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Elevage
Robot et pâturage : c’est possible

Les ventes de robots de traite ne cessent d’augmenter ces dernières années : lors de changements d’équipements de traite en 2013, 1 laitier sur 2 a choisi le robot en 2013. La traite robotisée permet de satisfaire l’éleveur sur le plan de l’organisation du travail et des conditions de travail.

Le plus souvent, la mise en place d’un robot s’accompagne d’une réduction du pâturage. Cependant, pour des raisons économiques et environnementales, maintenir du pâturage présente un intérêt pour les exploitations laitières. Il permet notamment de réduire le coût alimentaire et de viser l’autonomie alimentaire et azotée.

Motivation, accessibilité et niveau de saturation de la stalle …

Sont les trois critères indispensables à réunir avec un robot pour maintenir du pâturage.

- Motivation de l'éleveur et des vaches : celle des vaches est à entretenir quotidiennement en créant des habitudes pour assurer une bonne circulation.

- Accessibilité permanente autour du bâtiment pour que les vaches puissent circuler librement entre les pâtures et le robot. Pour faciliter l'accès à des zones nécessitant la traversée d'une route ou d'un chemin, on peut avoir recours à des solutions de type passage canadien ou boviduc.  Avec un robot non saturé, il est possible de bloquer les vaches quelques heures dans la journée dans une parcelle éloignée du bâtiment.

- Niveau de saturation de la stalle : plus le robot est saturé, meilleure devra être la circulation entre les parcelles et le bâtiment.

 

Quelle gestion du pâturage adopter ?

Il est possible de valoriser ses surfaces en herbe comme avant la mise en place du robot en conservant 20 à 25 ares par vache. Tous les modes de gestion du pâturage sont compatibles avec le robot de traite. D’ailleurs, les éleveurs conservent souvent le même mode qu’avant l'installation du robot.On peut faire circuler les vaches en leur proposant un nouveau repas d'herbe après chaque passage au robot. Pour limiter les interventions humaines et conserver une bonne circulation, on peut donc opter pour deux voire trois parcelles sur 24 h. Avec deux parcelles par jour, on identifie immédiatement les vaches qui sont passées au robot et celles qui restent à traire. Les vaches reviennent plus facilement d'elles-même au robot car elles savent qu'elles auront accès à une nouvelle parcelle après la traite. L'investissement dans une porte de tri 2 ou 3 voies est indispensable pour gérer le pâturage avec plus d'une parcelle par jour. Il est également possible d'avoir deux sorties au pâturage distinctes pour plus de fluidité dans le bâtiment. Peu d’élevages sont au-delà d’une valorisation d’1,5 t MS d’herbe pâturée/VL/an.Le suivi des fermes pilotes a permis de mettre en évidence que l'eau dans les parcelles ne nuit pas à fréquentation du robot, il n'y a pas de raison de l'enlever si les vaches en disposent avant l'installation du robot. Inversement, il n'est pas indispensable d'en avoir dans les parcelles les plus proches du bâtiment, par contre, il faut au moins en mettre dans les parcelles éloignées (plus de 800 m) pour les journées plus chaudes. Pour favoriser la sortie des vaches au pâturage, il est primordial d'avoir des accès stabilisés et des chemins suffisamment larges. La sortie du bâtiment est importante car c'est la zone la plus fréquentée et qui présente le plus de risque de dégradation et de mauvaise gestion des déjections. Il y a en général plus de déjections à gérer au même endroit, en sortie de porte de tri ou de stabulation car les vaches sortent une à une, sans hâte, et s’arrêtent au même endroit pour bouser.


Pas d’organisation type de la journée de pâturage

L'enjeu principal lorsque l'on veut concilier robot de traite et pâturage est de réussir à faire circuler les vaches en intervenant le moins possible. Il faut que les vaches aient confiance et disposent de repères fixes dans la journée. Il n'y a pas d'organisation type de la journée de pâturage, c'est à chaque éleveur de trouver celle qui lui convient le mieux : l’éleveur peut intervenir, mais pas nécessairement de manière systématique. En général, seules quelques vaches sont à aller chercher. Ces interventions sont, par ailleurs, un moment privilégié pour pouvoir observer le troupeau et contrôler l'état des parcelles (schéma page précédente). Quelle que soit la solution envisagée pour améliorer la circulation, les vaches reviennent très peu se faire traire la nuit. Si la stalle n'est pas saturée, cela ne pose pas de problème, les traites s'effectueront le matin sans engendrer de retard important. Si la stalle est saturée, il est indispensable d'assurer des traites la nuit. Dans ce cas, on peut retenir les vaches au bâtiment le soir et les laisser ressortir une fois traites. On peut également recommander l'installation d'un éclairage à proximité du robot la nuit et/ou offrir un repas d'herbe fraîche en milieu de nuit, en programmant la porte de tri en conséquence.

 

Conserver une part de fourrages complémentaires à l’auge

Comme dans n'importe quel élevage où l'on souhaite optimiser la consommation d'herbe, il faut régulièrement ajuster la quantité de fourrages complémentaires distribués au Stock d'Herbe Disponible et la pousse de l'herbe. Le fourrage complémentaire doit donc être mis à disposition des VL quand le maximum d’animaux est présent simultanément. Une solution simple pour s'assurer que tous les animaux ingèrent la même quantité de fourrage complémentaire est de bloquer les vaches au bâtiment au moment de la distribution. La distribution des fourrages complémentaires est une source supplémentaire de motivation pour les vaches. Il est donc recommandé de mettre les fourrages complémentaires à disposition le soir pour favoriser le retour des vaches. Si l’on veut maximiser les quantités d'herbe pâturée ingérée, il faut que les vaches sortent le ventre vide le matin. En système de traite robotisée, la présence de concentré au robot est une source de motivation très importante pour les vaches. Pour autant, l'installation d'un robot de traite n'impose pas forcément l'investissement dans un concentré spécial robot. En période de pâturage dominant, l'utilisation de céréales seules est parfaitement compatible avec le robot.  Pour minimiser le coût alimentaire au pâturage, on peut donc réduire la quantité de concentrés distribués et choisir un concentré énergétique autoproduit.Contrairement aux idées reçues, l'installation du robot de traite n'est pas forcément synonyme d'une augmentation de la consommation en concentrés.

Conséquences du choix d’un système pâturant

Le suivi des fermes pilotes a permis d'évaluer l'effet du pâturage sur la fréquence de traite. En moyenne, on observe une baisse de la fréquence de traite de 0,24 traite/VL/jour par rapport à la période 100 % bâtiment.Les éleveurs qui se tournent vers la traite robotisée recherchent avant tout à diminuer la charge de travail, gagner en souplesse horaire et pallier au manque de main d'œuvre. De ce point de vue, le robot de traite libère de l'astreinte biquotidienne de la traite. Le robot de traite entraîne plutôt un changement du type de travail qu'une forte diminution de volume. Après le passage au robot, les éleveurs passent plus de temps à observer les vaches individuellement. Pour ce qui est du temps passé à la gestion du pâturage, il paraît évident que le temps d'astreinte sera augmenté par rapport à la période hivernale puisqu'une nouvelle tâche est nécessaire. Toutefois, le temps lié au travail autour de l'herbe peut être compensé par une réduction des autres tâches : nettoyage, entretien du couchage, distribution des fourrages.Au sein de l’échantillon, 14 élevages ont réalisé une enquête de travail. Il en découle qu'en moyenne, le gain de temps entre la période de pâturage et la période hivernale est d'environ 1 h 25, avec cependant une variabilité entre élevages.En terme de qualité du travail, celui lié au pâturage est celui que l'on retrouve avec une traite classique. C'est essentiellement le travail lié à l'observation des animaux qui est d'une autre nature. En effet, avec un robot de traite, l'observation du troupeau n'a plus lieu en même temps que la traite. L'éleveur peut donc y consacrer plus de temps, et de manière plus approfondie, sans être préoccupé par une autre tâche. De ce fait, le travail d'observation et en particulier de détection des chaleurs est souvent plus efficace.

Coût alimentaire gagnant

L'herbe est un aliment équilibré et valorisable à moindre frais. Le pâturage améliore les aplombs des animaux et limite les boiteries. Si cet impact économique du pâturage sur les frais sanitaires est relativement complexe à évaluer, son impact sur le coût alimentaire est facile à calculer. En effet, en période de pâturage, l'éleveur réalise une économie importante sur les fourrages stockés, en particulier s'il valorise l'herbe au maximum. Par ailleurs, la mise à l'herbe permet également de réduire la consommation de concentrés et notamment de correcteur azoté, élément qui représente très souvent une part importante du coût alimentaire. Sur la période avril- mai, les économies sur fourrages stockés et concentrés se chiffrent dans une fourchette variant d’une soixantaine à une centaine d’euros pour produire 1 000 l.Le robot de traite présente des avantages indéniables en terme d’organisation et de conditions de travail. Il est possible de conserver une part de pâturage dans la ration en système robotisé, mais cela oblige à employer des techniques et astuces. Le premier critère pouvant influencer la quantité d’herbe consommée reste le potentiel à pâturer de chaque exploitation. En effet, c'est avant tout l'accessibilité qui est déterminante pour pouvoir pâturer. Il est important de retenir que le pâturage a un intérêt non négligeable sur le coût alimentaire, et que l’éleveur doit trouver l’organisation qui corresponde aux spécificités de son exploitation.

Précisions

Une étude sur 3 ans, financée par DGER, pilotée par l’Institut de l’élevage en partenariat avec les Chambres d’agriculture avait pour objectif d’identifier les pratiques et le mode d’organisation du pâturage compatible avec une traite robotisée. Le programme a permis de suivre 20 fermes pilotes réparties dans 18 départements du grand Ouest dont la Manche, du Massif Central, du Nord-Est et des Alpes. En parallèle, des essais ont été mis en place à la station expérimentale de Derval (44) et un robot mobile a été installé à la station de Trevarez (29).Cet article reprend les conclusions de cette étude.

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