Race Gasconne
Un seul éleveur en Manche
Pas de complexe pour Sylvain Levavasseur. Il est le seul agriculteur à élever cette allaitante dans la Manche, de plus en bio et en vente directe.

Gasconne, vous avez dit Gasconne ? Pas évident dans l’ouest français. Pourtant, à Hudimesnil, non loin de Bréhal, Sylvain Levavasseur, installé depuis 2000 en individuel, cultive sa passion. “Au départ, j’ai acheté dans les Pyrénées des herbagères pour occuper mes terres, les finir puis les revendre à l’automne”. Cet ancien transporteur d’animaux a, au fil de ses voyages, découvert sa race de prédilection. “De plus, après la crise de la vache folle, je voulais des allaitantes pas trop chères. Du coup, j’ai de nouveau fait venir un lot des Pyrénées”. Aujourd’hui, notre éleveur est en fin de conversion bio. “Je joue la carte de l’autonomie alimentaire au maximum sur mes 100 ha de SAU, dont les ¾ sont en herbage. Le reste étant consacré aux céréales et méteil”.
70 mères
70 mères, 80 droits à prime et un challenge, acheter le minimum d’aliments extérieurs. “Je procède depuis quelques années à des essais prometteurs d’ensilage de lupin blanc, féverole”. Reste que la récolte 2012, mauvaise en raison des conditions climatiques, a obligé Sylvain à puiser dans sa trésorerie pour effectuer des achats extérieurs. “Mon but, je le répète encore et toujours, l’autonomie complète grâce au méteil qui me fournira un maximum de protéines”.
Au fait, quels sont les atouts de cette fameuse Gasconne ? Tout d’abord, sa rusticité extrême acquise par des générations vouées à la traction qui permet à ces vaches de passer un maximum de temps dans les parcelles, tout en ayant des coûts de production réduits. “Concernant l’intervalle vêlage-vêlage (IVV), mes femelles produisent un veau par an, notamment grâce à leurs qualités maternelles”. Quant à la viande, elle possède une saveur et une finesse exceptionnelle. La sélection génétique tente avec succès d'améliorer l'existant : l'allaitement, la rusticité, la fécondité, la qualité de la viande.
Vente directe
L’atout de notre éleveur, c’est bien sûr la vente directe. “Les animaux sont enlevés à 3 ans pour les femelles, six mois de plus pour les mâles, par une entreprise de Domagné qui me retourne les caissettes à disposition de mes clients”. Pour le moment, le seul élevage de race Gasconne du département tourne à deux bêtes par mois. “Je travaille bien sûr la génétique, avec des taureaux achetés dans les Pyrénées, pour améliorer la morphologie. Jusqu’à maintenant je gardais toutes les femelles pour le renouvellement du cheptel ; les mâles partaient en broutards. En bio, les mâles vont être castrés ; je garderais donc tous les animaux pour la vente”. Élever de la Gasconne, c’est aussi faire preuve de patience. “Jusqu’à six mois, la croissance est rapide. Ensuite, l’engraissement est plus lent que dans d’autres races ; logique pour avoir une très bonne qualité de viande bouchère”. Une viande qui bénéficie aussi d’un label, cette fois de proximité, celui de “Bienvenue à la Ferme”.