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Olivier Borel, président de la FDSEA de l'Orne
Un syndicalisme agricole basé sur la transparence et la vérité

Revenant sur l’année agricole 2009, Olivier Borel évoque un “séisme”. Le président de la FDSEA de l’Orne n’élude pas non plus un contexte syndical “compliqué”. Pour autant, il n’imagine pas demain un monde sans un syndicalisme agricole basé sur “la transparence et la vérité”.

Olivier Borel (en juin dernier lors d’une manifestation lait contre la grande distribution) :  “on va sortir du régime quota. J’aimerais que nos politiques qui le susurrent tout bas le reconnaissent tout haut. Plus de droit administratif pour gérer les volumes et être toujours présent sur nos marchés, il faut donc mettre en place un outil de droit privé. Ça se prépare mais dans le contexte syndical d’aujourd’hui, je reconnais qu’il n’est pas facile de porter un projet”.
Olivier Borel (en juin dernier lors d’une manifestation lait contre la grande distribution) : “on va sortir du régime quota. J’aimerais que nos politiques qui le susurrent tout bas le reconnaissent tout haut. Plus de droit administratif pour gérer les volumes et être toujours présent sur nos marchés, il faut donc mettre en place un outil de droit privé. Ça se prépare mais dans le contexte syndical d’aujourd’hui, je reconnais qu’il n’est pas facile de porter un projet”.
© TG

La FDSEA de l’Orne tient son assemblée générale le lundi 22 mars à 19 h 30 au Hall d’Exposition d’Argentan. Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA, évoquera les grands chantiers de la FNSEA et ouvrira le dossier “Environnement”. En attendant, tour d’actualité avec son président, Olivier Borel.

Vous êtes à mi-parcours de vos assemblées cantonales. Quelle est l’ambiance dans les campagnes ?
Ce moment de rencontre et d’écoute sur le terrain des adhérents de la FDSEA est un exercice privilégié auquel je prends beaucoup de plaisir. Les agriculteurs sont venus nombreux, ce qui conforte notre légitimité territoriale. J’ai senti une grande inquiétude au terme d’une année 2009 terrible mais aussi une confiance dans le travail syndical que réalise la FDSEA au niveau départemental. C’est aussi vrai pour le travail mené par notre réseau national. Nous avons été questionnés sur nos propositions, notre projet, notre vision de l’avenir des différentes productions agricoles... Le dialogue a été nourri et constructif.

L’année 2009 a été marquée par la naissance puis la montée en puissance du mouvement “apliste”. Avec un peu de recul, quels enseignements en tirer ?
Syndicalement, l’année 2009 a effectivement été très compliquée. Ce serait mentir aux agriculteurs que de prétendre le contraire. Le mouvement APLI est l’expression de producteurs de lait qui ont mis en avant la problématique du prix du lait, la problématique globale du revenu, la problématique de la pénibilité de notre travail, la problématique de la régulation... C’est le message que j’ai compris, accompagné aussi d’une demande forte de radicalisation de l’action syndicale. Un combat légitime à bien des égards et qui est le nôtre depuis de longues années. Mais c’est le moyen d’action proposé pour atteindre ces objectifs que je n’ai pas pu partager.

Pas de regrets ?
Si ! Le sentiment qu’on s’est trompé de combat. Le combat du prix du lait n’est pas le combat contre la FDSEA de l’Orne. Ce prix, on sait où il se fabrique. J’aurais aimé que leurs acteurs subissent autant de pression qu’en ont subi la FDSEA et la FNSEA. Je pense à la grande distribution et aux politiques. Je note d’ailleurs, qu’en cette campagne électorale,  ils ont la solution pour aboutir à un prix du lait rémunérateur.

Cela se traduit-il en termes d’adhésions ?
Chaque année, nous subissons des mouvements. De nouveaux agriculteurs adhèrent, d’autres s’en vont pour des raisons diverses mais je ne vais pas me cacher derrière mon petit doigt. Oui certains mettent en avant notre position vis-à-vis de la grève du lait pour ne pas renouveler leur carte syndicale. Pour autant, je ne changerai pas de position. Je reste convaincu qu’heureusement que la FDSEA a conservé son obligation de vérité vis-à-vis de ses adhérents. Heureusement qu’elle a toujours tenu un discours responsable. Transparence et vérité : c’est la base de notre syndicat.

Avant les laitiers, les céréaliers et les producteurs de viande bovine ont rué dans les brancards de la FNSEA. Ne doit-elle pas se remettre en cause ?
Je n’ai qu’un mandat départemental, ce n’est donc pas à moi qu’il faut poser cette question. Cependant, parce que je participe au nom de l’Orne à ses travaux, il faut bien comprendre qu’au niveau national les difficultés sont multipliées par 1 000. Le céréalier de la plaine de Caen n’est pas celui des Côtes-d’Or. Le producteur de lait normand n’est pas celui du Gers. L’engraisseur ornais n’est pas l’éleveur de vaches allaitantes du Massif Central. Sans parler du loup et de l’ours. Il faut donc ramener le rôle du syndicalisme dans la vie politique. La FNSEA, c’est un partenaire social qui doit émettre un avis quand elle est sollicitée par les pouvoirs publics. Elle doit donc arbitrer en son sein malgré toute la diversité de l’agriculture hexagonale. Ce n’est pas simple. Je dirai même qu’il faut du courage pour y arriver. Et du courage, nos leaders nationaux en ont. 

Le pluralisme syndical s’invite dans le débat LMA (Loi de Modernisation Agricole). La Coordination Rurale et la Confédération Paysanne frappent à la porte des interprofessions. Faut-il ouvrir ?
Rappelons en premier lieu que les interprofessions et ses organisations de filières ont été créées par la FNSEA. Rappelons aussi que des structures syndicales minoritaires, même si ça a fait “pschit”, ont sur le sujet porté plainte contre la FNSEA. Je pense notamment au dossier UNIGRAIN. 
Deuxièmement, gardons à l’esprit que les interprofessions sont des endroits de dialogue avec pour objectif la construction d’une filière dans l’intérêt général des producteurs. Elles ne doivent pas constituer un lieu d’oppositions syndicales. Je ne suis donc pas persuadé de l’intérêt d’une plus grande ouverture.

Mais ne manque-t-il pas un lieu de rencontre où tous les syndicats pourraient discuter autour de la table ?
Il existe. A France Agri Mer, toutes les structures syndicales sont représentées. Mais à l’usage, on s’aperçoit que la motivation de certains votes, c’est tout simplement “contre la FNSEA”. La bonne question à se poser, c’est “pourquoi on y va et surtout avec quel objectif ?”
Regardez ce qui se passe dans le monde du salariat. Les pouvoirs publics ont légiféré. Pour qu’un accord social soit validé, il suffit de la signature de deux structures syndicales alors qu’elles sont bien plus nombreuses. Certains sont prêts à construire alors que d’autres ne construiront jamais préférant se cantonner dans une opposition systématique.

Vous avez boudé M. Sarkozy lors de sa venue dans l’Orne en janvier. Le Président de la République a fait l’impasse sur l’inauguration du SIA. Faut-il y voir un signe politique ?
Concernant Mortagne-au-Perche, je n’ai pas boudé, j’ai commis un acte syndical. On ne pouvait décemment pas souhaiter en janvier 2010 une bonne anné agricole après une année 2009 terrible dans toutes les productions. Pour le SIA, Chirac est venu 12 fois, Mitterrand ne l’a jamais inauguré... Les hommes politiques ont bien conscience que l’agriculture représente une force économique indispensable à nos territoires mais ils n’affichent pas tous la même volonté de le faire partager. 

Nous sommes à quelques jours des élection régionales. Quel message souhaiteriez-vous faire passer aux candidats ?
On a bien du mal à croire encore à l’action politique quel que soit son niveau. Les “Y-a qu’a, faut qu’on”, ça ne suffit plus. Après le séisme agricole 2009, je pose la question : “qu’ont fait et que font les hommes politiques au niveau européen, hexagonal, régional en regard des compétences qui sont les leurs ?”
J’entends les candidats aux régionales affirmer qu’ils vont œuvrer pour un litre de lait rémunérateur, qu’ils vont se mêler au dialogue avec la grande distribution... Mais ça n’entre pas dans leur champ de compétence. Ils ne peuvent activer aucun levier à ce niveau. Je les invite plutôt à relire les conclusions de l’étude menée par le CESR qui ont été rapportées par Daniel Génissel et Fabienne Férey il y a quelques jours (ndrl : lire en page 36 et 37 de notre édition du 4 mars) . 
Pourquoi les candidats évoquent-ils des problèmatiques nationales alors que c’est sur l’installation, sur la modernisation de nos outils à travers le PMBE qu’on les attend ?

Un grand nombre se prononce quand même en faveur des circuits courts, c’est une réponse concrète ?
Je dit “oui” aux circuits courts mais n’oublions pas le poids des productions de masse bas-normandes dans l’agroalimentaire régional. Il faut se poser les bonnes questions pour avoir les bonnes réponses.

Il y a un mot presque tabou aujourd’hui : “contractualisation”. Faut-il en avoir peur?
La contractualisation ne date pas d’aujourd’hui. Dans la filière cidricole, elle a été mise en place il y a 20 ans avec succès. Autre succès dans la filière oléoprotéagineuse. Heureusement que des producteurs se sont pris en main et se sont, à un moment donné, posé la question : quels outils à construire aujourd’hui pour vendre demain notre production ? Le résultat, c’est Glon-Sanders, Lesieur, le diester (...) qui ont été repris par un pôle agricole. C’est une reprise du pouvoir économique.
En résumé, la contractualisation n’est pas une nouveauté. Elle s’est cependant plus ou moins développée selon les productions.

Et concernant plus particulièrement la contractualisation laitière ?
On va sortir du régime quota. J’aimerais d’ailleurs à ce titre que nos politiques qui le susurrent tout bas le reconnaissent tout haut. Plus de droit administratif pour gérer les volumes et être toujours présent sur nos marchés, il faut donc mettre en place un outil de droit privé. Ça se prépare mais dans le contexte syndical d’aujourd’hui, je reconnais qu’il n’est pas facile de porter un projet.  Cependant, je n’ose imaginer demain un monde sans syndicalisme.

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