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Céréales
Triticale : une espèce rustique et productive

Issu du croisement entre le blé et le seigle, le triticale est une plante rustique. C'est une espèce qui est peu sensible aux maladies, tolérante aux excès climatiques.

Le potentiel du triticale est élevé, du même niveau que le blé. Il se montre particulièrement adapté en 2e et 3e paille, de par sa tolérance au piétin échaudage. Depuis quelques années la sélection du triticale a permis d'améliorer la résistance à la verse et la facilité de battage.

Une espèce rustique
Le triticale est hexaploïde (même nombre de chromosomes que le blé soit : n = 21 chromosomes) et autogame c'est-à-dire qu'il se reproduit identique à lui-même comme le blé ou l'orge. Cependant, il a une tendance plus prononcée que les autres céréales à l'allogamie (fécondation croisée). La céréale est vigoureuse au départ et son tallage plus précoce que le blé. La phase montaison est courte et l'épiaison précoce par contre la maturation du grain est lente.
L'espèce est rustique (héritage du seigle) : assez résistante au froid ; attention cependant au gel d'épis au printemps notamment pour les variétés précoces à montaison ainsi qu'à la germination sur pied.
Elle est tolérante aux excès climatiques et aux sols difficiles, ainsi qu’aux fortes températures de fin de printemps.
L'aspect échaudé du grain provient non pas des excès climatiques mais de l'activité amylolytique qui est constante comme chez le seigle.
L'épi est musclé et étonnamment  long. La bonne productivité des nouvelles variétés provient du blé. Son rendement paille est très élevé et parfois de bonne qualité. La grande quantité de paille accentue avec la verse les difficultés de battage.

En 1re ou 2e paille, des potentialités élevées
Le triticale confirme en Normandie son potentiel élevé, au niveau de celui du blé en situation identique. Les essais conduits dans la Manche depuis 2003 montrent des niveaux de productivité élevés du triticale. Ces résultats sont également confirmés par des constats au niveau des exploitations (graphiques 1 et 2).
Le triticale présente également un bon comportement en 2e paille après un blé. En effet, le triticale peut remplacer l'orge ou le blé du fait d'une étonnante résistance aux maladies de pieds notamment (graphique 3).
Le triticale montre des performances élevées en précédent blé. Ces performances souvent régulières le placent largement en tête devant l'orge d'hiver et le blé.

Semer à partir du 15 octobre
Le triticale est assez souple vis-à-vis de la date de semis compte tenu de son bon comportement face aux aléas climatiques en fin de cycle, malgré une maturation du grain plus tardive que le blé.
Les références acquises montrent que, quelle que soit la variété, le rendement maximum s'exprime lorsque le triticale est semé dans la période comprise entre le 15 octobre et le 10 novembre. Au dela de cette période le rendement sera pénalisé, excepté pour les variétés précoces à montaison.Cependant, dans les petites terres, on évitera les variétés trop tardives pour limiter les risques d'échaudage physiologique en préférant les variétés précoces à l’épiaison (ex : Bienvenu). Les semis de plein hiver sont souvent décevants.

Semer pas plus de 240 pieds/m2
L'objectif est d'avoir à la sortie de l'hiver environ 200 pieds viables/m2. Au-delà de 260 pieds, le rendement est toujours pénalisé (diminution de la fertilité des épis) notamment avec certaines variétés (ex : Rotego) ; à cela s'ajoutent les risques importants de verse et les problèmes de battage ou de germination sur pied. Compte tenu des pertes à la levée qui sont plus importantes que le blé (+ 5 à + 10 %), on peut préconiser les densités de semis suivantes :
- de 200 à 240 pieds/m2 du 15 octobre au 15 novembre ;
- au-delà de cette période les doses de semis devront être majorées pour tenir compte des pertes potentielles plus élevées, de 220 280 pieds/m2.
Il faut majorer les densités de semis de 10 % environ, dans les petites terres, les sols humides ou lorsque les conditions de semis sont difficiles.

Des besoins en azote identiques au blé
La fumure azotée, est raisonnée à partir de la méthode du bilan en prenant un besoin de 3 unités par quintal. A rendement égal, la fumure azotée d'un triticale est donc équivalente à celle d'un blé. Elle doit être bien ajustée car l'espèce a une fâcheuse tendance à verser ; l'excès d'azote est toujours très pénalisant (forte verse difficulté de battage et germination sur pied).
Il faudra éviter les apports précoces et excessifs en azote.

Un régulateur est souvent utile
Le triticale est sensible à la verse, (malgré des différences sensibles entre les variétés). Elle occasionne des pertes de rendement et des difficultés de récolte. Il faut mettre en œuvre tous les moyens culturaux permettant de limiter le risque (tableau 1).
La prévention passe d'abord par une densité de semis modérée et une fertilisation azotée bien ajustée. Puis, par une application systématique d'un anti-verse. Les produits à base de chlorméquat-chlorure (C5 et CL) ne sont pas suffisamment efficaces, il faut préférer les produits à base d'étéphon seul ou associé au mépiquat ou chloméquat chlorure.

Maladies : un risque modéré
Le triticale est une espèce peu sensible aux maladies sauf la septoriose et les rouilles notamment la rouille brune. Jusqu’à présent l'espèce était considérée résistante à l'oïdium ; cependant, depuis 2001 cette maladie est de plus en plus fréquente.
- Septoriose : comme sur le blé, cette maladie est très fréquente. Au cours du printemps, elle progresse graduellement vers le haut des tiges. Etant donnée la taille du triticale, elle touche rarement les feuilles du haut et pratiquement jamais l'épi.
- Rouilles : les rouilles ont un aspect un peu différent de celui observé sur blé. On peut rencontrer des attaques de rouillle brune et parfois de rouille jaune.
- Fusariose sur épis : cette maladie se rencontre parfois les années où la floraison se développe en période pluvieuse.
- Rhynchosporiose : cette ma-ladie originaire du seigle peut se rencontrer mais elle ne revêt jamais de gravité importante.
- Rhyzoctone : maladie de la base de la tige pouvant provoquer de la verse.

Quelle stratégie fongicide ?
Sur cette espèce globalement peu sensible aux maladies, la protection fongicide pourra se limiter à un seul traitement au stade sortie dernière feuille. Dans ce cas, il faudra choisir une triazole associée à une strobilurine à ¼ de dose (ex : Ogam, Opéra, …). Cependant sur variété sensible à l'oïdium, et en cas de symptômes, un traitement peut être nécessaire dés le stade 2 à 3 nœuds. Le risque fusariose sur épis se gère comme pour le blé en fonction de la variété, du précédent et du climat.

Des variétés intéressantes
Depuis quelques années la recherche variétale a permis d'améliorer considérablement les principaux défauts du colza ; la résistance à la verse, la facilité de battage. De plus le niveau de productivité des nouvelles variétés est maintenant élevé. Toutefois, il faut s'assurer du comportement des variétés vis-à-vis des maladies. Certaines variétés montrent une sensibilité accrue envers l'oïdium et la rouille brune principalement (tableau 2).

Une céréale destinée à l'auto-consommation
Le triticale a une bonne valeur alimentaire. Pour les porcs et les volailles, sa richesse en matières azotées totales et sa teneur en acides aminés indispensables le rendent très intéressant. Pour les bovins, il pourra être utilisé comme le blé. Son utilisation conduit aux mêmes performances que le blé aussi bien en engraissement que pour la production laitière (tableau 3).
Destiné à la vente, le prix du triticale sera souvent inférieur au blé. Cependant ce prix plus faible sera souvent compensé par des besoins en intrants limités (fongicides principalement). En présence de débouché commercial, le triticale pourra assurer une marge par hectare équivalente au blé ou à l'orge d'hiver.

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