillage dans un premier temps, et ensuite de l’intégrer avec les effluents dans les méthaniseurs. 

Article réalisé avec la participation financière du Conseil régional de Basse-Normandie

Des Cuma qui pratiquent

La Cuma l’Entraide à Bais en Ille et Vilaine possède un parc de 5 moissonneuses batteuses avec 1 050 ha de céréales et 250 ha de maïs battus chaque année. Une des machine (John Deere 9640 WTS) est équipée d’un caisson Thierart acheté 45 000 € en 2013, le montage a été réalisé par les salariés de la Cuma (150 heures de travail à 5). En 2013, la menue-paille a été récoltée sur 200 ha de céréales (orge et blé), puis pressée (big ou round) ou ramassée en vrac.Depuis l’investissement, la Cuma constate :- pas de baisse du débit de chantier à la moisson, mais un pressage plus difficile ;- une plus grande vigilance à la conduite sur route (croisement de poids lourds, traversée de bourgs), et dans les champs (détourage) ;- en moyenne, 1 t/ha de menues-pailles est récoltée sur les parcelles de blé, et 800 kg pour l’orge : pour le président de la CUMA, c’est un gain de fourrage ou de litière significatif sur l’exploitation.
Des essais en Basse-Normandie Des essais lors de la dernière campagne au Ménil de Briouze dans l’Orne ont permis de récolter 1 T 080/ha avec un caisson, ces essais seront renouvelés en Basse Normandie en 2015 - infos et vidéo sur www.basse-normandie.cuma.fr/dossiers/moisson. Cette année, plusieurs Cuma accueilleront une machine pour renouveler l’expérience dans la région.


Journée technique : récupération de menues pailles

Venez voir l’expertise technique au champ ! Mardi 8 septembre 2015 - 10 h - 17 h - Lison* (14).
Interventions d’experts, témoignages d’agriculteurs, démonstrations dynamiques, visite d’unité de méthanisation.Intervention des conseillers agroéquipements des Fédérations de CUMA, d’Agrial et des Chambres d’agriculture de Normandie, apports techniques et témoignages d’agriculteurs, retours d’expériences, démonstration de récupération et de pressage de menues pailles et visite d’une unité de méthanisation. 
*Lison : entre Saint-Lô (50) et Bayeux (14).Repas sur place - Payant sur inscription.Un évènement du réseau CUMA.

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