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Stéphane Travert de retour sur ses terres manchoises

Le nouveau ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, a fait son premier déplacement officiel dans la Manche allant à la rencontre des pêcheurs et des éleveurs. En revenant sur ses terres, le ministre a évoqué

A l’EARL des légumes bio, gérée par le couple Lemoigne, la carotte de Créances est reine.
A l’EARL des légumes bio, gérée par le couple Lemoigne, la carotte de Créances est reine.
© SB

>> Vous consacrez votre première sortie officielle à votre département. Pour quelles raisons ?
C’est un grand plaisir de revenir dans la Manche. Je suis à la maison ! Je me devais de revenir ici, j’ai été nommé il y quinze jours. C’est un honneur pour moi d’occuper ce ministère qui est un grand ministère. C’est un honneur de porter notre ruralité, notre agriculture française, notre pêche française, notre forêt française, notre alimentation française… Je suis issu d’un département rural, d’un bassin laitier, d’un secteur maraîcher. On a besoin d’élus et de responsables qui s’engagent pour les territoires et pour les faire progresser. La profession agricole a la volonté de porter une agriculture dynamique. En venant dans la Manche, je ne méconnais pas les difficultés qui sont celles des agriculteurs, des éleveurs. Je ne viens pas découvrir les situations. Je suis venu dans la Manche parce que j’estimais que c’était un juste retour de ce que je dois à ce département. Je suis le ministre de tout l’hexagone mais il faut savoir toujours se référer à un territoire qui vous permet d’avoir les pieds bien ancrés sur terre.
C’est un ministère où l’on gère des crises. C’est un ministère exigeant mais c’est un ministère exaltant. Au delà de ce que l’on peut dire, je veux porter une agriculture performante, innovante. Je ne veux pas d’un message de misérabilisme. Il y a des choses qui marchent. Alors, il faut les montrer pour capitaliser

>> Comment définiriez vous la méthode Travert ?
C’est d’abord du dialogue, de la mise en confiance. Je veux faire de ce ministère un ministère où l’on discute, où l’on échange. Je veux faire en sorte de ne pas opposer un modèle agricole à un autre, de tisser un lien avec les consommateurs. C’est pour cela que nous allons ouvrir les Etats généraux de l’alimentation avec le Président de la République autour du
20 juillet.

>> En quoi consistent ces Etats généraux de l’alimentation ?
Nous allons ouvrir deux grands chantiers, ceux de la création et de la répartition de la valeur. On entend souvent parler de la nécessité d’une meilleure répartition de cette valeur et j’en suis profondément convaincu. Mais ma conviction, c’est aussi que si l’on veut aboutir sur ce sujet crucial, il faut trouver les voies et moyens d’augmenter la création de la valeur. J’attache beaucoup d’importance à ce que les deux facettes soient travaillées simultanément. Les premières orientations réglementaires seront connues fin septembre. L’objectif est de renforcer le rôle des organisations de producteurs dans la perspective des
négociations commerciales qui
débuteront à l’automne entre producteurs, transformateurs et distribu-
teurs. Dès la rentrée, nous poursuivrons le travail sur les questions alimentaires : comment avoir une alimentation plus sûre, plus saine, plus durable et accessible à tous ? Nous devons sans cesse monter en gamme pour garder et accroitre notre excellence. Les questions sociétales, la sécurité alimentaire ou encore le gaspillage seront au cœur de ces débats.

>> Les retards de paiement des aides PAC exaspèrent les agriculteurs. Que répondez-vous ?
Il n’est pas possible de continuer à voir les personnels des DDTM, qui n’y sont pour rien, se retrouver en première ligne pour gérer le mécontentement légitime des agriculteurs. Je me suis déplacé personnellement le 6 juillet au sein des services de l’Agence des paiements (ASP)pour faire passer les messages. Un calendrier est maintenant en place pour résorber les retards. Il s’agit d’initier les paiements en novembre 2017 pour les mesures agro-environnementales et climatiques et les aides à l’agriculture biologique pour la campagne 2015. Ensuite, il faut mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour que les paiements des MAEC et des aides à l’agriculture biologique 2016 soient payées au plus tard en mars 2018. Pour les MAEC 2017, le paiement sera initié dès juillet 2018. Ce qui signifie que sur ces aides, le calendrier habituel sera repris.
J’ai mis la pression sur l’ASP pour que le calendrier soit maintenu et que le calendrier habituel soit respecté à partir de 2018. 

>> La transmission et l’installation restent des enjeux forts. Où voulez-vous emmener les jeunes agriculteurs ?
On était le premier département en terme d’installation. On a vu cette installation chuter. Elle n’a pas chuté parce que les jeunes ne s’intéressent plus à l’agriculture. Elle a chuté parce que les parcours d’installation sont très compliqués. Beaucoup font le choix d’attendre, d’autres décident de faire autrement sans le parcours aidé.
Or, il nous faut gérer le renouvellement générationnel dans nos exploitations. On a un triple défi : la formation, la transmission réussie et l’accompagnement de manière à ce que les jeunes soient dans un modèle le plus vertueux possible, qu’ils ne se re-
trouvent pas assommés par la contrainte et les difficultés financières. Il faut leur donner de la lisibilité et de l’espoir. Alors, je veux les emmener vers la simplification du parcours d’installation, les aider à trouver des outils pour avoir une agriculture plus connectée par exemple, les accompagner dans la modernisation des exploitations, dans le foncier et dans la sécurité.

>> Concernant les néonicotinoïdes, un désaccord a eu lieu avec le ministère de l’Environnement. Comment l’agriculture peut-elle avancer sans s’opposer à l’environnement ?
Le problème n’est pas entre le ministre de l’Environnement et moi. On s’entend bien, on travaille ensemble. Il faut arrêter d’opposer l’agriculture à l’environnement et l’environnement à l’industrie. J’ai juste posé une question, ouvert un débat. Aujourd’hui, il y a une loi qui permet des dérogations pour l’utilisation de produits pour certaines cultures parce que nous sommes dans des impasses techniques. Il n’y a pas de produits de substitution. Je ne suis pas un tueur d’abeilles ni favorable à mettre des néonicotinoïdes partout. Mais que fait-on lors d’une impasse technique ? Pour les carottes de Créances, par exemple, si nous ne trouvons pas le produit de substitution, que faisons nous ? Je suis pour les innovations, pour la recherche et pour un nivellement  par le haut. 


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