Aller au contenu principal

A Cagny (14)
Une pollution de la ville quand l’agriculteur se met au bio

Dans les campagnes, le nombre d’agriculteurs a chuté. Dans les communes, leur influence s’est, peu à peu, étiolée. A Cagny, Jean-François et Cécile Vanel ont fini par déposer plainte contre la mairie. L’agriculteur regrette que les mêmes règles environnementales ne s’imposent pas à tous.

© VM

Le 12 février 2014, Jean-François Vanel s’est rendu à la gendarmerie. L’agriculteur y a déposé plainte contre la mairie de Cagny. La réception de deux courriers recommandés du premier édile a motivé les exploitants à passer par la voie juridique. Le motif : “pollution d’un terrain privé”. La démarche n’est pas anodine et symbolise une relation laborieuse. Au cœur du conflit se dessine une forme d’incompréhension entre des citadins et un monde agricole parfois esseulé. 

90 de l’étang aux agriculteurs et 10 à la commune
À l’origine du conflit : un petit plan d’eau, situé sur le Petit Sémillon, un cours d’eau. La ville en possède 10 , Jean-François et Cécile Vanel 90 . Le couple d’agriculteurs exploite également un herbage jouxtant cet étang. Sur l’autre rive, la mairie a aménagé un espace vert avec des bancs et des tables de piques nique. “Lors de l’installation de cette aire de détente, nous nous sommes interrogés sur la personne responsable en cas de noyade. L’étang nous appartient à 90 et aucune barrière ne le protège. La préfecture nous a indiqué qu’il n’y avait pas de souci”, raconte Jean-François Vanel.

Pollution aux hydrocarbures
Les agriculteurs ont également subit la pollution de l’étang. Les eaux des caniveaux et les restes d’hydrocarbures des aires bitumées de stationnement de la commune y terminent. La mairie n’a d’ailleurs pas nié le souci. Elle a mandaté une entreprise pour épandre des bactéries. Ces dernières sont censées consommer la pollution. L’effet ne semble pas probant. Des algues se sont développées. “Nous avons donné notre accord pour ce traitement. Même s’il ne semble pas la solution adéquate. La Chambre d’agriculture avait également suivi ce dossier et conseillé l’installation d’un filtre déshuileur. Ce type d’installation coûte plusieurs dizaines de milliers d’euros. La commune n’a donc rien fait. On demande aux agriculteurs de ne pas polluer. Sur ce sujet, les collectivités prennent parfois plus de liberté”. Ces agriculteurs ne rejettent pas les aspirations de la société. Cécile Vanel est installée depuis un an en vaches allaitantes bio. Pour permettre leur regroupement à terme, Jean-François a entamé la conversion de son cheptel. Mais, ses animaux bio ne peuvent boire l’eau pompée dans l’étang.
“Légalement, j’ai le droit de reboucher le plan d’eau. Le cours d’eau doit juste continuer à s’écouler normalement”, souligne Jean-François Vanel. Cette option pourrait d’ailleurs limiter un autre potentiel conflit lié au curage. Quand l’étang est curé, les boues sont étalées sur le terrain des agriculteurs. Ils récupèrent ainsi les bouteilles de plastique et autres déchets qui jonchent l’étang.  “Pourtant, nous n’avons refusé le curage que l’hiver. Car il abîmait les herbages”, insistent les éleveurs.

Le droit de reboucher
Tous ces petits conflits sont restés informels jusqu’en 2013. “Mon voisin a refait les canalisations de sa cour. Elles étaient en pierre. Ces cailloux ont été déversés sur les berges de notre partie de l’étang et sur notre terrain”, explique Jean François Vanel. La réaction de la mairie est cependant immédiate. Dans trois lettres, dont deux courriers recommandés, le maire demande : “d’enlever de suite, le tas de gravats bordant le petit Sémillon pour éviter un endommagement plus conséquent du cours d’eau”. La mairie oublie sa responsabilité dans la pollution du cours d’eau. Cécile et Jean-François Vanel perdent patience. Ils ont donc déposé plainte. Affaire à suivre.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

Six installations plutôt qu'un (des) agrandissement(s) en Normandie
Safer et JA Normandie ont réuni, samedi dernier à Petit-Caux près de Dieppe (76), les acteurs d'une opération foncière inédite…
Les organisateurs ont présenté l'affiche officielle et le programme, lundi 25 mars 2024 à Lisieux.
La foire de Lisieux de retour ce week-end du 6 et 7 avril 2024
Habituellement organisée début mai, la Foire de Lisieux revient dès le 6 et 7 avril 2024 pour cette nouvelle édition. Au…
GAGNEZ 2 PLACES POUR LE MATCH SMC - LAVAL
Jeu concours pour aller encourager votre club normand au stade d'Ornano !
Nicolas Legentil était l'hôte d'une porte ouverte allaitante, jeudi 14 mars, à Brémoy. Il a fait visiter son exploitation aux 250 invités.
[EN IMAGES] Taurillons : le Gaec Legentil expose son savoir-faire dans le Calvados
Jeudi 14 mars 2024, le Gaec Legentil a accueilli plus de 250 personnes sur son exploitation, à Brémoy, dans le Calvados, pour une…
Le nouveau bureau de la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait) a été élu. Il est présidé par Yohann Barbe, producteur dans les Vosges.
Ludovic Blin et Benoit Gavelle, deux Normands dans le bureau de la FNPL
Depuis le 9 avril 2024, en succédant à Thierry Roquefeuil, Yohann Barbe devient le nouveau président de la FNPL (Fédération…
Hervé Morin, président de la Région Normandie et Clotilde Eudier, vice-présidente de la Région en charge de l'agriculture, ont été accueillis chez Romain Madeleine, éleveur à Le Molay-Littry pour présenter le plan "reconquête de l'élevage allaitant", en présence de Nicolas Dumesnil (tout à gauche), président d'Interbev Normandie, et en présence du maire, Guillaume Bertier (au micro).
La Normandie à la reconquête de l'élevage bovin
C'est sur l'exploitation de Romain Madeleine, éleveur installé à Le Molay-Littry (Calvados) que la Région Normandie a lancé son…
Publicité