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Organisation économique des producteurs
Un chantier permanent

Le regroupement des agriculteurs pour vendre peut-il être un moyen de retrouver du pouvoir économique dans les filières ?

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© DR

Tant à Bruxelles, qu’à Paris, les Pouvoirs publics montrent la volonté de favoriser le regroupement des agriculteurs pour vendre leur production. La récente Loi de Modernisation de l’Agriculture et de la Pêche comprend un chapitre entier de mesures qui donnent des moyens d’action au gouvernement. Elle reprend ainsi un chantier qui ne date pas d’hier : l’organisation économique des producteurs agricoles a été définie il y a près de 50 ans par la Loi d’Orientation Agricole de 1962, qui créait des groupements de producteurs, devenus OP (Organisation de Producteurs) en 1999.

La filière laitière sous les projecteurs
Ce débat du pouvoir de négociation existe dans toutes les filières, mais il prend une nouvelle importance dans la filière laitière avec la fin prévue des quotas laitiers en 2015.
En ce domaine, la Normandie ne part pas de rien. Pendant les années 90, 5 GIE de collecte ont représenté jusqu’à 5 % de la collecte. Aujourd’hui ils ont disparu, évoluant vers la coopération ou ayant été dissous.
D’autres exemples d’organisation des éleveurs laitiers existent comme dans la filière fromagère du Comté. Depuis de nombreuses années l’interprofession du Comté gère les volumes de fromages produits, en limitant le nombre de meules bénéficiant de l’Appellation d’Origine. Cela permet de maintenir une bonne rentabilité : le prix du lait pour le Comté n’a pas baissé en 2009 ! Toutefois, d’un point de vue européen, cette pratique semble d’une légalité assez fragile. Elle ne semble pas généralisable.
Autre exemple dans le Nord de la France : Nestlé souhaitait se désengager de la collecte de lait de sa laiterie de Boué (Aisne). Depuis avril 2008 une jeune coopérative a repris l’activité de collecte du lait. Auparavant elle avait aussi repris le parc de tank de refroidissement à la ferme. Elle vend aujourd’hui une partie de son lait à d’autres transformateurs que Nestlé, en se basant sur des contrats de durée variable (entre 3 et 10 ans).

Les projets fusent
Les FRSEA Bretagne et Pays de la Loire ont déposé les statuts d’une association régionale de producteurs. Cet OP aurait pour but de commercialiser le lait des éleveurs du bassin laitier. Il contractualiserait volumes et prix avec les laiteries. Les Jeunes Agriculteurs appuient ce projet de “reprise en main par les producteurs de la globalité de la collecte laitière”.
A Bruxelles, réuni à partir d’octobre et jusqu’en juin 2010, un groupe d’experts de haut niveau a fait des propositions sur différents thèmes dont les organisations de producteurs : Ses conclusions : “le rapport invite la Commission à réfléchir à une loi qui autoriserait les organisations de producteurs à négocier ensemble leurs contrats, y compris concernant le prix, avec les laiteries”. Le Commissaire à l’Agriculture a promis de suivre ces recommandations à la rentrée.

Comment font les éleveurs laitiers ailleurs ?
Aux USA ou en Suisse, dans ces deux pays sans quota laitier, on observe le rôle central que joue l’organisation économique des éleveurs. Coopératives ou organisation de producteurs regroupent l’offre de lait des éleveurs et négocient avec les industriels laitiers. Ainsi aux USA : 85 % du lait est collecté par des coopératives, qui le vendent à des transformateurs.
D’autres pays fonctionnent sous un régime encore plus radical d’une coopérative unique, comme Fonterra en Nouvelle-Zélande. Plus près de nous, les éleveurs Danois ont construit une coopérative unique et les Néerlandais sont en train de fusionner leurs deux coopératives en une seule. Chez eux, après 2015, la gestion des références laitières par les pouvoirs publics européens sera remplacée par une gestion interne à la coopérative.
Philippe LEGRAIN
Chambre d’agriculture de la Manche
plegrain@manche.chambagri.fr



D’après les travaux du Groupe Économie et Prospective des Chambres d’agriculture de Normandie

Pour en savoir plus
Sur internet, vous trouverez une note plus complète sur :
www.normandie.chambagri.fr/pac_2014/1006op.pdf

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