Aller au contenu principal

Production légumière :
Une situation économique désastreuse

Christian De Koninck est président du syndicat des maraîchers du Calvados. Il revient sur la situation difficille traversée par les producteurs du département.

Christian De Koninck
Christian De Koninck
© DR

Vous êtes le président du syndicat des maraîchers du Calvados, quelle est la situation dans notre département ?
Le constat est sans appel. Les producteurs de légumes subissent une nouvelle année de crise, dont l’été 2009 a été une illustration cruelle. La campagne 2009 a fortement accentué la fragilité économique que connaissent les entreprises depuis plusieurs années. Les producteurs ont vu les prix de vente de leurs produits passer en dessous du coût de revient pour la plupart des productions de légumes.

Cette situation est-elle due à une surproduction française ?
Non. Clairement, la situation économique des entreprises n’est pas due à une surproduction française. Certaines productions ont subi un développement de l’offre sur les marchés européens. Or nous sommes déjà fragilisés par un coût de travail élevé, puis par la crise énergétique, mais aussi par des ristournes indues, prélevées sur les entreprises au détriment de leur rentabilité. Une mise en concurrence accrue  avec les produits d’importation a été le facteur principal de la crise de 2009. Cette crise a entraîné une perte de revenu des producteurs de 16 %, aggravant une situation délicate. En 2007, les producteurs avaient déjà subi une  baisse de leur revenu de 49 % !

Comment dans ce contexte redonner de la compétitivité aux entreprises ?
Il est plus que nécessaire de réduire fortement les distorsions de concurrence. D’abord le coût de la main d’œuvre, qui représente jusqu’à 70% de coût de production selon les cultures, avec un différentiel de 41.5% en Espagne, 50% en Belgique ou encore 84% avec l’Allemagne. Cette distorsion est également très forte avec le Maroc, dont la main d’œuvre est 15 fois moins chère qu’en France. Sur la question de la protection des cultures, là encore nous partons perdants : Nous ne disposons pas des mêmes produits phyto et nous devons faire face à de nombreuses impasses techniques.  Nous sommes également soumis à la TGAP (taxe générale sur les activités polluantes) sur les produits phyto, taxe qui n’existe pas dans les autres pays européens. A cela va s’ajouter la taxe carbone, qui va contribuer à accentuer l’écart de compétitivité !

La balle est donc dans le camp du Gouvernement ?
Oui. Au-delà de l’impact économique qu’entraînent ces distorsions, c’est l’indépendance alimentaire de la France qui est en jeu. Il est aujourd’hui de la responsabilité des pouvoirs publics de faire un choix, pour maintenir un approvisionnement de qualité et de proximité aux citoyens.

Quelles  solutions prônez-vous ?
Il faut agir sur les coûts de production, d’abord sur le plan énergétique (pérenniser le remboursement de la TIPP, baisser les tarifs du gaz..), ensuite sur le plan de la main d’œuvre. Plusieurs solutions peuvent être trouvées, comme maintenir durablement une aide de 4€/heure sur l’ensemble des heures travaillées, jusqu’à ce que l’harmonisation sociale européenne soit effective. Et enfin, il est urgent de moraliser les relations commerciales et de sanctionner les pratiques abusives. C’est par ces mesures que les chefs d’entreprises pourront continuer à produire durablement. Une table ronde est organisée le 22 septembre avec les Producteurs de Légumes de France et le Ministre de l’Agriculture.

Propos recueillis
par Hélène CHARTREAU

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

Six installations plutôt qu'un (des) agrandissement(s) en Normandie
Safer et JA Normandie ont réuni, samedi dernier à Petit-Caux près de Dieppe (76), les acteurs d'une opération foncière inédite…
Les organisateurs ont présenté l'affiche officielle et le programme, lundi 25 mars 2024 à Lisieux.
La foire de Lisieux de retour ce week-end du 6 et 7 avril 2024
Habituellement organisée début mai, la Foire de Lisieux revient dès le 6 et 7 avril 2024 pour cette nouvelle édition. Au…
GAGNEZ 2 PLACES POUR LE MATCH SMC - LAVAL
Jeu concours pour aller encourager votre club normand au stade d'Ornano !
Nicolas Legentil était l'hôte d'une porte ouverte allaitante, jeudi 14 mars, à Brémoy. Il a fait visiter son exploitation aux 250 invités.
[EN IMAGES] Taurillons : le Gaec Legentil expose son savoir-faire dans le Calvados
Jeudi 14 mars 2024, le Gaec Legentil a accueilli plus de 250 personnes sur son exploitation, à Brémoy, dans le Calvados, pour une…
Hervé Morin, président de la Région Normandie et Clotilde Eudier, vice-présidente de la Région en charge de l'agriculture, ont été accueillis chez Romain Madeleine, éleveur à Le Molay-Littry pour présenter le plan "reconquête de l'élevage allaitant", en présence de Nicolas Dumesnil (tout à gauche), président d'Interbev Normandie, et en présence du maire, Guillaume Bertier (au micro).
La Normandie à la reconquête de l'élevage bovin
C'est sur l'exploitation de Romain Madeleine, éleveur installé à Le Molay-Littry (Calvados) que la Région Normandie a lancé son…
Le nouveau bureau de la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait) a été élu. Il est présidé par Yohann Barbe, producteur dans les Vosges.
Ludovic Blin et Benoit Gavelle, deux Normands dans le bureau de la FNPL
Depuis le 9 avril 2024, en succédant à Thierry Roquefeuil, Yohann Barbe devient le nouveau président de la FNPL (Fédération…
Publicité