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Elevage
Une période clé de la conduite fourragère

La mise à l’herbe des troupeaux allaitants.

Sortir dès que possible les vaches allaitantes à l’herbe, récolter beaucoup et précocement pour éviter l’épiaison sur les pâtures, conduire les troupeaux en pâturage tournant…, ces pratiques permettent d’améliorer les croissances et les performances de reproduction, tout en réduisant les coûts alimentaires.

Mettre à l’herbe dès que possible
Sortir tôt n’a que des avantages. Cela conduit tout d’abord à faire des économies de paille et de fourrage conservé. C’est aussi une garantie d’amélioration de la qualité et du rendement des prairies. L’exploitation des zones de repousse autour des déjections et des graminées les plus précoces favorise le tallage de la prairie. Sortir les animaux dès la mi-mars, voire avant si la météo et les sols le permettent, facilite la transition alimentaire. La consommation très progressive d’herbe et la mise à disposition pendant au moins 3 semaines de fourrage grossier, celui utilisé en ration hivernale, donnent le temps aux micro-organismes du rumen de s’adapter. Une longue transition permet aussi de limiter les risques sanitaires liés à la mise à l’herbe tels que les diarrhées, la tétanie, l’entérotoxémie, le raide des veaux... Sortir tôt nécessite cependant des sols portants et la présence d’abris naturels dans les prairies. 

D’abord sur les parcelles destinées à la récolte
Autant que possible, le lâcher des troupeaux se fait sur les parcelles destinées à être ensilées ou fanées, puis sur celles prévues au pâturage de printemps. L’objectif en début de saison d’herbe est de s’organiser pour ne pas être débordé par l’herbe courant mai. Pour cela, il est nécessaire d’arrêter la phase de déprimage quand la hauteur d’herbe est suffisante sur les parcelles à pâturer (mesure à l’herbomètre de 8 à 10 cm) et ajuster alors les surfaces destinées au pâturage de printemps à l’effectif bovin. Le premier cycle de pâturage doit être achevé au cours de la première décade de mai. En système allaitant herbager, l’objectif est de réserver au moins 50 % de la surface en herbe pour une récolte en 1re coupe. Il ne faut pas hésiter à “charger” au printemps. C’est l’assurance de :
- ne pas gaspiller d’herbe en mai par piétinement ;
- éviter l’épiaison sur les prairies de pâture ;
- ne pas manquer d’herbe en début d’été en disposant d’un regain précoce ;
- constituer des stocks hivernaux suffisants en volume et de qualité ;
- stimuler le rendement de la prairie.

Organiser la saison de pâturage
Si la mise à l’herbe précoce est le premier acte d’une bonne gestion des pâtures, il est nécessaire, en amont, de prévoir la répartition des lots d’animaux sur les îlots.Chaque lot de vaches ou de génisses est affecté à un îlot, composé de plusieurs parcelles, sur lequel autant que possible, le lot passera toute la saison de pâture.Selon le niveau d’intensification (fertilisation azotée…) et potentiel de la prairie (qualité de la flore, profondeur du sol…), il est nécessaire de prévoir entre 2,5 et 3,5 couples mère/veau par hectare (tableau 1).Pour chaque îlot, il est nécessaire de déterminer au préalable les parcelles destinées à la pâture et celles qui seront récoltées après déprimage.

Pâturage tournant, il n’y a pas mieux…
L’objectif est de faire tourner rapidement les lots d’animaux sur les pâtures. Au printemps, le temps de présence sur chaque parcelle est de 3 à 5 jours. Le temps de repousse doit être de 3 à 4 semaines au printemps et 5 à 8 semaines en été-automne. Cela revient à tourner sur 3 ou 6 parcelles au printemps et sur 5 à 8 parcelles en été. Les vaches sortent de la parcelle quand celle-ci est rase, à savoir à une hauteur d’herbe à l’herbomètre de 4 à 5 cm au printemps et sans refus. Le pâturage tournant permet de maîtriser l’épiaison et d’assurer tout au long de la saison une herbe feuillue et donc de qualité.Si courant mai, une parcelle est trop forte : hauteur d’herbe supérieure à 12 cm, elle est tout de suite ensilée ou enrubannée pour être réintégrée au cycle suivant. Les coûts de cette récolte sont largement compensés par le maintien d’une bonne croissance des animaux grâce à l’absence d’épiaison. Ces récoltes très précoces conviennent très bien en hiver aux bovins dont les besoins sont les plus élevés ; par exemple, les génisses d’un an ou les vaches de réforme. Elles seront aussi les bienvenues si l’herbe venait à manquer dans les mois suivants. La récolte précoce d’herbe est aussi un moyen efficace d’anticiper une sécheresse estivale.En règle générale, au-delà de 15 à 17 jours d’herbe d’avance au printemps et de 25 jours en été, il est préférable d’envisager une récolte des excédents. Les mesures à l’herbomètre permettent de calculer ce stock d’herbe disponible.Par ailleurs, le pâturage tournant stimule la pousse de l’herbe en optimisant l’effet de la photosynthèse. Il a été montré à la ferme des Etabliéres en Vendée que le pâturage tournant améliorait de 17 % le rendement des prairies comparé à un pâturage continu.La conduite élaborée du pâturage nécessite d’avoir recours à différents outils pour aider à se fixer des objectifs et à capitaliser les enseignements des années précédentes.
- Un plan parcellaire pour établir l’organisation globale de la saison.
- Un calendrier de pâturage pour avoir en mémoire les temps de présence des animaux sur les parcelles et les temps de repousse.
- Un herbomètre pour mesurer les hauteurs d’herbe entrée et sortie de parcelles et pour apprécier le stock d’herbe disponible (SHD) et décider d’une éventuelle récolte supplémentaire.Témoignage : Ludovic VIEL, éleveur à Picauville dans la Manche
Suivi dans le cadre des travaux du Réseau Viande Bovine de Normandie et participant depuis 2 années à un groupe de développement avec d’autres éleveurs allaitants de la région(1), j’ai modifié mes pratiques de conduite de pâture. Les plus grandes parcelles ont été divisées en deux. L’objectif est que les vaches restent 5 à 7 jours par parcelle. Chaque lot (4 lots de vaches et 2 lots de génisses) dispose d’un parcellaire adapté : 5 à 8 parcelles de 2 à 3 ha pour des lots de 25 à 35 animaux, avec un point d’eau par parcelle et des clôtures électriques. Disposer d’un parcellaire groupé est à ce titre un atout important. Mes vaches sortent à compter de début mars, au fur et à mesure des vêlages. Si tout va bien, veau en forme et conditions climatiques acceptables, les vaches vêlées sortent avec leur veau dès le lendemain du vêlage. En 2012, les 46 broutards vendus pesaient en moyenne à 285 kg et étaient âgés de 6,3 mois. En 2 ans, avec la mise en place du nourrisseur uniquement pour les veaux mâles, environ 120 kg de concentré consommé par broutard, et l’amélioration de la conduite de mes pâtures, je pense avoir augmenté le poids de mes broutards d’au moins 30 kg. Il me faut vendre précocement mes broutards pour mettre une partie des vaches dans le marais et limiter ainsi le chargement sur le « haut pays » où, compte tenu de mon effectif de vaches, je fais peu de récolte. Les vaches sont en meilleur état en fin de saison d’herbe et c’est tant mieux, car l’hiver, elles n’ont que du foin en stabulation et pas toujours de première qualité… quand les récoltes sont tardives comme l’année passée. Les vaches réformées en cours de saison de pâture sont aussi plus lourdes. Les prairies semblent s’améliorer, je vois un peu plus de trèfle et de ray-grass. Par contre, j’ai toujours de l’agrostis rampant qu’il va falloir combattre. Jusqu’ici, j’hésitais à récolter sur le “haut pays”…, peur de manquer d’herbe…, mais en fait dans notre région, c’est rare de manquer d’herbe avant l’été. Je pense pouvoir encore récolter plus vite vers la mi-mai. Ces quelques récoltes précoces me permettent de disposer d’un enrubannage de qualité, bien utile en été en cas de sécheresse et parfaitement adapté à mes génisses d’1 an en hiver. S’il fallait trouver un point négatif, les vaches ont plus tendance à “gueuler” quand elles me voient. Tant pis, elles seront changées. quand la parcelle sera propre. (1) Groupe associant Bovins Croissance et la Chambre d’agriculture de la Manche, ouvert à tous les éleveurs allaitants du département, et bénéficiant du soutien financier du Conseil général de la Manche.

La ferme en quelques mots
- 1 unité de main-d’œuvre.
- 110 ha de prairie peu fertilisée dont 40 ha de marais.
- 95 femelles Charolaises mises à la reproduction.
- 30 à 35 génisses élevées par an, vêlage à 35 mois.
- Vêlages groupés à compter de début mars.
- IVV 350 jours. IVV 1er-2e vêlage 365 jours.
- Vente de broutards de septembre à novembre.
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