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Environnement
Transmettre le bénéfice du bocage et replanter des haies

Les haies sont restées un excellent outil de prévention des risques liés aux excès du climat, sécheresses estivales, tempêtes, inondations… Bien gérées, elles restent toujours un atout pour accompagner l'activité agricole.

Plantation de haie “La mécanisation de la pose”
Plantation de haie “La mécanisation de la pose”
© Entreprise LECOMTE - Le Teilleul

C’est bien la disparition partielle du réseau de haies ou du maillage bocager qui a fait prendre conscience aux agriculteurs de l'intérêt de la haie. Dans les secteurs de bocage traditionnel, en polyculture élevage, les agriculteurs ont été les premiers à l'initiative des replantations de haies dans les années 1970. Les Instituts et les Centres de recherche ont observé, démontré et redémontré scientifiquement ce que le bon sens des agriculteurs de l'Ouest de la France ont mis en place. Seulement l'agriculture évolue et le bocage doit aussi évoluer. La haie est un atout pour les exploitations. Elle est un atout environnemental et à l'heure des économies (et surtout vis-à-vis des énergies d'origine fossile), elle pourrait bien retrouver sa place en terme de production de bois agricole. Notons au passage que le maillage bocager n'est pas en contradiction avec la mécanisation pourvu que la forme des parcelles soit plutôt rectangulaires. Il n'est pas non plus en contradiction avec la mécanisation de l'entretien des haies et de la récolte du bois. Les équipements des CUMA et des ETA en ce qui concerne la récolte et la transformation du bois le prouvent. En plus, l'agriculture et sa production bénéficient des nombreux avantages du climat “protecteur” du bocage. C'est la raison pour laquelle en pays de bocage tous les aménagements agricoles devraient se terminer par la plantation ou la replantation de nouvelles haies, adaptées à la mécanisation et potentiellement valorisables économiquement en bois-énergie.


Principaux bénéfices des haies pour l'activité agricole

- La protection contre les dégâts de tempête sur les bâtiments

Les assureurs préconisent les haies brise-vent en protection des bâtiments. En hiver, une haie traditionnelle bien fournie ou un brise-vent champêtre réduit la vitesse du vent (en hiver) de 20 % et la force appliquée sur un bâtiment est réduite de 40 %.


- Le réseau bocager crée un microclimat favorable aux cultures et à la biodiversité

Les haies ralentissent le vent de 20 à 50 % sur une distance de 10 à 15 fois leur hauteur. Elles limitent le risque de verse. L'évapotranspiration est réduite de 25 à 30 %. L'amplitude des températures est également diminuée. La température moyenne augmente de 1 à 2° C. Bilan : le rendement global sur les parcelles est plus fort et plus régulier.


- Les économies de phytosanitaire

En plus des précautions d'application des produits, les haies brise-vent aident à limiter leur dispersion dans l'environnement. Selon les études, jusqu'à 40 % des produits peuvent ne pas atteindre leur cible.


- Une biodiversité fonctionnelle

Le bocage amène aussi un équilibre entre les espèces et régule les attaques parasitaires sur les cultures. Les prédateurs vivant dans les haies contrôlent les populations de ravageurs. Pour le verger, des études plus approfondies sont en cours.L'écran du bocage empêche aussi la dissémination des maladies, des cultures comme des animaux. En séparant les troupeaux, il diminue les contacts et limite les risques de contamination.


- Les économies de vétérinaire

Le bétail peut s'abriter du vent, du trop grand soleil, de la pluie, du froid. Les animaux au champ dépensent moins d'énergie à lutter contre les conditions climatiques. Ils peuvent mieux assimiler la nourriture, facilitant ainsi l'expression de leurs performances.


- Les économies de chauffage sur l'exploitation

Sur les exploitations agricoles les chaufferies double énergie sont fréquentes, bois et fioul par exemple. Le parc de chaudière se modernise avec l'utilisation de bois en plaquette. En Basse-Normandie 80 % du bois de chauffage traditionnel provient des haies.


- La production de bois d'œuvre et les sous produits (compost, piquets, miel, fleurs, gibier, petits fruits)

Le bois d'œuvre sur les haies est une production de long terme et bien réelle. Il constitue un potentiel de revenu complémentaire à ne pas négliger.


- La régulation de l'eau et le maintien des sols fertiles sur les bassins versants

Le maillage atténue les inondations. La lutte contre l'érosion est réelle et se matérialise par des économies sur les factures de pelles pour le relevage de la terre de talus éboulée sur les chemins. La préservation du potentiel de production des sols à moyen terme peut aussi être en jeu localement. Ce sont les haies et les talus en travers des pentes qui ralentissent les ruissellements et limitent l'érosion des sols. En bordure des bas-fonds humides et le long des ruisseaux, la haie joue un rôle de filtre à eau face aux arrivées latérales de substances qui peuvent s'avérer polluantes.

- L'intégration de l'activité agricole dans le paysage rural

La haie contribue à l'image de l'agriculture et peut donner une “identité différenciée” à la production agricole. Le réseau de haies crée un paysage intime toujours reconnaissable et apprécié de tous pour le cadre de vie qu'il procure. Les habitants et les promeneurs ont aussi de fortes attentes.


Planter des haies, quelques précautions simples

Pour le choix des espèces, celles déjà présentes dans le secteur de plantation sont de bons indicateurs.Les essences déjà présentes dans le secteur de plantation, en situations identiques de sol sont de bons indicateurs. Reconnaître les haies existantes et s'en inspirer permet souvent de réaliser des projets dans la continuité du paysage et évite les échecs.


- L'adaptation des espèces au sol : dans les vallées, plantez les espèces qui aiment l'eau et sur les sols profonds les espèces exigeantes

Les espèces arbustives et les arbres sont plus ou moins exigeants vis-à-vis du sol. De nombreux ouvrages permettent de connaître les besoins des espèces.Pour choisir : les paramètres fondamentaux à identifier sont :- la profondeur du sol et la circulation de l'eau dans le sol ;- le pH, par exemple le châtaignier ne supporte pas les sols calcaires ;- la texture du sol (sol argileux, sableux ou limoneux).


- Planter un mélange des 5 à 9 espèces et les associer pour le long terme

Chaque espèce doit pousser en association avec ses voisines. Les critères pris en compte sont :

- le développement naturel de chaque essence, arbuste bas, arbuste haut et arbre ;

- la nature des essences et le besoin de lumière ;

- la vitesse initiale de croissance ;

- la vitesse moyenne de croissance.Les paramètres à faire varier ou à prendre en compte sont :- la densité (pour une haie un minimum de 1 plant par mètre et 8 à 15 mètres entre deux arbres de haut-jet…) ;- la hauteur totale de la haie envisagée ;- le choix des plants : nous préconisons des jeunes plants forestiers, repiqués de 3 ans au plus, d'une hauteur comprise entre 40 cm et 80 cm avec un diamètre au collet de 7 mm minimum.


Faites en sorte que les plants s'enracinent profondément : ils résisteront aux sécheresses et contribueront à la régénération des sols

- Décompactage du sol en profondeur.

- Le travail superficiel pour l'émiettement : à la rotobèche par exemple.


La pose d'un bon paillis limite l'installation de plantes concurrentes et indésirable pour les cultures. Le paillis conserve la fraîcheur du sol et joue un rôle d'activateur biologique pour la vie du sol

- Les paillis biodégradable, (80 à 100 µ ) : concilie mécanisation de la pose et dégradation progressive naturelle ce qui permet des économies à la pose, puis une économie de dépose à terme.

- Conserve la structure de sol meuble.

- Augmente la température moyenne du sol l'hiver.

- Economise l'eau.

- Augmente le taux de reprise et la croissance des plants dès la première année.La pose du film se fait sitôt le travail du sol effectué.( S'il n'est pas bio dégradable, il devra être enlevé après 4 années de plantation).


Planter avec l'appui des entreprises spécialisées ou des associations locales, en racine nue avant 31 mars et en plants en motte jusque fin avril

La plantation est recommandée avec des jeunes plants “forestiers” en réalisant un trou de plantation de 30 cm. Attention à la hauteur du collet, par rapport au sol et à la disposition des racines, le climat normand aide ensuite à la croissance des plants.

Opération 10 000 arbres pour les haies de la Manche

“L'image de la haie est bénéfique pour l'agriculture et les planteurs de haies” : un partenariat inédit dans la Manche en 2010.Les associations de boisement de la Manche regroupent et réalisent des plantations bocagères : plantation de haies, talus, bosquets. Avec la Chambre d'agriculture, elles organisent et aident à la gestion des projets menés localement.Chaque année, les associations de boisement de la Manche plantent plus de 50 000 arbres avec plus de 700 propriétaires et exploitants agricoles du département pour créer ou améliorer des haies bocagères, des talus et des bois. En 2010 :- 25 000 plants sont commandés pour enrichir les haies existantes ;- 15 000 plants sont mis en place pour la création de nouvelles haies ;- 5 000 ml de talus anti-érosif sont mis en place ;- 15 000 plants sont utilisés pour créer des bosquets et boiser des parties de parcelles agricoles difficiles à exploiter.Cette année, la Fédération des associations de boisement de la Manche, a aussi été retenue pour mettre en œuvre 10 000 plants dans le cadre de l'opération “200 000 arbres pour les territoires” avec la Fondation Yves Rocher, Le Figaro Magazine et le Conseil général de la Manche.
Contact : Fédération des associations de boisement de la Manche - Maison de l'Agriculture - 50000 Saint-Lô.Tél. : 02 33 06 49 91.

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