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Si la sucrerie de Cagny ne repart pas, il faudra 400 camions par jour

Mercredi 13 novembre 2019, une centaine de planteurs a répondu à l'appel de la FDSEA du Calvados et de la CGB Calvados, Orne, Sarthe, pour manifester devant la sucrerie de Cagny. Le matin même, une commission interprofessionnelle s'est tenue dans l'enceinte de l'usine.

Dans les plaines de l'Orne et du Calvados, il reste 600 000 tonnes de betteraves. « Nous sommes à J+30 de retard par rapport au planning de mise à disposition des betteraves. Le taux d'ouverture de l'usine est de 40 % depuis le début de la campagne », chiffre Patrick Dechaufour, président de la CGB Calvados, Orne, Sarthe. Face à lui, mercredi 13 novembre, à 10 h, une centaine de planteurs et d'entrepreneurs de travaux agricoles. Derrière lui, la sucrerie à l'arrêt. Les salariés, en grève perlée depuis septembre, demandent une prime exceptionnelle de dernière campagne. « Nous ne travaillons pas dans les mêmes conditions, alors nous ne voulons pas la même rémunération, justifie Loïc Touzé, délégué FO. Il insiste : nous ne lâcherons rien. » Le préavis de grève est suspendu depuis le 8 novembre, mais la direction de Saint-Louis Sucre ne prend pas le risque de redémarrer l'outil. De peur de devoir à nouveau l'arrêter.

Trompettes sans casque ni lunette

En attendant, 2 000 tonnes de betteraves sont quotidiennement transférées vers Etrépagny (27). Contre 7 500 tonnes qui devraient être traitées par jour à Cagny. « À ce rythme-là, dans un mois, nous serons à J+60. Si l'usine ne redémarre pas, ce sont 20 000 camions qu'il faudra mobiliser en rotation », estime Patrick Dechaufour. Et quid de l'empreinte carbone ? Une autre question se pose : pourquoi Saint-Louis Sucre n'accède pas à la demande des salariés, ce qui leur coûterait 1 million d'euros, contre « 15 millions qu'ils risquent de perdre entre les transports, les indemnités de retard, etc. » Tous s'accordent à décrire une situation « ahurissante ». Dans la campagne normande, la crainte de se retrouver avec des tas de betteraves en bout de champ est bien réelle. « Nous allons demander des engagements réels et fermes à Saint-Louis Sucre, sur l'achat, la réception et le travail de nos betteraves. Nous exigeons un acompte de 13,50 EUR/t de betteraves en décembre, car certains exploitants n'ont rien touché. Nous n'avons pas à subir la position dominante de SLS. »  Vers 10h30, la commission interprofessionnelle se réunit dans l'usine. Bientôt, les planteurs entrent à leur tour. Assez vite, Gaël de Gabory, directeur de la sucrerie, vient à la rencontre des manifestants. Mécontent, il leur demande de ne pas entrer sur le site ou au moins de porter casque et lunette. « Elle ne tourne pas l'usine ! » rétorque Benoît Lefébure, planteur à Escoville. Si quelques trompettes accompagnent le cortège, les planteurs restent calmes. Après une heure passée sous les fenêtres de SLS, retour à l'entrée de la sucrerie, bloquée par trois bennes de betteraves.

« Le pire scénario »

Les représentants des betteraviers sortent à 13 h, après plus de deux heures et trente minutes de réunion. « Merci pour votre soutien sous les fenêtres. C'était un moyen de pression supplémentaire », dit le président de la CGB Calvados, Orne, Sarthe. Il présente ensuite « le pire scénario », étudié par la commission interprofessionnelle : « l'usine ne redémarre pas. En novembre, 2 000 t de betteraves sont transférées par jour à Etrépagny. En décembre, 2 000 t/jour vers Roye (80) et Etrepagny (27). En janvier, SLS s'organise pour transférer vers ces deux sites 12 000 tonnes par jour. Pour cela, le groupe devra récupérer une flotte de 400 camions. Sur cette base de transfert, les enlèvements pourraient être terminés vers le 20 février ». S'il n'y a pas de panne dans les usines, s'il y a bien les 400 camions, si la météo permet ce rythme de rotation, etc. En parallèle, l'évaluation de la récolte est passée en revue. « L'acompte demandé sera versé à partir du 15 décembre. Les indemnités de retard d'enlèvement restent calculées par rapport au planning initial de mise à disposition. Elles se cumulent aux indemnités de fin de campagne, à partir du 15 décembre. Les betteraves non marchandes seront neutralisées à compter du 1er janvier. Nous avons la garantie que les betteraves enlevées seront payées à leur juste tonnage. J'ai le sentiment que SLS a vraiment pris la mesure de la détresse des paysans. » En revanche, la CGB n'obtient pas la garantie de l'enlèvement de betteraves. « Sur ce point, nous n'avons pas eu de réponse. SLS doit nous recontacter d'ici quinze jours. S'ils ne nous assurent pas de la reprise de betteraves, nous devrons revenir faire le siège. Mais je ne pense pas que nous reverrons l'usine fumer. »

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