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Situation de crise : les parlementaires à l’écoute des éleveurs

Vendredi dernier, la FRSEA Normandie avait invité les parlementaires des cinq départements de la nouvelle région à partager leur diagnostic et surtout les appeler à l’aide pour faire pression sur le gouvernement.

© SB

Au cours des manifestations, les agriculteurs continuent de crier leur désarroi. Pas question de faire baisser la pression. « Nous avons besoin de donner de l’espoir sur le terrain, et pas uniquement avec des mots, » débute le président de la FRSEA, Arnold Puech d’Alissac. Et pour les soutenir, ils ont tendu la main aux députés et sénateurs de toute la Normandie. Ces derniers étaient nombreux à avoir répondu. Une satisfaction pour les représentants de la FRSEA et des JA d’autant plus qu’il s’agit d’une première. « Ensemble, nous avons partagé un consensus sur le diagnostic : une crise extrêmement grave, des moyens financiers qui ne sont pas à la hauteur… Cela nous a permis de leur demander de les entendre plus fortement dans le cadre des questions écrites ou orales, et demander où sont les ministres, que ce soit le ministre de l’Agriculture, le secrétaire d’État aux affaires européennes - on n’entend jamais Harlem Désir – ou encore Laurent Fabius maintenant qu’il a fini avec brio la Cop 21, » souligne Pascal Férey.
« Cagnotage »
C’est une idée que la profession agricole veut développer auprès des GMS. « En Belgique, les producteurs de lait reçoivent un chèque en direct des GMS, une mesure validée par l’Union européenne. L’idée serait de faire la même chose pour les producteurs français de porcs. Mais nous avons besoin d’un soutien politique fort pour faire avancer cette idée, » note Arnold Puech d’Alissac. A ce stade, rien n’est conclu avec les GMS. « Elles ont compris qu’elles avaient besoin de nous et qu’il fallait qu’elles nous aident par une rétribution directe. Aujourd’hui, personne n’a dit non alors on y croit. Ils étudient l’idée. Et pour nous, ce serait une véritable bouffée d’air, » ajoute Pierre Lebaillif, président des JA de Haute-Normandie.
Tables rondes
Pour Patrice Lepainteur, président de la FDSEA 14, les tables rondes doivent reprendre. « Elles ont eu le mérite d’exister en septembre. Il faut reprendre les engagements de l’année dernière. Ils sont toujours d’actualité, » demande-t-il.
Emploi
Derrière chaque agriculteur, ce sont sept emplois. En 2015, un producteur de lait va perdre en moyenne 24 000 €, un producteur de viande bovine 15 000 €… Et les producteurs de porcs sont aussi en grandes difficultés. L’industrie agroalimentaire subit aussi. « Il ya sur la sellette 10 000 emplois menacés. On connaît malheureusement les entreprises en difficultés. Si nous continuons de baisser en production, certaines entreprises ne se relèveront pas. Ce sont des chiffres dramatiques. Nous sommes un élément structurant du territoire par la production, par l’occupation de l’espace. Nous voulons faire sortir tout le monde par le haut en emmenant tout le monde au bout ,» explique Pascal Férey.
Coût du travail
Pour Arnold Puech d’Alissac, « on est vraiment dans une guerre économique sur le coût du travail entre les pays européens ». Le Benelux, l’Allemagne, l’Espagne « cherchent à prendre des parts de marché chez nous ». Or, les charges ne sont pas les mêmes en terme de main-d’œuvre. « A l’époque, la FNSEA avait défendu la TVA sociale ,» se rappelle-t-il.
Bruxelles
Les représentants syndicaux de Normandie pointent tour à tour l’absence de la France à Bruxelles. « Je regrette de ne pas entendre le ministre de l’Agriculture plus souvent. Or avec le ministre des Affaires européennes et le secrétaire d’Etat, ils pourraient peser davantage, » souligne Arnold Puech d’Alissac. Alain Tourret conseille d’ailleurs que des rencontres aient lieu entre députés, sénateurs et députés européens à Bruxelles. « La présence compte beaucoup et permet d’avoir des liens avec hauts fonctionnaires ».
Cotisations sociales
Même si des efforts ont été réalisés, le président régional du syndicat souhaite qu’ils soient amplifiés. « Cette année, l’appel à cotisation se fait sur la moyenne des trois dernières années. Quand on connaît une telle crise, c’est très difficile, » souligne-t-il.
Une pression sur les industriels
Les représentants syndicaux poussent les parlementaires à faire pression sur les industriels qui ne publient pas leurs résultats. « On ne sait pas ce que gagne Lactalis. Bigard ne publie pas non plus ses chiffres. Or, on a besoin de savoir pour négocier ». Ils demandent donc aux élus d’opter pour un système de pénalisation plus fort. De même pour les OP. Anne-Marie Denis, présidente de la FDSEA 61, pointe du doigt les pressions des groupes. « Nous pouvons monter des OP mais nous n’avons pas la possibilité de négocier. Le médiateur n’y arrive pas non plus, » se désole-t-elle.
Après deux heures de réunion, les représentants affichent une satisfaction. « On n’attend pas des miracles mais on attend d’être entendu, d’être compris. Le fait que les parlementaires soient plus nombreux que nous les professionnels, c’est déjà un bon signe pour nous. On a senti la volonté de faire bouger les choses, d’avoir du débat. C’était un affichage sincère de leur compréhension. Cela donne envie d’avoir confiance en nos politiques, » confie Pierre Lebaillif. Mais pas question de rester les bras croisés. « Il va falloir continuer les actions pour que vous puissiez vous faire entendre, » prévient Patrice Lepainteur.

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