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Irqua
Trop de qualités tue la qualité ?

La marque Gourmandie poursuit son développement. La démarche séduit la grande distribution. En temps de crise, la logique qualité est une piste. Mais la multiplication des labels sème le doute.

La Gourmandie ne connaît pas la crise : les responsables de l’Irqua l’espèrent. L’institut régional de la qualité agroalimentaire a tenu son assemblée générale, le 2 avril à Caen. “Crise ou pas, les gens doivent se nourrir. Certains feront des arbitrages dans leur budget et s’orienteront vers des produits d’entrée de gamme. Mais, une partie de la population dispose encore de moyens financiers conséquents. Cette crise est aussi une crise de valeur. Je crois qu’elle permettra de repositionner les produits de qualité”, note Didier Lefèvre, président d’Irqua Normandie.

La grande distribution séduite
La marque Gourmandie compte aujourd’hui plus de 300 références. “Il en faudrait 1000 pour être plus lisible dans les magasins. Mais sans perdre notre âme : la qualité”. Même s’il reste difficile d’évaluer le chiffre d’affaires généré par la démarche de l’Irqua, la confiance règne au sommet du royaume Gourmandie. “Il n’est pas facile de quantifier les résultats, les entreprises ne donnent pas leurs chiffres. Mais, l’efficacité de l’action commerciale est évidente. La grande distribution en redemande. Je suppose donc que la démarche séduit”. D’ailleurs, l’opération “3 produits achetés = 1 produit remboursé” sera reconduite en 2009. L’année dernière, 20 entreprises ont participé. Soit 70 références produits concernées pour 610 000 emballages.
Pas de révolution au sein de l’institut : l’organisme poursuit ses missions. 55 % des appuis à projets portent sur les signes d'identification de la qualité et de l'origine (SIQO). “L’irqua a 9 années d’existence. Nous sommes toujours là pour faire émerger et consolider les démarches qualités. Nous renforçons et valorisons l’identité des produits normands”, précise Isabelle David-Buchet, directrice. Dans cette optique, l’institut de la qualité resserre ses liens avec l’Institut National des Appellations d’Origine (INAO). Des liens qui interrogent Jérôme Delile de la cidrerie Viard : “quel est l’avenir ? tous les produits de la marque seront-ils AOC ?”. Réponse de Didier Lefèvre : “non, il n’est pas dans la logique de la marque de se cantonner aux AOC. Et nous aurions une banalisation des produits AOC”.

La segmentation en question
L’Irqua souhaite néanmoins demeurer fidèle à ses principes de qualité. Avec un objectif : la valeur ajoutée. “Je trouve que la région est encore trop sur les produits de masse. C’est une erreur de banaliser nos produits normands. Ce n’est pas avec des produits de masse qu’on crée le plus de valeur ajoutée”.

La « sur-segmentation » provoque cependant des questions. AOC, IGP, label rouge, agriculture biologique, spécialité traditionnelle garantie (STP), démarche de certification produit (DCP), Gourmandie, Terroir 14, Orne Terroir et Manche terroir : en Normandie, la qualité ne manque pas de labels ni de logos. Jean-Luc Duval*, président de l’Ardec, met les pieds dans le plat. “Ici, nous sommes tous des experts des signes de qualité et nous sommes tous d’accord. Ensuite, il faut regarder l’interprétation des consommateurs. Certains s’y perdent. Et n’oublions pas que la qualité des produits standard a nettement évolué. Nous devons nous poser la question de la sur-segmentation des produits. On a vendu la segmentation aux producteurs de moutons… On voit aujourd’hui le résultat et le revenu de ces producteurs !” Pour Didier Lefèvre, des marges de manœuvre existent. “La Normandie n’est pas noyée sous les signes de qualité. Nous réalisons 12% de chiffre d’affaires agricole sous SIQO. Il y a de la place. Mais, si nous créons des contraintes, nous devons le faire savoir. Ces cahiers des charges ont un coût”. Et d’ajouter : “il faut mettre le paquet sur la communication !

*Michel Barnier, ministre de l’agriculture, a confié une mission d'étude à Jean Luc Duval. Objectif : étudier l’impact économique des démarches de valorisation des produits agricoles et agroalimentaires, afin de promouvoir leur efficacité sur le long terme et de conforter la mobilisation des opérateurs.

“Manger des paysages”

Jean-Robert Pitte, professeur à la Sorbonne et président de la mission Française du patrimoine et des cultures alimentaires, a conclu l’assemblée générale. Il est intervenu sur le thème : “l’intérêt des produits à identité géographique dans la mondialisation : quelles perspectives de développement”. Pour Jean-Robert Pitte, la qualité ne doit pas être considéré comme un luxe. “La qualité, c’est aussi un bon œuf à la coque”. Et histoire de croquer la vie : “on mange aussi de la culture et des paysages. On ne manque pas que des calories ou de la graisse. Il faut le faire comprendre. C’est d’ailleurs une partie de la démarche Gourmandie. La marque collective essaye aussi de susciter une émotion. Les produits sont porteurs d’une tradition vivante”.

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