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Un vent de VANA sur la ferme normande
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Les VANA (VAlorisation Non Alimentaire) des produits agricoles soufflent sur la ferme normande. Un sujet évoqué lors de la session de la Chambre régionale d’Agriculture qui s’est tenue ce lundi en présence de Xavier Beulin, président de la FOP
Xavier Beulin (au premier plan) : "il faut valoriser les sous-produits des biocarburants dans un contrat gagnant/gagnant céréalier/éleveur. La France importe pour l’instant 50 % de ses besoins en protéines végétales. Garantir une traçabilité constitue un atout supplémentaire pour les filières animales".
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TG
Jean-Baptiste Chalret du Rieu et Jean-Luc Duval.
Je suis confiant sur le rôle positif de la demande non alimentaire des produits agricoles mais il faut mesurer la dimension animale/végétale, faire preuve de volonté, de capacité, voire d’audace et surtout ne pas nous disperser". Pour Xavier Beulin (président de la FOP, du Cetiom, de Sofiproteol et de la Chambre d’Agriculture du Loiret), les valorisations non alimentaires des produits agricoles ouvrent de réelles perspectives sous conditions. "Ne reproduisons pas le schéma des années 70 qui n’a fait de nous que des producteurs de matières premières", a-t-il insisté. Pour ce faire, il faut garder la main, notamment en investissant dans la RD (Recherche et Développement), et contrer les pétroliers. Le président de la FOP justifie ainsi le bien fondé d’une filière longue décriée par la Coordination rurale qui considère que "les usines à gaz financées par les agriculteurs ne sont pas rentables". Mais loin d’opposer les genres, Xavier Beulin s’est posé en fédérateur et prône une vue à long terme sans déconnecter l’alimentaire du non alimentaire. L’enjeu est de s’approprier la valeur ajoutée, pour les céréaliers mais aussi au bénéfice des éleveurs. Quant aux filières courtes, il n’y a pas antinomie. L’ONIDOL creuse d’ailleurs le sujet en étudiant l’intérêt technique, économique, juridico-fiscal mais aussi au niveau des tourteaux de cette filière. But : "développer la capacité de conseils auprès des agriculteurs".
La Normandie en ligne
Sur ce dossier, la Normandie se met en ligne. Elle dispose déjà des unités de Grand Couronne (76) qui va écraser 1,2 MT de colza et de Lillebonne (76) avec 700 000 T de céréales. D’autres projets émergent ou sont déjà sur les rails notamment du côté des CUMA, de la coopérative de Creully (14) ou bien encore à Lisieux (SARIA) avec un projet d’estérification de suif (corps gras des animaux). "L’herbe, en tant que biomasse, pourrait-elle également y trouver sa place ?", s’est interrogé Jean-Luc Duval soulignant au passage d’autres utilisations non alimentaires autour de la pomme avec Val de Vire Bioactives.
A l’heure aussi où les Etats-Unis transforment déjà 50 % de leur production de maïs en éthanol, la France doit changer de braquet et faire front commun face aux nouveaux enjeux. En 2010, entre 40 et 50 millions d’hectares (sur un total de 600) seront consacrés aux usages non alimentaires. Une vision partagée par Cyrille Schott, Préfet de région, qui participait pour la première fois à une session de la Chambre régionale. "Cette filière va monter en puissance (...) et vous avez une vision dynamique de l’agriculture normande", s’est félicité le représentant de l’Etat. Et au delà de l’aspect économique du dossier, c’est le volet environnemental et l’image du métier d’agriculteur qui pourraient s’en trouver inversés.
Th. GuillemotRecrue
Nouvelle recrue à la Chambre régionale d’Agriculture, Jean-Baptiste Chalret du Rieu (ici en compagnie de Jean-Luc Duval, président de l’ARDEC) prend la responsabilité du service régional cidricole. Il remplace Stéphane Sanchez.