Aller au contenu principal

Equipement de traite
Réflexions préalables à l’acquisition d’un robot de traite

Gadget élitiste pour les plus sceptiques, potentiel allié pour les autres, il s’est popularisé et n’a désormais d’innovant que le florilège d’options qu’il présente à chaque nouvelle version. Cependant, si le robot devient une installation familière et s’il peut être pertinent de s’en doter, quelques éléments concernant les attentes, conditions techniques à mettre en œuvre et les points cruciaux de son implantation méritent d’être rappelés.

Le robot, simple exécutant, remplace le trayeur, mais en aucun cas l’éleveur. L’observation de son troupeau demeure incontournable.
Le robot, simple exécutant, remplace le trayeur, mais en aucun cas l’éleveur. L’observation de son troupeau demeure incontournable.
© DR

Ce que l’on peut attendre d’un robot par rapport à une salle de traite
L’atout premier du robot est de proposer une stalle, donc une surface consacrée à la traite a priori réduite, assorti d’un équipement de traite complet, informatisé, et d’un DAC. Capable de prendre en charge la traite du troupeau, il peut enregistrer (et restituer) de nombreuses données concernant chaque animal, telle la production individuelle, la colorimétrie, la conductivité du lait, …
Le robot épargne à l’éleveur la mobilisation continue des deux heures d’astreintes quotidiennes que mobilisait la traite… Dans les faits, l’éleveur gagne surtout de la flexibilité pour l’organisa-tion de son travail : le temps “libéré” est investi à la gestion de son robot (comprenant l’exploita-tion des données informatiques) et la surveillance de son troupeau ; avoir un robot ne dispense pas d’aller voir ses animaux, bien au contraire !
Ce système revêt un rôle de trayeur, aucunement d’éleveur. Tout au plus, il valorise des informations et effectue les directives dictées par l’homme en terme de tri notamment (animaux, lait) ou d’autres tâches simples (lavages, distribution des concentrés, …). L’interprétation des résultats et les actes à prendre en conséquence relèvent donc des décisions et actions (via la programmation des paramètres) prises par l’éleveur.
L’autonomie du robot est toute relative : en cas de panne ou d’alarme, une personne doit se tenir disponible pour remédier au problème, et ce, à toute heure et jour de la semaine. Pour des pannes conséquentes, il est nécessaire de bénéficier d’un service après vente bien organisé, mobilisable, au réseau bien fourni. La clientèle “robot” se développant, cette problématique tend à disparaître : les secteurs d’intervention affectés aux concessions sont aujourd’hui mieux définis pour répondre plus rapidement à une demande d’intervention. Cependant, cela est peut être moins vrai le week-end, un dépanneur pouvant être d’astreinte pour plusieurs concessions et donc couvrir un territoire plus grand …
Enfin, contrairement à une salle de traite, le robot ne pourra pas répondre à une forte évolution de l’effectif du troupeau : le robot n’est pas évolutif en tant que tel, il possède des capacités maximales qui ne pourront être outrepassées.

Des capacités exhaustives, des paramétrages innombrables
Les robots peuvent traire jusqu’à 2 000 l par jour et sont susceptibles de réaliser 160 à 180 traites quotidiennes, des capacités remarquables qui sont en pratique difficilement atteignables sur toute l’année (l’éleveur n’a donc pas intérêt à calculer la réalisation de son quota sur la base de ces simples chiffres).
Qui dit “capacités” implique nécessairement des “limites” : le fonctionnement du robot, simple exécutant, comprend des tâches à durée incompressible, telles les phases liées à la routine de traite (détection des trayons, nettoyages intermédiaires, …) ou au fonctionnement propre de l’appareil (nettoyages principaux, …). Certaines tâches peuvent néanmoins être modulées ou aménagées par l’éleveur (exemple des lavages : leur période, leur nombre et leur durée peuvent être modifiés). A l’inverse, l’intervention de l’éleveur sera moins évidente  pour remédier à des temps morts plus aléatoires (absence de vaches, refus, …) ; une occupation utile et continue de la stalle, 24 h/24 h, est donc illusoire.

Caractéristiques du troupeau
La taille du troupeau est souvent citée comme première référence : “le robot est adapté pour un troupeau de 60-65 vaches”… Ce repère mériterait d’être nuancé. D’autres facteurs méritent en effet d’être estimés individuellement lors d’un projet robot : la production individuelle des vaches, leur temps et débit de traite, leur persistance de lactation, la conduite du troupeau (et notamment en terme regroupement des vêlages) peuvent en effet conditionner la saturation périodique du robot.
Cependant, le troupeau ne peut dépasser les 70 vaches : la production quotidienne risque d’être trop importante et un cheptel trop grand peut être sanctionné par les phénomènes grégaires et de dominance (vaches qui bloquent durablement l’accès à la stalle). En somme, plus le niveau de production laitière du troupeau est important, plus le nombre de vaches supplémentaires pouvant être accepté par le système devient réduit. Et les faits sont encore bien plus complexes lorsque l’on prend en considération le bon vouloir des animaux à se présenter au robot…
Le perfectionnement des techniques de détection des trayons sur les derniers modèles semble réduire les risques de réformes liés à une mauvaise conformation de la mamelle (cependant, les trayons croisés restent difficilement identifiables pour l’automate).
D’un point de vue sanitaire, le troupeau destiné au robot doit être d’un niveau cellulaire bas : cette installation ne résoudra pas les problèmes déjà existants. En outre, le dispositif de nettoyage des trayons n’est pas « le » gage d’un lait de qualité : un robot ne nettoyant parfaitement que les trayons propres, il revient à l’éleveur d’établir de bonnes conditions en amont pour en avoir l’obtention.

Implantation du robot et circulation
Le schéma de circulation (libre, guidée, semi dirigée) idéal n’existe pas ; si certaines marques retiennent plus volontiers une conception qu’une autre (cependant, chacune d’entre elles est en mesure de réaliser le parcours que vous attendez), il revient à l’éleveur de privilégier le système qui correspond le mieux à ses ambitions et à son troupeau. Le choix de la circulation conditionnera l’emplacement du robot, l’espace qui y sera dédié, les éventuels aménagements à réaliser, et les investissements (des logettes devront-elles être condamnées ? Le robot nécessitera-t’il un bâtiment spécifique? Nouvelle laiterie, nurserie à proximité ? Devra-t-on prévoir l’emplacement et la surface d’un pré-parc ou une réelle aire d’attente, …).
Le premier conseil dans le choix de la circulation des animaux est de prévoir une solution de réversibilité d’une circulation à une autre au cas où la première se révèlerait non satisfaisante. Il faut également évaluer la pertinence de cette circulation et des accès créés au robot dans le cadre d’une utilisation hivernale d’une part et dans le cadre de la mise à l’herbe d’autre part (pour ceux évidemment qui maintiendront le pâturage).
Le robot, accompagné d’une porte de tri, peut permettre l’isolement d’un animal ; il peut donc être légitime de prévoir à proximité une aire de séparation ; il est conseillé que celle-ci puisse accueillir 4 à 5 vaches et comprenne une aire d’exercice, de repos, un accès à l’auge et à l’abreuvoir).
Dans tous les cas, prévoyez si possible la présence du robot à proximité de l’aire de raclage, voire sur caillebotis existants, si la possibilité de fixer la stalle est offerte. Ne sous-estimez pas non plus la zone réservée à l’éleveur, accessible sans passer par la stabulation, car bien que le but soit que vous interveniez le moins possible, vous n’êtes jamais à l’abri de devoir vous rendre au chevet de votre robot… autant donc y trouver un certain confort d’intervention !
Sachez également que la consommation d’eau d’un robot est plus importante qu’une salle de traite conventionnelle, du fait d’une fréquence importante des nettoyages : le volume de la fosse à lisier doit donc être adapté.
Enfin, le meilleur moyen d’être bien informé sur les réflexions en terme de conception du circuit et de l’implantation à privilégier reste la visite d’élevages possédant des robots, et pas nécessairement ceux sélectionnés par les marques...

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

GAGNEZ 2 PLACES POUR LE MATCH SM CAEN - PARIS FC
Jeu concours pour aller encourager votre club normand au stade d'Ornano !
Deuxième en partant de la droite, Philippe Denis a reçu dans sa ferme un parterre de responsables, dont Arnaud Rousseau (deuxième en partant de la gauche).
Tuberculose : Arnaud Rousseau à l'écoute des éleveurs
À l'occasion de sa visite dans l'Orne, Arnaud Rousseau s'est rendu à Landigou, sur l'exploitation de Philippe Denis, dont le…
Valentine Amette, 22 ans, céréalière, s'est lancée dans son projet de meunerie. La Farine de Valentine est disponible à la boulangerie de Pont-d'Ouilly, de Fresné-la-Mère ou encore chez elle, à Bazoches-au-Houlme, les premiers lundis du mois, de 9 h à 12 h.
Valentine Amette, agricultrice au champ et au moulin
Nous l'avions rencontré en fin d'année dernière, alors qu'elle se présentait au concours Miss agricole 2024. Alors aux champs,…
Toutes les animations sont gratuites (sauf la restauration et le baptême en hélicoptère).
Des bonshommes de paille débarquent dans la Manche
À la veille des moissons, les Jeunes agriculteurs ont monté des bonshommes de paille un peu partout dans la Manche. Un bon moyen…
Cette baisse des volumes a été annoncée alors même que "nous sortons d'une période compliquée", dénonce Yohann Serreau, président de l'OPNC (570 producteurs, 422 ml de lait).
Lactalis confirme la baisse de ses volumes
À l'assemblée générale de l'OPNC (Organisation de Producteurs Normandie Centre), organisée à Sées, dans l'Orne, en juin 2024 et…
"Transmission-installation, que peut-on faire de plus ?" Tel était le thème de la table ronde à laquelle participaient Clotilde Eudier (vice-présidente de la Région Normandie), Emmanuel Hyest (président de la Safer de Normandie), Anne-Marie Denis (présidente de la FRSEA Normandie), Emmanuel Roch (président de JA Normandie), Guillaume Larchevêque (Chambre d'agriculture Normandie) et Bruno du Mesnildot (Propriété privée 50).
Safer et installation : faire plus grâce à une volonté commune
"Nous avons toute une génération de jeunes à installer. On doit et on peut certainement faire mieux sous condition d'une volonté…
Publicité