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Rencontres économie et marchés agricoles en Normandie : la PAC au menu

A l’occasion des 8e rencontres économie et marchés agricoles en Normandie, la Chambre régionale d’agriculture organisait une table ronde sur la PAC après 2020, mercredi 18 septembre à Caen (14). Anne-Marie Denis, en charge de la PAC à la FRSEA Normandie ; Jean-Marc Séronie, agroéconomiste ; Jean-Luc Duval, président de Coop de France Normandie ; Jean-Emmanuel Zaragoza, responsable développement des marchés agricoles au Crédit Agricole Normandie ont répondu aux questions de Michel Lafont, économiste à la CRAN.

© DB

Anne-Marie Denis, vous êtes présidente de la FDSEA de l’Orne et en charge de la PAC à la FRSEA Normandie. Quelles sont vos attentes vis-à-vis de cette future PAC ?
Il faut que tous les agriculteurs aient conscience que cette nouvelle PAC marquera un changement majeur. Le Brexit va forcément impacter le budget européen. Notre objectif est de maintenir un maximum de budget,
même si on nous annonce une baisse de 5 à 10 %. L’État et l’Europe demandent une PAC plus verte. Les agriculteurs ont conscience qu’il faut évoluer en fonction du climat et de l’environnement, mais il faut que cela se fasse à une dimension et à une vitesse acceptables. Il faut une PAC évolutive, certes, mais elle doit être satisfaisante pour pouvoir maintenir un maximum d’exploitants sur le terrain. C’est l’une de nos préoccupations majeures.


Jean-Luc Duval, vous êtes président de Coop de France Normandie. La filière fruits et légumes a bénéficié des programmes opérationnels. Comment ça marche ?
Les programmes opérationnels sont des projets d’entreprises établis sur 3 à 5 ans destinés principalement à assurer la programmation de la production et son adaptation à la demande, notamment en quantité et en qualité. L’aide financière européenne est plafonnée à 4,7 % de la valeur de production commercialisée de chaque OP. Dans le même temps, l’OP doit mobiliser la même somme auprès des producteurs. Soit c’est une contribution, soit ce sont des fonds propres de l’OP. Avec cette somme, et en respectant les règles du jeu, on propose aux adhérents une stratégie de production pour s’adapter au marché. Nous avons fait le choix de financer des atomiseurs. C’est l’OP qui achète l’atomiseur, il est mis à disposition d’un agriculteur qui ne paie que 50% de l’amortissement. L’OP paye l’amortissement sur cinq ans.

Anne-Marie Denis, quelles sont les idées de dispositifs sur lesquels vous réfléchissez à la FRSEA dans le cadre des paiements climats-environnements ?
Ce qu’on peut regretter dans le système du paiement vert actuel, c’est qu’il est complètement imposé et les agriculteurs ont peu de liberté pour en choisir l’application afin d’en profiter. Notre objectif est de pouvoir proposer un dispositif assez large qui puisse s’adapter à toutes les exploitations. Nous nous posons également la question d’intégrer la Haute valeur environnementale (HVE), le plus haut des trois niveaux de la certification environnementale des exploitations agricoles. Mais la question est : qu’est-ce que l’on met dedans ? La Normandie a de nombreux atouts comme les haies, la pousse de l’herbe et les zones humides. Mais elles ne sont pas valorisées. L’État veut toujours plus d’environnement. Nous y sommes favorables puisque nous le préservons dans notre région, mais les agriculteurs ne doivent pas devenir des jardiniers gratuits. Cela mérite une rémunération. Il faut une proposition d’HVE adaptable à notre agriculture, sans changer profondément nos méthodes de productions.

Jean-Emmanuel Zaragoza, vous êtes responsable développement des marchés agricoles au Crédit Agricole Normandie. Comment voyez-vous évoluer la santé financière des agriculteurs sous la PAC actuelle ?
Aujourd’hui, la santé financière des exploitations est beaucoup plus sensible aux impacts climatiques et environnementaux qu’à l’injection directe de fonds dans la trésorerie des agriculteurs. Les subventions de la PAC ont permis de transformer les fermes, moderniser les outils de travail, améliorer les conditions de travail et être plus vertueux sur le plan environnemental. Nous pouvons faire confiance aux exploitants pour faire évoluer leurs systèmes d’exploitation et qu’ils soient en lien avec les attentes de la société et des consommateurs. À chaque fois que ça se tend au niveau des marchés, la première chose qui pêche c’est la trésorerie. L’injection directe de fonds permet de donner une bouffée d’air en fin d’année aux agriculteurs.

Anne-Marie Denis, les Régions ne gèreront plus le second pilier de la PAC. Quel est votre positionnement sur ce sujet ?
La FNSEA penche pour une ligne de base nationale, et ensuite une gestion entre le national et les Régions. Les régions montagneuses, entre autres, arrivent à attirer un maximum d’aides. Avoir un cadre national permettrait une meilleure équité entre les territoires.

Au fond, de quoi l’agriculture a-t-elle besoin aujourd’hui ?
Jean-Luc Duval : Le rapport du Giec de cet été montre qu’il faudra toujours manger dans les années à venir, qu’il faudra encore des productions agricoles et surtout protéger nos terres. Il faut se servir de ça pour faire taire nos détracteurs. Soyons dynamiques, proactifs et positifs. Certains agriculteurs vivent très bien de leur métier et soyons solidaires avec ceux qui sont plus en difficulté.
Jean-Emmanuel Zaragoza : L’agriculture a besoin d’assurer son renouvellement. La question des installations nous préoccupe. Les exploitants actuels doivent sécuriser leurs exploitations face aux aléas climatiques et être de moins en moins dépendants des subventions de la PAC pour être plus agiles.
Anne-Marie Denis : Il faut qu’on se désintoxique de nos subventions, à condition de trouver les clés pour tirer un meilleur revenu de nos produits. Nous avons la chance d’être dans une région très diversifiée. La politique agricole commune doit nous aider à préserver nos territoires. Il faut également attacher une attention particulière à la recherche et à l’innovation. Enfin, soyons attentifs à pérenniser les installations de nos jeunes, car sans eux, il n’y a pas d’avenir.

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