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PASCAL LE BRUN, vice-président de la section LAIT de la FDSEA du Calvados
Restructurer, oser et entreprendre

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© TG
Il manque du lait dans le tank français. Que vous inspire cet état de fait ?
Nous avons vécu, dans un laps de temps très court, un profond bouleversement. Il y a moins d’un an, on parlait “d’excédents” et nous avions sur la table le fameux dossier des laits dits “flottants”. Depuis, la situation s’est renversée. Les raisons en sont multiples. On assiste tout d’abord à une augmentation de la demande mondiale consécutive à la progression de la consommation de produits laitiers en Asie, dans les pays de l’Est... Parallèlement, des phénomènes ponctuels comme la sécheresse en Australie ou le développement des biocarburants, c’est le cas notamment en Allemagne où des agriculteurs abandonnent la production laitière pour se lancer dans la biométhanisation à des fins énergétiques, pèsent sur les volumes. Il y a enfin un effet découplage.

N’a-t-on pas manqué de réactivité dans ce dossier ?
Je suis stupéfait du manque d’esprit d’anticipation de nos économistes. Cela fait longtemps que l’on nous répète qu’il y aura sur cette planète 9 milliards d’habitants à nourrir. Que le développement des biocarburants va s’accélérer... Qu’avons nous fait pendant ce temps ? Nous sommes restés frileux. Or produire du lait, ce n’est pas ouvrir un robinet. Cela se construit sur le long terme.

Mais c’est quand même bien la maîtrise de la production qui a assuré une certaine stabilité de la filière laitière ?
Personnellement et avant de parler de maîtrise, la priorité est de réaliser son droit à produire. Or que constatons-nous ? Tous les grands pays producteurs de lait ont atteint leur quota, pas la France ! La maîtrise de la production doit donc être l’affaire de tous et surtout pas d’une seule nation. 
L’autre erreur est d’avoir voulu geler les 0,5 % que Bruxelles nous a attribués et limiter les allocations de fin de campagne à 1 %. C’est d’autant plus incompréhensible qu’on sentait la conjoncture s’améliorer en fin de campagne et que toutes les prévisions étaient optimistes. Il aurait donc été plus judicieux d’augmenter ce pourcentage.

Vous estimez qu’on a raté un train ?
Je comprends la colère des laitiers qui ont gelé leur production en fin de campagne et qui ont mis des vaches à la réforme. On leur propose aujourd’hui + 5 % que l’on est incapable de réaliser. Il nous manque 100 à 150 000 vaches pour réaliser le quota national sans parler du déficit fourrager auquel nous allons devoir faire face au cours de l’hiver et d’une politique d’élevage dans le Calvados qui est loin d’être dynamique.

Concrètement, que proposez-vous ?
Sachons oser et entreprendre. Il faut faire évoluer la réglementation des quotas vers plus de mobilité et peut-être augmenter le taux minimum d’allocation de 4 à 7 voire 8 %. Donnons aux producteurs qui ont la possibilité de produire de le faire afin de s’approcher au plus près de notre quota.

Votre sentiment sur le prix du lait ?
Il doit être rémunérateur pour le producteur et, si nombreux sont ceux qui considèrent qu’il n’augmente pas assez vite, n’oublions pas que le mode de calcul s’établit sur 12 mois glissants. Ce qui implique un peu d’inertie. Les prochains trimestres s’annoncent sous de bons augures. Cependant, cette hausse ne se verra pas sur nos comptes d’exploitation. Elle est gommée par des coûts de production qui flambent inhérente à la raréfaction des matières premières.

En conclusion, vous êtes plutôt confiant en l’avenir ?
Je reste optimiste à condition que nous sachions oser, entreprendre et restructurer nos outils tant en amont qu’en aval. Nous avons la chance d’être au cœur d’un grand bassin laitier que beaucoup nous envient. Il y a de l’avenir pour le lait dans le Grand Ouest et plus particulièrement en Basse-Normandie.
Propos recueillis par Th. Guillemot
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