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Au GAEC du Haut-Mesnil-14
un essai lupin transformé par les vaches laitières

Pascal Lebis incorpore 2,5 kg de lupin dans sa ration vache laitière. Un essai démarré en 2000 avec 3 ha qui se sont transformés en 6,5 ha cette année. La “lupiniculture” s’ancre du côté de Carville (14).

Il fallait être un peu fou pour miser sur le lupin il y a dix ans”, s’amuse Gérard Bavière, conseiller cultures, agronomie et environnement à la Chambre d’Agriculture du Calvados. Et si son poids dans l’assolement régional reste encore confidentiel, le lupin a ses aficionados. Parmi eux, pionnier de la première heure devenu depuis quasi expert, Pascal Lebis du GAEC du Haut-Mesnil à Carville près de Vire (14).

2,5 kg/VL/jour
Moitié maïs, 1/4 herbe, 1/4 triticale (ensilé ou méteil), le tout complété avec 2,5 kg de lupin et 2,5 kg de correcteur azoté 50/50. Pas de secret caché dans la recette ration mélangée du GAEC de Haut-Mesnil mais une recherche d’autonomie alimentaire et une quête d’efficacité.
Les 55 Prim’Holstein, avec leur 8 500 kg de moyenne, confirment. Le lupin inerté est appétent et affiche allègrement 1,18 UFLait et 320/340 g de MAT (213 de PDIN et 106 de PDIE). “Nous sommes très près d’un tourteau de colza, argumente Gérard Bavière. Il s’agit même du meilleur protéagineux. Le plus riche en matière protéique”.
Le meilleur et le moins cher ? Pour appréhender le volet économique, il faut examiner le prix du soja et du blé. “Un kg de lupin remplace 500 g de soja et 500 g de blé”, précise Pascal Lebis. Alors à vos calculettes. Mais il faut aussi tenir compte d’autres éléments objectifs comme le coût de production : 318 e/ha (source ARVALIS/2006) pour le lupin contre 461 e/ha (source CER 14/2007) pour un blé. Tenir compte également du rendement : il varie au GAEC du Haut-Mesnil de 30 q (en 2000, première année de culture) à plus de 40. Dans les arguments qui plaident encore en faveur du lupin, Pascal souligne un excellent précédent à blé “qui laisse 20 unités d’azote,” avec un très bon pivot.
C’est très intéressant économiquement”, résume Gérard Bavière d’autant plus pour la campagne 2010 avec une prime de 150 e/ha.

Choisir ses parcelles
C’est en 1998, profitant de la vitrine offerte par le SAFIR, que la Chambre d’Agriculture du Calvados s’est essayée au lupin. Une micro-parcelle de 100 m2 qui a suffi à attirer l’attention de Pascal Lebis. “Je faisais du pois à l’époque en guise de tête d’assolement mais je rencontrais des difficultés de récolte”, se souvient-il. Il a donc expérimenté le lupin une première fois en 2000 sur 3 ha. “J’avais semé en avril. J’ai récolté humide, à 20 %, en septembre avec un rendement de 30 q/ha. Pas mal mais sans plus”, commente-t-il. Mais il a persisté et affiné sa conduite culturale. “Il faut semer le plus tôt possible, fin février/début mars, pour récolter à 14-15 % d’humidité. Pour cela, il faut choisir les bonnes parcelles, portantes, avec un sol qui se ressuie rapidement”. “C’est important aussi en terme d’efficacité du désherbage”, insiste Gérard Bavière. Semé derrière une céréale à 120-150 Kg/ha, l’offre variétale s’est étoffée cette année. AMIGA se fait désormais grignoter quelques hectares par FEODORA, une variété plus précoce de 15 jours environ. Pas de quoi inquiéter cependant l’obtenteur, Jouffray Drillaud, seul acteur sur le marché hexagonal.
Il faut également veiller au désherbage avec “un objectif de zéro graminée et une parcelle très propre dès le départ”, recommande-t-on du côté de la Chambre d’Agriculture “d’autant plus que l’éventail des produits autorisés est faible”. Pascal Lebis effectue un désherbage au semis à base de CENTIUM 36C5 (0,3 l) et de CENT 7 (0,6 l). 
Sur le plan sanitaire, il faut veiller au risque d’anthracnose (absente cette année) et, dans une moindre mesure, à la rouille plus particulièrement en bordure maritime. Dernier point de vigilance : la limace qui peut faire de gros ravages.

Battu comme une céréale puis inerté
C’est facile à battre, comme une céréale, d’autant plus que le lupin tient debout jusqu’à la fin”, rassure Pascal Lebis. La seule difficulté à la récolte pourrait constituer en la disponibilité d’une moissonneuse-batteuse, début septembre, elles sont généralement déjà remisées. Mais le GAEC du Haut-Mesnil dispose de sa propre machine. La paille, très riche en potasse, peut être recyclée en litière.
Le lupin est ensuite inerté et mis en silo. Pascal Lebis a fait ce choix pour des questions d’organisation de travail. Le chantier se fait dans la journée et le protéagineux est ensuite repris au godet. Il est cependant possible de le stocker en grain (sec) pour l’écraser au fur et à mesure de ses besoins.
Un grain que vous pouvez même servir en amuse-gueule au moment de l’apéro et que vous trouverez, si vous n’en cultivez pas, en grandes surfaces !


En pratique
Pour les vaches laitières
- Jusqu’à 6 kg/vl/j sans problème d’appétence avec les graines broyées ou aplaties,
- Préférer un broyage grossier à un broyage fin,
-Production comparable avec un apport identique en PDI,
- Maintenir un tourteau tanné pour assurer une production élevée.
Pour les jeunes bovins
- Adapté en complément à l’ensilage de maïs.
Pour les veaux
- Possible en graine entière dès l’allaitement avec du foin (60 % de maïs grain entier + 40 % de lupin).

Une culture confidentielle à “déconfidentialiser” ?
• Partie de rien, la culture du lupin a connu son heure de gloire avec une vingtaine de producteurs dans le Calvados pour retomber à une poignée aujourd’hui. Pourquoi ? “Peu gourmande en intrants et pouvant se substituer à l’aliment du commerce, le lupin ne fait pas forcément les affaires de tous”, avance-t-on prudemment ici et là. Nonobstant, la Chambre d’Agriculture du Calvados ne lâche pas le manche. Elle poursuit ses essais (à Vassy et Frénouville) tant en lupin de printemps qu’en lupin d’hiver, histoire notamment d’observer son comportement en terres caillouteuses et zone de plaine. On pourrait d’ailleurs imaginer que des céréaliers se lancent dans cette culture pour disposer d’une nouvelle tête d’assolement tout en créant un marché (qui n’existe pas) à destination des éleveurs. Une façon de ne pas commettre la même erreur qu’avec le pois pour lequel on a raccourci dangereusement les durées de rotation. Une façon aussi avec le lupin d’hiver de disposer d’un couvert végétal en hiver.

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