Biocombustibles
Un feu de paille peut-il faire long feu ?
Biocombustibles
Quid de l’avenir de la paille dans les années à venir ? Il y a peut-être mieux à faire que de la broyer pour l’enfouir. La coopérative Agrial ouvre le dossier
En marge de sa journée technique à St-Manvieu, Françoise Labalette (ONIDOL) et Loïc Vallée (Agrial) ont animé une conférence sur la valorisation de la biomasse agricole. Deux voies majeures s’ouvrent pour gérer l’après pétrole : "diminuer notre consommation en énergie et développer des énergies alternatives à partir de ressources renouvelables dont la biomasse agricole".
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TG
La biomasse était au menu des deux journées techniques proposées, il y a quelques jours à Torigni-sur-Vire et St-Manvieu, par Agrial à ses coopérateurs. Entre prospective et perspectives, la paille s’est invitée à table.
De la paille en bouchon
Dès cet été, le gouvernement lancera des appels à projets pour la production d’électricité à partie de biomasse. De gros opérateurs industriels (Veolia, Bouygues...) sont déjà dans les starting-blocks. Il leur faudra contractualiser avec différents acteurs, notamment pour se garantir un approvisionnement pérenne de matières premières. "Et pourquoi pas la paille ?", interroge la coopérative Agrial qui enquête. "Le cheptel laitier baisse d’année en année. Les besoins en paille des éleveurs diminuent parallèlement", constate Loïc Vallée. Par ailleurs, la réforme de la PAC libère des surfaces bien souvent consacrées aux céréales : du grain et de la paille, encore ! C’est au travers de cet effet ciseau que s’ouvre peut-être une nouvelle fenêtre. "Une tonne de paille, c’est 420 litres de fuel. Soit 3 T de paille l’équivalent d’une TEP (Tonne Equivalent Pétrole)", argumente Françoise Labalette (ingénieur ONIDOL, déléguée du GIE Arvalis/ONIDOL). Et du pétrole, certains spécialistes estiment nos stocks à une cinquantaine d’années.
Mais l’équation serait trop simple. La paille, en botte ronde ou carrée, n’intéresse pas les opérateurs. Ils veulent du bouchon. Le prix alors de la biomasse/paille en prend au passage un coût. Il faut alors une forte volonté politique pour l’imposer. "Il faut aussi passer par un schéma industriel", insiste Françoise Labalette. Sage précaution pour ne pas faire d’une usine à paille une usine à gaz.Agriculteurs
Restez droits dans vos bottes !
A l’occasion de ce débat, certains agriculteurs ont exprimé leur ras-le-bol vis-à-vis de l’image de pollueur que les médias (Ndlr : presse agricole non comprise, ouf !) leur collaient. On ne peut que leur donner raison (sans pour autant leur donner une totale absolution) à la vue de certains éléments. La biomasse agricole est une forme de stockage de l’énergie solaire selon l’équation : semence + CO2 + eau + minéraux + énergie solaire = biomasse renouvelable rapidement. Du CO2 qui empoisonne la vie de notre planète mais que justement l’agriculture consomme et transforme en ENR (énergie renouvelable). Et de l’énergie, il en faut ! Pas tant pour l’agriculture (2 % de la consommation en France) mais surtout pour le secteur résidentiel/tertiaire (43 %), les transports (31 %) et l’industrie (24 %). Et côté transport, puisque dans 50 ans nous n’aurons plus de pétrole, 70 ans plus de gaz, 120 ans plus d’uranium et 200 ans plus de charbon, on pourra toujours mettre dans son réservoir du biocarburant de seconde génération fabriqué à partir de paille. Et à ceux qui ne voudraient pas y mettre le prix, on leur rappellera que les Français ont bien accepté une hausse du prix du pétrole de 42 % entre 2004 et 2005. Alors agriculteurs, restez droits dans vos bottes !