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Cessation laitière bio
Spécialisation viande bovine, plan social pour les laitières

Dans le flou du nouveau régime de couplage vache allaitante et dans l’espoir de pouvoir d’ici là troquer son quota contre des droits PMTVA, Eric Leroy, éleveur bio dans l’Orne, à Héloup, souhaiterait arrêter le lait pour conforter son activité bovins viande. Il ouvrait ses portes le 15 octobre dans le cadre de “L’automne sera Bio”.

© AD

“Quarante-trois ans, c’est le bon âge pour avoir des projets”, plaisante Eric Leroy. Basé à Héloup dans l’Orne, en bordure de forêt, frontalier de la Sarthe et à une encablure au sud d’Alençon, l’éleveur bio souhaite en effet se spécialiser dans la production de bovins viande et arrêter la production laitière.Il ouvrait les portes de sa ferme, mardi 15 octobre, à l’occasion de “L’automne sera Bio”. Cette manifestation à destination des professionnels, organisée par le GRAB (Groupement régional
d’agriculture biologique) de Basse-Normandie, les GAB (Groupement des agriculteurs biologiques), et en partenariat avec Normandie viande bio, a permis de découvrir sur la région, 7 exploitations aux systèmes très différents. A chaque fois, une thématique bien précise était abordée. Pour Eric Leroy, il s’agissait de faire partager son projet d’évolution vers un système spécialisé allaitant avec la mise en place de 20 mères supplémentaires et l’arrêt de la production laitière. Jusqu’à présent, l’éleveur gère deux ateliers distincts, avec 45 laitières de race normande d’un côté, et de l’autre, 37 mères allaitantes de race charolaise en système naisseur-engraisseur. Le tout sur 144 ha de SAU.
Un projet dans l’expectative de la PAC
Perte de motivation à produire du lait, mais aussi passion pour la production allaitante et perspective d’amélioration du revenu, (notamment le revenu par heure travaillée)... C’est la combinaison de ces différents éléments qui incite l’éleveur à entamer ce qui sonne comme une deuxième reconversion, après celle du passage en bio, effectif depuis 2012.
Le hic, c’est que l’éleveur est toujours en attente de convertir son quota laitier de 217 000 litres, en droits à PMTVA (prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes). “Tant que mon dossier n’est pas passé, je garde le lait. Je n’ai déjà pas de PMTVA pour mon troupeau allaitant actuel et je risque de ne pas être prioritaire”, craint Eric Leroy. Si tel est le cas, le projet tomberait alors à l’eau. Même s’il s’en est sorti jusqu’à présent sans les aides couplées,  l’éleveur a dû faire ses calculs. La rentabilité des systèmes allaitants reste très dépendante des soutiens de la PAC. Autre incertitude pour Eric, les modalités d’attribution de la nouvelle aide couplée qui remplacera d’ici peu la PMTVA. L’enveloppe nationale semble satisfaisante, mais rien n’est encore acté quant-à sa répartition. Le dispositif devrait être finalement connu pour le 12 décembre.

“A minima, le même revenu”
Améliorer le revenu en arrêtant le lait et en augmentant la taille de l’élevage allaitant d’une vingtaine de mères ? Les résultats de la simulation lui montrent que c’est possible. A minima, il conserverait le même revenu.“Cette hypothèse est valable dans mon cas personnel. A 3 500 litres de lait de production par vache, je ne suis pas très efficace en production laitière. Alors que tout se passe très bien en production allaitante. C’est devenu la production phare de l’exploitation”, tranche Eric Leroy.

Restructuration d’entreprise
Lâcher l’activité vivotante de la ferme, pour se spécialiser dans celle qui fonctionne. Une restructuration d’entreprise en somme, avec plan social pour les vaches laitières. Seules une vingtaine seraient conservées, pour élever des croisés charolais. De concert, Eric souhaite passer à la production de boeufs, plutôt qu’à celle des barons, l’équivalent des jeunes bovins, en production biologique. Certains animaux ont déjà été castrés.L’éleveur ne se fait pas trop de souci, “j’ai bon espoir d’arriver à  mener les boeufs à bon poids entre 32 et 36 mois, et ne jamais dépasser les 38 mois. Il faudra bien les suivre sur le plan alimentaire, et leur donner un abris pendant l’hiver”. Pour les femelles, la stratégie ne devrait pas beaucoup changer. “Je laisse toujours au moins une chance à chaque vache de faire un veau, pour ne pas risquer de laisser passer une bonne reproductrice. Un vêlage, cela apporte aussi 30 % de conformation en plus. Cela fait toujours mal d’expédier pour la viande, des génisses à petit gabarit”.

Garder l’autonomie alimentaire
Conserver un chargement en bétail à l’hectare pas trop élevé, et surtout limiter les besoins en alimentation ; Eric ne souhaiterait pas dépasser le seuil de 55 mères allaitantes. “En viande bovine bio c’est sur l’autonomie alimentaire qu’on y gagne. Je ne veux pas risquer d’avoir des animaux que je ne pourrais pas nourrir par moi-même”. Une autonomie qu’Eric n’a eu de sesse de rechercher. “J’y ai réfléchi pendant huit ans avant de me lancer dans le bio. Je faisais déjà des essais avec des méteils et de la féverole”. Mais c’est surtout la valorisation maximale de l’herbe, le pilier fourrager de l’élevage.Les prairies temporaires sont rénovées régulièrement et bien intercalées dans la rotation. L’éleveur travaille avec un mélange variétal de dactyle tardif, de trèfle violet et de luzerne. L’herbe est pâturée ou récoltée à 90 % sous forme d’enrubannage, pour l’appétence et pour limiter le stockage sous hangar. Les parcelles sont soigneusement chaulées et amendées en compost.“Tout vient de la plante. C’est la clé pour tout le reste. Mon objectif, c’est de limiter les frais vétérinaires au maximum. Cela nécessite aussi de passer du temps à observer, d’avoir l’oeil et d’anticiper”.
Reste un autre point fort que l’agriculteur souhaite conforter, avec la proximité d’Alençon (7 km). Il y voit un beau potentiel en vente directe ou via des AMAP (Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne). Eric Leroy se lance dans la vente de pommes bio en cagette. Le verger basse-tige sera pleinement productif dans 3 ou 4 ans.

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