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Soja de terroir : une opportunité à saisir et une filière à construire

Moisson terminée ? Pas tout à fait. Du côté de Mamers (72), entre le nord Sarthe et le sud Orne, il reste 165 ha de soja à battre. Rencontre avec Didier Loiseau (Suré-61), "sojaculteur" pour la première année.

© TG

Didier Loiseau, agriculteur aux confins de l'Orne et de la Sarthe et administrateur de la FOP (Fédération Française des Producteurs d'Oléagineux et de Protéagineux), n'a pas encore remisé sa moissonneuse-batteuse. Dans quelques jours, il battra ses 10 ha de soja semés fin avril. Ils sont une trentaine d'agriculteurs du coin pour une sole de 165 ha à s'être, en collaboration avec un négoce privé, lancés dans l'aventure. Enfin, pas tout à fait une première. Il s'en était déjà fait en 1988/89 mais la génétique n'était pas adaptée. Une tentative en mélange avec du maïs s'était également soldée par un sans suite.

30 agriculteurs et 165 ha
Pour cet an I, Didier ne s'attend pas à un miracle. Le produit devrait tout juste couvrir les charges d'autant plus qu'il a opté pour un semis sous plastique avec une variété plus tardive. Dans cette configuration, le point d'équilibre se situe à 27/28 qtx/ha. Pour la centaine d'hectares semée en traditionnel, il est de l'ordre de 22/23 qtx/ha. Mais même si le soja, à l'instar du maïs, n'est pas très exigeant en eau, il a tout de même souffert du stress hydrique en cet été 2015.
A contrario, la récolte devrait se faire dans de bonnes conditions. "Je table sur la deuxième semaine de septembre. Le soja se bat comme du pois, au ras du sol. Alors, en année humide, on pourrait être limite". L'itinéraire technique est simple. "Semoir classique, un désherbage, pas de fongicide ni d'insecticide. Le soja se plait dans des terres neutres. Il capte l'azote de l'air et constitue un excellent précédent à blé". De multiples vertus écologiques en résumé.

L'atout non-OGM
Bonne tête d'assolement, le soja français doit aussi se justifier économiquement.
Principal atout, une garantie "non-OGM" qui vaut aujourd'hui son pesant d'euros par rapport à son cousin génétiquement modifié : 95 e de différentiel. "Il y a donc une fenêtre de tir d'autant plus que l'Amérique, du nord comme du sud, est désormais hors jeu sur ce segment. Tout est mélangé dans les bateaux", plaide Didier Loiseau. Une opportunité à saisir d'autant plus que l'aviculture locale, notamment, est un secteur bien développé. En pays de Loué, au pays du "Gaulois" et du label Normand, un poulet fermier nourri au soja de terroir garanti sans OGM, ça aurait de la gueule vis-à-vis du consommateur. Sans parler du bilan carbone, autre argument positif de communication, très à la mode quoique bien sujet à caution.

Des opportunités PAC
La réforme de la PAC, globalement défavorable aux exploitations de grandes cultures, ouvre cependant des opportunités au soja dans le premier et le second pilier. La FOP par exemple a contribué à obtenir des aides couplées (6 Me sans contrainte de débouché ni de contractualisation). Le soja est également éligible aux SIE (Surface d'Intérêt Ecologique) avec un coefficient de conversion de 0,7. En terme de MAE (Mesure Agro Environnementale), il y a également des choses à construire malgré les incertitudes persistantes dans les modalités d'attribution.

Transformer l'essai
Si les clignotants sont au vert, reste à transformer l'essai. En amont, les semenciers doivent donner un coup d'accélérateur sur la recherche variétale pour un soja adapté aux conditions pédo climatiques du Grand Ouest. En aval, c'est la transformation qui doit se mettre d'équerre. On ne triture ou n'extrude pas du soja comme du colza. Sur ce plan, il semble qu'Avril ex SOFIPROTEOL (acteur industriel et financier des filières françaises des huiles et des protéines) ait quelques projets dans ses tiroirs. Au-delà, la greffe soja ne prendra que "dans le cadre d'une contractualisation avec une juste répartition de la plus-value entre tous les acteurs de la filière", conclut Didier Loiseau.

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