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Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA
“Un accord prix du lait qui donne de la lisibilité aux producteurs”

Prendre en compte le prix du lait allemand qui, en moyenne et sur les quatre dernières années, a été au même niveau qu’en France. Prendre en compte les coûts de production français à partir de 2011. Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA, revient notamment sur l’accord “lait”. 

Christiane Lambert était, le 8 septembre dernier, l’invitée du conseil d’administration de la FDSEA du Calvados. L’actualité agricole, toutes productions confondues, a largement été débattue.

On a parlé de victoire syndicale à propos de l’accord “lait” d’août. Les bons mots alors qu’il ne s’agissait que du respect d’un accord signé plus d’un an auparavant ?
Nous étions en face d’industriels qui avaient choisi de payer individuellement le prix qu’ils voulaient en se moquant de l’accord de juin 2009. 80 départements FDSEA/JA/FNPL sont passés alors à l’action en exerçant une pression sur les marques de ces entreprises avec pour objectif de les ramener à la table des négociations, ultimatum à la clé.
Ces entreprises sont revenues à cette table et se sont engagées à respecter à nouveau cet accord. Notre forcing a payé.  
Il ne faut pas penser qu’une victoire syndicale est définitivement acquise. C’est tous les jours qu’il faut y travailler.
Alors “oui”! Le respect de l’accord du 3 juin qui conduit à une augmentation de 31 e/1 000 l, c’est effectivement une satisfaction. Il donne, sur le semestre à venir, de la lisibilité aux producteurs.
Pour l’an prochain, une négociation sur la base d’indicateurs affinés où les entreprises ont souhaité avoir la comparaison avec l’Allemagne et les producteurs une référence aux coûts de production laitière, est à poursuivre.

Vous étiez à Laval au cœur des négociations avec Lactalis. Pourquoi une réunion qui ne devait durer que deux heures s’est prolongée tout au long de la journée ? C’est le fait de pressions politiques ?
Des réunions simultanées sur 4 sites, ça complique forcément l’exercice. Les entreprises ne répondaient pas à la même vitesse. Certaines ont mis plus de temps à accepter “un”, l’engagement à revenir. “Deux” à respecter le paiement pour le mois de juillet. “Trois” à n’appliquer les nouveaux indicateurs qu’à partir de janvier 2011. 
Une négociation, contrairement à ce que pensent certains, ce n’est pas toujours simple et rapide. Il faut du temps. Les éleveurs présents à Laval (70 producteurs de nos réseaux FDSEA/JA/FNPL) ont mesuré toute cette difficulté mais aussi le poids et la force du réseau syndical.

A partir de 2011, la notion de compétitivité avec l’Allemagne va donc être prise en compte. Ne risque-t-on pas de tirer les prix vers le bas ?
Quand le prix payé aux producteurs allemands était plus élevé qu’en France, tout le monde disait : “il faut s’aligner”. Aujourd’hui, c’est le contraire.
Cependant le prix allemand, en moyenne sur les quatre dernières années, a été comparable au prix français. Mais il est beaucoup plus réactif, il n’y a pas de lissage comme chez nous.
Nous en avons assez de voir les industriels être réactifs à la baisse quand ça baisse en Allemagne mais rigide à la hausse quand ça monte. Ainsi la comparaison avec un tunnel, c’est-à-dire avec une marge de fluctuation entre les deux prix, constitue une avancée.

Les pouvoirs publics poussent à la roue de la contractualisation. Une tranche des producteurs est sceptique, voire même hostile. Que lui répondez-vous ?
La fin des quotas est programmée même si le Ministre de l’Agriculture ne l’a pas toujours dit clairement. Il a obtenu des outils de gestion de marché. C’est-à-dire des mesures de dégagement, des restitutions (...) mais, en aucun cas, un retour sur la gestion des volumes en amont de la livraison aux entreprises. Or, les quotas constituaient une forme de contrat administratif.
Demain, il faut leur trouver une alternative au travers de contrats de nature privée liant le producteur à une entreprise et visant  une sécurité de débouché.
Quand le lait est trait, il faut le livrer. Ce n’est plus le moment de se poser des questions : “à qui je livre ? Comment ? Combien ? ”
Contractualiser, c’est garantir les débouchés et négocier des éléments essentiels comme la durée, les volumes, le niveau de prix dans le cadre du respect du prix interprofessionel mais aussi les allocations de fin de campagne...

Produits laitiers, viande bovine, porc, la mode est au stickage dans les grandes surfaces? Une arme efficace ?
Le stickage a montré son efficacité en lait puisque les entreprises ont craint pour l’image de leurs marques. Elles ont donc cédé à la pression des producteurs.
Ce que l’on a réussi en lait, il faut le faire aussi en porc et viande bovine. Essentiellement pour dénoncer la présence de viandes étrangères (notamment provenant d’Amérique du Sud pour les bovins) dans les rayons des grandes surfaces, dans les frigos de la RHF (Restauration Hors Foyer) ou des grossistes (Métro ou autres enseignes livrant cette RHF).
On ne peut pas imposer tous les jours plus d’obligations à nos producteurs et laisser rentrer de la viande distorsive qui ne présente pas les mêmes garanties consommateurs. Il faut pointer du doigt ces pratiques et faire alliance avec les consommateurs comme on l’a fait sur le prix du lait.

L’envolée du prix du blé plombe et va encore plomber les comptes de l’élevage. Céréaliers et fabricants d’aliments ne doivent-ils pas imaginer un dispositif qui permette de lisser cet effet yoyo ?
Tout d’abord, je réaffirme que les céréaliers ne sont pas responsables de l’augmentation du prix du blé. C’est la spéculation en bourse, ou ailleurs comme sur les grands marchés virtuels, qui a provoqué cette flambée des prix.
Mais pour répondre à votre question : “oui”, trois fois “oui!” Ça a déjà été dit, ça n’a pas été fait. Cette fois vraiment, la rapidité du retournement de marché, la rapidité de la flambée (...) montrent qu’il ne faut pas rester sans outil de lissage professionnel entre céréaliers et utilisateurs des céréales. C’est-à-dire le monde de l’élevage notamment les productions avicoles, porcines et bovines.
Il faut aussi re-travailler sur des outils de régulation européens et c’est l’objet de la PAC 2013. 
Notons enfin que la volatilité des prix des matières premières agricoles sera débattue lors du G20. Le Président de la République l’a mise à l’ordre du jour. C’est une bonne nouvelle. 

La LMA (Loi de Modernisation Agricole) fait passer les ADASEA sous la coupe des Chambres d’Agriculture. A qui leur gouvernance ?
Le pilotage du dossier “installation” a toujours été du ressort des JA (Jeunes Agriculteurs). C’est ce réseau qui connaît le mieux le sujet et les personnes concernées. La gouvernance politique doit donc rester aux JA.
Par ailleurs, un certain nombre d’organisations refléchissent au maintien de structures ADASEA lorsque d’autres actions que “l’installation” sont conduites. Il faut avoir une réflexion au cas par cas, département par département en pesant les enjeux politiques, financiers et sans oublier la gestion des ressources humaines.

Vous avez participé au conseil d’administration de la FDSEA du Calvados. Quel message de rentrée souhaitiez-vous leur délivrer ?
Plus que jamais, les agriculteurs attendent la FNSEA, les JA et les FDSEA sur de multiples dossiers.  La défense de nos moyens de productions et de nos revenus ne se fera que par l’action collective. C’est un message fort.
J’ai constaté aussi, à l’occasion de ce conseil FDSEA du Calvados, une participation nombreuse et active, la présence des responsables de presque tous les cantons... Ce sont des signes très positifs même s’il reste à construire.
Les actions que nous menons doivent être connues des adhérents. C’est via le réseau, en redescendant jusqu’à l’adhérent, et aussi en utilisant les supports de communication comme les journaux, que les agriculteurs seront informés de tout ce que fait le syndicalisme pour défendre leur revenu.

Christiane Lambert, si vous aviez été employée, dans le privé ou le public, auriez-vous participé le 7 septembre dernier aux manifestations contre le projet gouvernemental de réforme des retraites ?
Manifester, en tant que syndicaliste, je sais faire. Comme beaucoup de français et les sondages le montrent, nous sommes tous persuadés qu’il faut une réforme des retraites. L’enjeu démographique pèse. On rentre plus tard en activité, on vit plus longtemps...
Par contre, le diable est dans le détail comme toujours. Sur la notion de la pénibilité du travail (pour les chefs d’exploitation et les salariés agricoles), sur la question des années cotisées ou de l’âge, sur la question des 25 meilleures années (une vraie injustice pour les agriculteurs), il y a des éclaircissements que le gouvernement devra apporter. 
Toute action syndicale est bonne à faire. Après, je ne suis pas sûr que les syndicats qui manifestaient le 7 septembre avaient à l’esprit l’ensemble des spécificités agricoles. Mais à chacun de jouer sa partition. En tout cas, la FNSEA fait valoir les spécificités des chefs d’exploitation et des salariés dépendants du régime agricole.

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