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Risques de dégâts d’altise d’hiver sur colza : mieux les connaître pour mieux les éviter

Les altises d’hiver sont potentiellement dommageables pour la culture de colza. L’adulte grignote les jeunes plantules, les larves endommagent le cœur des plantes avant montaison.

© Terre Inovia

Une bonne connaissance des risques encourus par la culture et des moyens de lutte préventive s’impose pour éviter ou limiter l’usage des insecticides contre ce ravageur qui sévit depuis plusieurs années dans de nombreux secteurs de Normandie et Ile-de-France.


Analyser et gérer les risques à la parcelle

Pour une parcelle donnée, l’historique de la pression d’altises et l’environnement proche (bois, haies, etc.) influencent les migrations et dégâts potentiels du ravageur. Les repousses de colza n’hébergent pas les altises d’hiver (mais les petites altises oui). Le contexte pédoclimatique, la présence de pailles et de mottes, la qualité du semis, les phénomènes de phytotoxicité dus aux herbicides ou encore l’azote disponible conditionnent la dynamique de levée du colza. Les terres motteuses ou caillouteuses offrent plus de refuges pour les altises. Les parcelles en sols argileux, non-labour, a fortiori avec un encombrement pailleux du lit de semences sont ainsi généralement plus fréquemment concernées par les problèmes d’altises lors de la levée. Les parcelles limoneuses, à structure fine et légèrement tassée sont moins risquées.


Sensible dès la levée jusqu’au stade 3 feuilles

Les altises d’hiver perforent et dévorent les cotylédons et premières feuilles du colza. Les dégâts peuvent provoquer une perte de vigueur et un retard de développement de la culture. Des attaques sévères à des stades précoces peuvent épuiser ou, à l’extrême, faire disparaître les plantules. L’apparition de la 4ème feuille du colza marque la fin de sa période de sensibilité. A ce stade, la surface foliaire produite par la culture et sa vitesse de développement sont suffisamment importantes pour tolérer d’éventuels dégâts supplémentaires. Les colzas carencés en azote en entrée hiver ou en perte de biomasse pendant l’hiver sont plus affectés par les larves d’altise. La pression larves n’est absolument pas corrélée à celle des adultes. Même un gros colza en entrée hiver (1,5 à 2 kg/m²) ne garantit pas d’échapper à d’éventuels déboires provoqués par les larves. Plus que l’atteinte d’une forte biomasse du colza en entrée hiver, c’est le maintien dans la durée de son bon état de croissance jusqu’en sortie hiver qui permet d’éviter la progression des larves vers le cœur des plantes. Les colzas exposés à des vagues de gel hivernal et les colzas souffrant d’un manque d’azote sont d’autant plus fragiles en présence de larves d’altise.

Règle n°1 : diminuer ou esquiver la période de sensibilité à la levée

Au gré des conditions météo, les altises d’hiver investissent les parcelles de colza à partir du 15-20 septembre. La vitesse de développement du colza entre la levée et le stade 4 feuilles détermine l’aptitude de la culture à faire face au ravageur. Avant d’atteindre 4 feuilles, plus un colza lève tôt, vite et bien, plus les risques de dommages vis-à-vis des altises diminuent. A l’inverse, un colza qui commence sa levée en pleine période d’arrivée des altises peut vite se retrouver en position fâcheuse. Tout dépendra de sa rapidité d’installation et des niveaux d’infestation et d’activité des altises. Dans les conditions régionales, semer le colza avant le 25 août constitue le moyen préventif le plus efficace pour limiter les risques vis-à-vis des adultes d’altises d’hiver. Mais cette pratique n’est pas aisée ou recommandée partout. Dans certaines situations (bordure maritime, parcelles riches en MO), semer avant cette date peut conduire à des croissances automnales excessives fragilisant les plantes avant l’entrée d’hiver (gels, maladies). Par ailleurs, la répartition des travaux estivaux (récoltes tardives de céréales, lins et féveroles par ex.) peut contrarier la faisabilité d’un semis de colza à la fin août dans les exploitations de la région.D’autres leviers existent pour soutenir la vigueur au démarrage. Si la date de semis constitue souvent le moyen préventif le plus efficace, d’autres leviers méritent d’être actionnés: bonne gestion de la paille du précédent, qualité du lit de semences (pas trop de mottes en surface), roulage après semis si besoin (attention aux sols battants), apports de matière organique ou fertilisants minéraux (1) en sol peu pourvu, etc.

Règle n°2 : satisfaire au possible les besoins azotés jusqu’en sortie hiver

Il n’existe aucun moyen préventif pour limiter les populations de larves d’altise. En revanche, des méthodes préventives pour limiter les risques de dégâts existent et sont à rechercher. Tout tourne autour de la qualité d’enracinement et la mise à disposition d’azote pour combler les besoins de la culture à un moment clé où elle doit potentiellement faire face au ravageur. Le pivot est l’organe de réserve essentiel pour un bon parcours de croissance de la culture. Dans les sols superficiels et/ou pauvres en matière organique, les apports de produits organiques améliorent l’endurance du colza. Semées tôt, avant la fin août, les plantes compagnes (légumineuses gélives, féverole tout particulièrement) associées au colza donnent un coup de pouce à la culture entre la fin d’automne et la reprise de végétation. Attention, la mise en œuvre de cette pratique doit se faire dans le respect de certaines conditions (2).

(1) : respectez la Directive Nitrate en vigueur

(2) : consultez le guide "Colza associé à un couvert de légumineuses gélives", édité en juin 2016. www.terresinovia.fr

Testez vos connaissances !

1. Avant le 15 septembre, un colza à 5 feuilles est très sensible aux altises (adultes) VRAI – FAUX ?

2. En présence d’altises, les colzas en cours de levée dans les sols motteux et caillouteux encourent moins de risques VRAI- FAUX ?

3. La date de semis est le levier agronomique le plus indiqué pour anticiper les risques liés aux altises (adultes) VRAI – FAUX ?

4. La féverole associée au colza atténue les dégâts liés aux larves d’altises VRAI - FAUX ?

Réponse : 1 FAUX ; 2 FAUX ; 3 VRAI ; 4 VRAI. Toutes les explications à découvrir dans cet article

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