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Un désir de reconnaissance

Chaque semaine le témoignage de Bruno, un des associés du GAEC. Episode 2.

Même à mon âge je continue d’apprendre des choses.
Même à mon âge je continue d’apprendre des choses.
© Réseau OT/RH des Chambres d’agriculture de Normand

La semaine dernière Bruno, agriculteur dans le département de la Manche, a proposé de nous faire part de son expérience d’associé de GAEC. Le personnage de Bruno est fictif mais son témoignage s’inspire de faits réels rencontrés dans les sociétés agricoles. Cette semaine, Bruno témoigne sur le statut des conjointes travaillant avec leur époux sur l’exploitation.

« Lorsqu’elle s’est mariée, ma mère n’a pas eu d’alternative : il y avait du travail sur l’exploitation. Elle a démissionné de son poste de secrétaire à la coopérative pour venir aider papa. Par la suite, elle a profité de la création du GAEC pour obtenir le statut
d’associé ». La situation vécue au sein du GAEC de Bruno, société imaginaire, est loin d’être exceptionnelle. Pour arriver à ses fins la maman de Bruno a dû faire preuve de ténacité.

Le travail des conjointes
Au temps de mes parents, la répartition du travail sur l’exploitation était traditionnelle : papa se consacrait à la conduite du troupeau laitier et aux travaux des champs ; maman avait en charge la traite, les petits veaux et la comptabilité, sans oublier toutes les petites courses nécessaires au fonctionnement de l’exploitation. Et son travail ne s’arrêtait pas là. Elle devait également tenir la maison d’habitation, faire les repas et s’occuper de moi ainsi que de mes frères. Elle faisait deux journées de travail en une, et cela avec une quasi absence de statut : l’exploitation étant individuelle, mon père était seul chef d’exploitation. Le travail des femmes était considérable mais il était, socialement, peu reconnu.

La place de maman ?
Le schéma de succession de l’exploitation a été élaboré par mon père au moment de l’installation de mon frère. Papa a envisagé la création d’un GAEC père-fils et il s’est posé la question du statut de ma mère, plus jeune que lui de quelques années. Il a décidé de la maintenir conjointe d’exploitation tant qu’il serait associé du GAEC. Lors de son départ en retraite, maman serait devenue aide familiale de mon frère. La volonté de ma mère n’allait pas dans le même sens.

Une revendication
Une scène est restée gravée dans ma mémoire. Le juriste était venu à la maison pour finaliser les statuts du GAEC. Ma mère était remontée comme une pendule. Jamais je ne l’avais vue dans cet état ! Je me souviens de ses propos : « Je n’ai eu que peu de reconnaissance de tout le travail accompli durant des années. Vous n’allez pas me mettre aide familiale. Je veux devenir associée du GAEC même si cela coûte de l’argent ». C’était la première fois que je voyais ma mère revendiquer quelque chose pour elle-même sur l’exploitation.

Un statut d’associée exploitante
Ma mère a fini par obtenir gain de cause. Notre GAEC a été l’un des premiers GAEC père-mère-fils du département. L’acquisition de ce statut d’exploitante n’a pas modifié le fonctionnement global de l’exploitation. Il a juste eu une incidence sur le travail de maman. Elle a ambitionné de conduire le tracteur et de réaliser les travaux culturaux. Papa a été surpris mais il a accepté sa demande. Il lui a appris à labourer et à semer. Il a été un excellent formateur, patient et pédagogue.

Un évènement marquant
Pour ma mère, ce statut d’associé et l’attribution de ces nouvelles tâches étaient des éléments de reconnaissance de son travail. Régulièrement, elle évoque cet événement marquant de sa vie. Malgré son âge, elle continue à suivre l’actualité agricole et elle est très sensible à la reconnaissance du statut des femmes. Deux générations plus tard, la question du statut d’exploitation ne se pose plus : elle est évidente. Son combat a permis à sa petite-fille, Aurélie, d’obtenir
directement le statut d’associé à son installation. Maman en est fière.

La semaine prochaine : Episode 3 : Améliorer les conditions de travail

Série d’articles réalisée avec la participation financière du Conseil Départemental de la Manche et du CasDAR

Avantage de la société : une clarification du statut juridique des biens et des personnes
La mise en société permet de dissocier et de gérer de façon autonome les différents patrimoines : privé, exploitation, foncier. En cas de disparition d’un associé, la société permet de protéger ses proches en évitant les inconvénients de l’exploitation individuelle. La mise en société  permet également de définir le statut social des associés (gérant, associé exploitation, associé non exploitant). Ces différents éléments sont consignés dans les statuts.

… à condition de définir les engagements de chacun
La clarification des éléments juridiques implique, de la part des associés et des futurs associés, un travail d’explication et de négociation. Les engagements doivent être réciproques, explicites et librement négociés. Travailler ces éléments au moment de la création du GAEC permet d’aborder le sujet en toute sérénité, d’envisager les principales situations critiques et de prévoir une équité dans les solutions proposées. Ces différents engagements doivent ensuite être respectés après la création de la société.

Rejoindre un Groupe « Femmes »
Vous êtes agricultrice et vous voulez partager vos idées, vos préoccupations sur des sujets techniques, économiques ou en lien avec votre place dans l’exploitation ? Vous voulez prendre des responsabilités dans votre univers professionnel ?
Les Chambres d’agriculture et le réseau des groupes de développement animent plusieurs groupes féminins.
Contactez-nous pour connaître le plus proche de chez vous.
Contact : Bénédicte Auboin - 02 35 59 47 14
benedicte.auboin@seine-maritime.chambagri.fr

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