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Safran(chir) de la routine...

Du safran en Normandie, quelle idée cocasse. Et pourtant, c'est bien dans cette production que s'est lancée Annie Guerrard et son mari Pascal, au moulin du Gué Pierreux à La Hoguette (14). Une exploitation biologique et atypique, zoom sur l'épice le plus cher du monde, récolté dans les plaines normandes.

« Nous savions qu’il y avait des champs de safran dans la plaine de Caen au Moyen-âge », témoigne Annie Guerard. D’abord coiffeuse, Annie a grandi dans une famille d’agriculteurs. Elle change de profession et décide de travailler avec son mari Pascal en tant que juriste. Très vite, la route devient un calvaire et le couple décide de travailler la terre sur leur propre terrain...

Challenge et choix

Annie avait cette envie de faire une culture atypique sur ses propres parcelle. C'est donc son mari qui, ayant vu un reportage sur cet " or rouge " lui parle du safran. « Nous avons donc commencé à nous renseigner et nous nous sommes lancés. La première année nous avons planté
100 000 bulbes, 120 000 la deuxième, 150 000 la troisième, etc. A terme, nous avons récolté 5 kilogrammes », souligne la safranière. Très vite, la machine est lancée. Il faut savoir qu’une ferme de safran doit être vieille d’au moins 3-4 ans pour vraiment tourner à plein régime. "Même si notre production n’était pas terrible au commencement, la qualité était irréprochable. Ça a été une réelle motivation pour aller de l’avant ».


Une qualité à la normande

Au Moulin de La Hoguette, la qualité du safran est irréprochable. Annie Guerard a donc très vite pris contact avec différents chefs étoilés, pour leur plus grand plaisir. « Lorsque l’on arrache les pistils de la fleur, la plupart des safraniers laissent le bout jaune du stigmate. Au contraire, il ne faut garder que la partie rouge pour une superbe qualité », souligne la productrice. Après avoir participé à plusieurs salons gastronomiques, le « Safran de Normandie » de La Hoguette a déjà remporté deux titres au salon de l’agriculture, vous l’aurez deviné, en deux participations. Aujourd’hui, la demande des chefs, des particuliers et des salons fait que l’offre n’est plus suffisante. « C’est un travail sur la durée, la production augmentera. Je gagne moins de sous pour le moment, mais ce n’est pas ce qui importe ».

Travailler avec la nature

20 %, c’est le taux de perte pour la première saison au Moulin du Gué Pierreux. La cause ? Les mulots. En effet, les nuisibles sont un gros problème pour les safranières. Cheveuils, sangliers, rongeurs, limaces, tout ce beau monde raffole des petites fleurs violettes. « Nous sommes à côté des bois. Tous ces nuisibles ont donc accès facilement aux cultures. Nous avons mis en place des perchoirs afin d’accueillir les chouettes, buses, etc.. Travailler avec les animaux fonctionne très bien. Nous avons retrouvé un nid dans une souche morte, 70 mulots morts étaient à l’intérieur en réserve pour les petits ». « Quand vous aimez la nature, et que vous faites tout pour la respecter, elle vous le rend très bien ». Pour faire face aux limaces, Annie
utilise un produit biologique. Pour ce qui est des chevreuils, elle pulvérise de la graisse de mouton qui dégage une forte odeur et répugne les cervidés.

Le safran, la pollinisation

Comme toutes les fleurs, le Crocus Sativus (fleur de safran) a besoin d’être pollinisé. Pour ce faire, un ami apiculteur du couple est venu installé des ruches au moulin. « Nous produisons donc un miel de qualité. Ces petites travailleuses jaunes se plaisent très bien sur une safranière. On aime travailler avec un maximum d’acteurs « naturels » ».

Challenge familial réussi

Le Moulin du Gué Piérreux se voit désormais accueillir une clientèle étrangère. Moyen-Orient, Australie, Vietnam, etc. Avec des visites gratuites toute l’année, Annie vous fera découvrir sa passion et ses cultures autour d’une dégustation des produits. Gabin, le petit-fils du couple a toujours motivé ses grands-parents dans leur travail. « Il nous pousse tous les jours, il aime beaucoup être dans les champs avec nous, pour notre plus grand plaisir ». Le petit garçon est
même devenu l’égérie de la safranière, une relève déjà toute faite..?

Citron Yuzu du Japon

Si Annie est tombée amoureuse du Safran, son mari se devait d’avoir sa petite culture rêvée. Il choisit le citron Yuzu, une espèce de citron japonaise, très prisée en gastronomie. Le couple fait donc importer des pieds de Yuzu, du Japon. Avec une dizaine de citronniers, la cible principale des producteurs reste donc les chefs et les amoureux de saveurs. La plante produit un zeste 3 fois plus fort qu’un citron « lambda ». Petit problème : les gelées menacent fortement ces arbustes. Au moindre doute, le couple doit bâcher leurs arbres du pays du Soleil-Levant.
Ce sont les seuls producteurs de Yuzu de Normandie, et les deuxièmes de France. Une autre personne fait pousser du Yuzu dans la région de Perpignan...

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