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Etude
Un réseau normand de références pour continuer à évoluer en agriculture

L’agriculture a considérablement évolué depuis trente ans. Retour sur l’agriculture passée et les perspectives d’avenir en productions végétales avec le réseau Chambres d’agriculture.

Les conseillers en productions végétales apportent un accompagnement individuel et collectif aux périodes “clé” de la culture.
Les conseillers en productions végétales apportent un accompagnement individuel et collectif aux périodes “clé” de la culture.
© CA 27

A la fin des années 70, s’est développé en grande culture l’usage des produits phytosanitaires, apportant un progrès technico-économique indéniable pour l’agriculteur : meilleure maîtrise des maladies (rouille jaune, septoriose, et des adventices : antidicots (gaillet), antigraminées foliaires.


Années 80 : dépenser plus pour gagner plus !

Avec le contexte économique stable, les prix de marché et les coûts des matières premières restaient relativement prévisibles.Dans ce contexte, rien ne pouvait freiner l’intensification des cultures. Le conseil technique s’est homogénéisé, avec un “modèle” unique pour cultiver le blé. Usage intensif des pesticides, davantage d’engrais… Avec un objectif : maîtriser tous les facteurs limitants pour maximiser le rendement.Quelques exemples : choisir la variété la plus productive, semer le plus tôt possible avec une forte densité (pour n’obtenir que des maîtres brins), désherber tôt, éviter au blé toute faim azotée, assurer une bonne protection phytosanitaire en appliquant des fongicides en préventif.En résumé, la chimie prétendait résoudre tous les problèmes, avec des pesticides pour remplacer l’agronomie et les systèmes de cultures. On a fait peu de liens entre le niveau de production (avec tous les intrants que cela nécessitait), et son impact sur l’environnement et la pollution du milieu (eau, sol, air).


Années 2010 : produire différemment, une nécessité

Aujourd’hui les temps ont changé. L’agriculture doit prendre en compte de nouvelles contraintes pour produire (environnement, pollution, biodiversité…) tout en maintenant un bon niveau de performance économique.La mise en place des BAC Grenelle illustre parfaitement cette évolution, qui à terme engendrera un changement des pratiques agricoles. Les BAC “hors Grenelle” poursuivront la même logique dans un second temps.En outre, les limites de la chimie sont apparues dans les années 90 avec des résistances de graminées (ray-grass, vulpins) et de champignons (septoriose…) à certaines molécules.Pour contourner et anticiper ces formes de résistance, l’agriculteur doit opter pour des stratégies alternatives. il peut mettre en œuvre de nombreux leviers en les combinant entre eux : variétés tolérantes aux maladies, date de semis retardée, densité plus faible… l’inverse des années 80 !


Le constat : un lien étroit entre production agricole et territoire

La nécessité de produire, toujours essentielle, ne pourra plus être la seule fonction de l’entreprise agricole/ la seule préoccupation de l’agriculteur. Les Chambres d’agriculture normandes, conscientes des enjeux de demain, n’ont pas attendu aujourd’hui pour explorer de nouvelles pistes conciliant économie et environnement. Avec L’INRA et le CETIOM, le réseau des Chambres d’agricultures ont plus de 7 années de référence en protection intégrée(1). Elles démontrent que celle-ci obtient en blé et colza des résultats économiques (avec des contextes de prix fluctuants) en moyenne, comparables à la protection raisonnée.De plus l’IFT(2) en production intégrée est réduit de 40 % en moyenne par rapport à la protection raisonnée. Ces résultats ont été obtenus par comparaison d’itinéraires techniques(3) raisonné et intégré dans des situations pédoclimatiques différentes (bon limon et limon moyen).Des adaptations de l’itinéraire intégré sont en cours pour le sécuriser davantage (densité semis,azote).Cette robustesse observée de la protection intégrée est basée sur la stratégie d’évitement(4). C’est un premier résultat encourageant pour l’avenir et qui constitue un premier pas nécessaire pour faire évoluer ses pratiques sur l’exploitation.


Un conseil adapté à vos objectifs

Fortes de ces références, les Chambres d’agriculture apportent un conseil en systèmes innovants dans votre région, adapté à votre exploitation et à vos objectifs. Les conseillers en productions végétales apportent un accompagnement individuel et collectif aux périodes “clé” de la culture.Une messagerie spécifique et dédiée aux systèmes innovants a été mise en place.Chaque agriculteur peut recevoir les messages concernant la protection raisonnée des cultures et ceux des systèmes innovants.L’évolution proposée est assez simple à mettre en œuvre, car elle n’engendre pas de changement de système plus délicat à réaliser : pas nécessairement d’introduction de nouvelles cultures ou d’allongement de la rotation par exemple.En outre, d’autres pistes ou outils transversaux (indépendamment du système pratiqué) peuvent être mis en œuvre dans les différents systèmes et itinéraires techniques comme :

- les réductions de doses de produits phytosanitaires couplées aux baisses de volumes de bouillie ;

- le non labour (strip-till…) : les techniques de semis sans labour évoluent également, avec des systèmes permettant d’apporter la graine et l’engrais localisé simultanément. Là aussi, les Cham-bres d’agriculture sont engagées dans le suivi agronomique de ces systèmes de semis ;- modèles de prévision maladies ;

- l’agriculture de précision avec Farmstar (développement de modulation intra-parcellaire) pour l’azote, et bientôt Défimultianalyses (modulation intra-parcellaire en P,K,...).


(1) : Protection intégrée : système de lutte contre les organismes nuisibles basé sur l’utilisation volontaire/l’exploitation de leurs facteurs limitants. Cette stratégie fait appel à un éventail de méthodes satisfaisant les exigences à la fois économiques, écologiques et toxicologiques.

(2) : IFT : Indice de fréquence de traitement. Il s’obtient en divisant, pour un produit donné, la quantité totale du produit épandu (en 1 ou plusieurs passages) par la dose homologuée du même produit.

(3) : ITK (itinéraire technique) : combinaison logique et ordonnée des techniques mises en œuvre sur une parcelle agricole en vue d’obtenir une production. Ce concept met l’accent sur la cohérence et les interactions entre les interventions techniques de l’agriculteur.

(4) : Evitement : les stratégies d’évitement consistent à éviter la concordance entre la phase de contamination du bioagresseur (maladie ou insecte) et la période de sensibilité de la culture. Le principal levier est le raisonnement de la date de semis, à coupler avec un choix de variétés adéquat.

Source de définition : INRA

Un réseau normand pour renforcer la création de références

Les 6 Chambres d’agriculture normandes (5 départementales et la Chambre régionale) s’organisent pour impulser une nouvelle dynamique dans la recherche appliquée en productions végétales. Un nouveau groupe réseau d’ingénieurs en agronomie-PV et une commission d’agriculteurs agro-PV ont été mis en place dans ce but début 2011.Leur fil directeur : innover, anticiper, afin de répondre aux enjeux de demain.Avec cette organisation régionale, le groupe cherche à mutualiser l’expérimentation, la rédaction des protocoles et celle des synthèses d’essais.Objectif : un accès partagé à l’ensemble des références pour tous, conseillers et agriculteurs adhérents (dans un second temps). Cette valeur ajoutée au niveau du groupe chambre permettra d’apporter aux agriculteurs un éventail de pistes d’adaptation face aux enjeux eau, notamment à la prochaine réforme de la PAC 2013.

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