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L’interculture
Une période cruciale pour la réussite future de vos cultures

Par définition, l’interculture correspond à la période entre deux cultures, ce qui ne signifie pas pour autant que la parcelle doit être délaissée, bien au contraire !

C’est à ce moment qu’une grande partie de la réussite de la culture suivante se joue : maintien de l’azote sur la parcelle, conservation de la structure et de la vie du sol, limitation de la battance et de l’érosion, etc. 

Raisonner vos interventions selon les caractéristiques de l’interculture
Les enjeux de préservation du sol (exemple : ruissellement, érosion) varient selon la période et la durée de l’interculture.
Plus l’interculture est longue, plus le sol sera susceptible de subir des agressions (climatiques ou autres) et plus sa structure risquera d’être déstabilisée. Dans ce cas, les techniques mises en œuvre doivent avoir des effets durables dans le temps.
Les caractéristiques de l’interculture sont bien différentes selon qu’elle ait lieu après une culture de céréale à paille ou de maïs : conditions de récolte,
vitesses de développement des couverts, importance de la minéralisation, quantité de précipitations, etc. Les techniques culturales les plus adaptées pendant l’interculture ne sont par conséquent pas les mêmes, il faut raisonner le choix de ces interventions (voir exemple ci-dessous).

L’interculture après les céréales à paille : privilégiez l’implantation de couverts
Les récoltes estivales sont peu sensibles aux tassements car les moissonneuses batteuses sont généralement utilisées sur des sols ressuyés. Les ruissellements et l’érosion sont plus rares dans les quelques semaines qui suivent la récolte, d’autant qu’il reste généralement des résidus en surface (même après récolte des pailles).
L’enjeu principal est d’avoir un sol protégé pour la fin de l’été ou début de l’automne. A cette période, la minéralisation redémarre et de fortes quantités d’éléments fertilisants peuvent être perdus si aucun couvert n’est implanté. De plus, les pluies d’automne sont parfois fortes, elles peuvent conduire à la déstructuration du sol (croûte de battance, prise en masse, etc.) et à l’apparition de phénomènes de ruissellement et de lessivage.
Etant donné que les cultures intermédiaires sont capables de couvrir rapidement le sol si elles sont implantées après une récolte d’été, cette solution est la plus efficace et la plus durable.
L’interculture après le maïs : des pratiques à raisonner en de votre sol
Dans la région, les récoltes de maïs sont relativement tardives et parfois réalisées en conditions limites (sol non ressuyé). Les risques de tassement sont importants et l’implantation tardive de couverts peut s’avérer difficile.
Dans le cas d’une interculture courte (future implantation de céréales), c’est le travail d’implantation qui permet de redonner une bonne structure au sol, si elle n’est pas satisfaisante. Si au contraire le sol a une structure correcte, les céréales tolèrent bien un travail simplifié. 
Dans le cas d’une interculture longue (future implantation de maïs), le travail du sol ne suffit pas : la couverture du sol est indispensable. Pour faciliter le futur maïs, le sol doit absolument être protégé des pluies hivernales. Pour réussir son couvert, la meilleure solution est d’anticiper : choisissez la précocité de votre variété afin d’ensiler au plus tôt afin que le couvert hivernal profite encore de conditions clémentes. Il est aussi possible de semer des couverts sous le maïs en place dès le stade 8-10 feuilles, avec une bineuse équipée d’un semoir.

Le travail du sol : les bonnes pratiques à mettre en place
La première chose à faire est de minimiser toutes les dégradations que pourrait subir votre sol, notamment lors des récoltes. L’entrée dans les parcelles doit se faire en conditions ressuyées avec du matériel adapté (pneus larges à basse pression et éventuellement effaceur de traces de roues).
L’objectif du travail du sol pendant l’interculture est de redonner une bonne structure au sol, puis de la conserver. Pour cela, il faut parvenir à engendrer une structure motteuse qui ne crée pas de voies préférentielles d’écoulement. Cela permet une meilleure rétention de l’eau en surface qui a ainsi le temps de s’infiltrer. Cela permet aussi de prévenir l’apparition d’une croûte de battance ou la prise en masse du sol. Des essais réalisés en Haute-Normandie (voir graphique) montrent que les ruissellement sont divisés par 10 entre une parcelle déchaumée de manière grossière et une parcelle non travaillée (ou déchaumée de manière trop fine).
En général, il est conseillé de déchaumer le plus rapidement possible après la récolte afin de redonner de la porosité au sol et d’effacer les traces de roues. Le semis d’un couvert peut se faire presque simultanément, ce qui permet de profiter de l’humidité encore présente dans le sol et d’assurer une levée homogène.

Principales limites
Le travail du sol, bien qu’il permette rapidement de redonner une bonne structure au sol, n’a pas un effet durable dans le temps. Si l’interculture est longue, les pluies dégraderont petit à petit la surface du sol et ce d’autant plus vite que le travail aura créé de la terre fine.

La couverture des sols : les bonnes pratiques à mettre en place
L’implantation de couverts végétaux doit être favorisée dès que possible, notamment parce que le travail du sol n’a pas d’action sur le piégeage des éléments fertilisants. Au contraire, le travail du sol a tendance à accélérer la minéralisation. Les éléments libérés seront alors perdus si aucun couvert n’est en place pour les capter. L’utilisation de ces couverts comme Cultures Intermédiaires Pièges à Nitrates (CIPAN) est maintenant bien connue. Rappelons tout de même qu’un sol couvert permet de réduire le lessivage de 30 à 80 kg d'azote/ha. Une partie des éléments piégés pourront être restitués aux cultures suivantes (particulièrement si des légumineuses sont implantées).
Néanmoins, le piégeage des nitrates est bien loin d’être leur seul avantage ! Les couverts jouent un rôle très important dans la structuration du sol et son bon fonctionnement. Dès 40 % de couverture, la partie foliaire agit efficacement pour protéger le sol des agressions climatiques (vent, pluie, gel…). Le sol est alors moins sensible à la battance et les ruissellements sont réduits (voir schéma). Cette couverture limite le développement des adventices et fournit abri et nourriture aux organismes du sol qui continuent ainsi d’assurer leurs fonctions biologiques indispensables. Dans le même temps, le système racinaire des couverts améliore la structuration et la porosité du sol, donc la circulation de l’air et de l’eau. Par ailleurs, les particules (de terre, d’éléments fertilisants ou de produits phytosanitaires) sont arrêtées par les couverts et captées par les racines, ce qui contribue à limiter les pollutions diffuses.
Pour une efficacité optimale, les couverts à forte croissance foliaire et racinaire sont recherchés. Les mélanges d’espèces sont intéressants car ils permettent de couvrir au maximum la surface et d’explorer une grande partie du sol grâce à des systèmes racinaires complémentaires (pivotants, fasciculés, etc).
Les cultures dérobées sont aussi considérées comme des cultures intermédiaires, leur intérêt complémentaire est évidemment l’appoint fourrager qu’elles permettent, notamment à la suite d’épisodes de sécheresse. Les espèces fourragères pouvant être utilisées en pur ou en mélange (en orange dans le tableau).

Principales limites
Les couverts ne sont pas efficaces immédiatement après le semis (particulièrement pour des semis tardifs), leur action se renforce au cours de leur développement et dure tant que le couvert couvre le sol. C’est donc l’inverse du travail du sol qui est immédiat mais moins durable.

Remarque
En semis direct, le sol n’est pas du tout travaillé, la couverture est dans ce cas indispensable pour protéger la structure du sol (cultures intermédiaires, résidus, mulch…). Dans ce type de système basé sur le bon fonctionnement de la vie du sol, les couverts jouent un rôle crucial, même pour des intercultures courtes.
En deux mots
L’interculture est une période cruciale pour la réussite de votre future culture. Selon les caractéristiques et les enjeux de l’interculture, vous devez choisir les interventions adaptées. Les principales actions possibles sont le travail du sol et l’implantation de cultures intermédiaires. Leurs avantages et limites sont opposés : rapidité ou durabilité ; à vous de décider en fonction de votre contexte.
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