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Ensilage de céréales immatures
Une solution pour compléter les stocks

L’ensilage de céréales immatures, peut-être une des premières solutions à une sécheresse de printemps.

On recommande de récolter le blé environ 30 à 40 jours après la floraison soit un mois à 3 semaines avant la récolte en grain, lorsque le grain s’écrase encore facilement et que la plante commence à jaunir. Pour l’orge, on conseille d’ensiler 15 à 20 jours après la floraison du fait de la présence des barbes.
On recommande de récolter le blé environ 30 à 40 jours après la floraison soit un mois à 3 semaines avant la récolte en grain, lorsque le grain s’écrase encore facilement et que la plante commence à jaunir. Pour l’orge, on conseille d’ensiler 15 à 20 jours après la floraison du fait de la présence des barbes.
© DR

Il doit être réalisé à un stade laiteux-pâteux. C’est à ce stade que la digestibilité et l’ingestibilité sont encore assez élevées et que les rendements sont les plus importants, de 8 à 12 tonnes/ha de matière sèche au champ en une seule coupe. On estime que les rendements en ensilage, un mois avant la récolte en grain, représentent 170 % du rendement en grain. Sur cette base, on peut espérer 10 tonnes de MS de fourrages pour 60 quintaux de grain. Il faut ensuite déduire 15 % de pertes (1,5 T MS), pour obtenir le rendement utile, soit 8,5 T MS/ha. La surface de céréales à ensiler dépend du rendement possible et de l’état des stocks fourragers de l’élevage (ensilage d’herbe récolté) mais aussi de l’espérance de rendement sur le maïs et les repousses d’herbe et des cultures dérobées.
Par ailleurs, les céréales immatures ensilées permettent de libérer précocement les terres et d’envisager une culture dérobée complémentaire (RGI, colza, sorgho fourrager)… à condition qu’il y ait de l’eau. Cependant, elles privent de paille l’exploitation qui dispose d’une stabulation avec aire paillée. Aujourd’hui, il est difficile de prévoir le prix d’achat de la paille à l’automne mais la spéculation semble avoir déjà commencé.

Récolter au stade laiteux-pâteux sans se laisser déborder
La part de l’épi dans la matière sèche de la plante passe de 15 % à la floraison à 50-60 % environ au stade pâteux. Pendant la même période, la teneur en MS évolue de 15-20 % à 30-40 % avant d’augmenter très rapidement. C’est au stade laiteux-pâteux qu’il faut récolter car au-delà la conservation devient plus difficile et les quantités ingérées chutent, alors que la valeur énergétique reste constante
On recommande de récolter le blé environ 30 à 40 jours après la floraison soit un mois à 3 semaines avant la récolte en grain, lorsque le grain s’écrase encore facilement et que la plante commence à jaunir. Pour l’orge, on conseille d’ensiler 15 à 20 jours après la floraison du fait de la présence des barbes.
Mais attention, le bon stade pour l’ensilage est court et dure moins d’une semaine. Pour éviter de se faire piéger, il faut s’organiser en conséquence et il vaut mieux commencer un peu plus tôt.
Ceci est d’autant plus vrai si l’on ne dispose pas (en plus) d’ensileuses à barre de coupe, le chantier décomposé entraînant un gain de matière sèche non souhaité et aussi des pertes de grains et d'épis supplémentaires.

- Attendre 3 semaines après tout traitement pesticide
Les céréales traitées aux pesticides depuis moins de 3 semaines ne doivent pas être ensilées, car la plupart de ces produits modifient ou perturbent les fermentations en silo et risquent de laisser des résidus qui pourraient passer dans le lait. En cas de traitement récent, il vaut mieux laisser mûrir la céréale pour la récolter en grain.

- Hacher fin et bien tasser
L’ensilage de céréales immatures se conserve bien à condition de ne pas récolter au-delà de 35 % de MS et de hacher fin. Une finesse de hachage de 1 à 2 cm facilite le tassement et permet d’améliorer les quantités ingérées. Il convient donc de régler et d’aiguiser les couteaux au moins 2 fois par jour. Au-delà de 40 % de MS (cas d’une récolte trop tardive), le tassement devient plus difficile. On peut alors réhumidifier le fourrage.
Pour abaisser la teneur en MS de 5 points, il faut apporter environ 140 litres d’eau (ou mieux un mélange eau + 3 litres d’acide formique) par tonnage de fourrage.

- Comment récolter ?
3 techniques sont utilisables :
1 - coupe directe avec une ensileuse à maïs équipée de becs Kemper (difficile sur culture versée) ;
2 - fauche + reprise avec ensileuse équipée d’un pick-up ;
3 - coupe directe spécifique “céréales immatures” (usage exclusif).

- Assurer une bonne finition     du silo
Pour limiter le développement des moisissures, il est recommandé d’épandre 2,5 à 3 kg de sel par m² de silo en le faisant pénétrer dans une zone de 20 à 25 cm (par exemple 1 kg de sel/m² pour les 3 dernières couches d’ensilage). Un tassement énergique, la fermeture immédiate à l’aide d’une bâche plastique labellisée puis un bon chargement de la bâche (pneus jointifs, sable …) restent des mesures indispensables.

- Ajuster la taille du silo     à la vitesse d’utilisation
Pour éviter que le front d’attaque de l’ensilage ne réchauffe à l’ouverture, il faut que la vitesse d’avancement soit suffisante (15 cm par jour). Pour avancer vite, la hauteur du silo est le plus souvent comprise entre 1-1,5 m. Si le silo chauffe quand même, il est indispensable de bien charger le front d’attaque.

- Une valeur énergétique     plutôt faible mais une bonne     ingestion
La valeur alimentaire des ensilages de céréales immatures se rapproche de celle d’un ensilage de maïs médiocre. La valeur énergétique dépend essentiellement de la teneur en grain. Pour des céréales “normales” les tables de l’INRA indiquent des valeurs énergétiques de 0,65 à 0,70 UFL et 0,55 à 0,60 UFV selon le type de céréales.

Pour quels animaux ?
La valeur alimentaire de ces ensilages conduit à les réserver d’abord aux animaux à besoins limités : génisses et bœufs de plus de 6 mois, vaches taries, vaches laitières en seconde moitié de lactation ou vaches allaitantes. On peut aussi distribuer cet ensilage en ration mixte avec un bon fourrage.
- Des essais réalisés sur des génisses par l’Institut de l’élevage et les EDE du Finistère et des Côtes d’Armor ont montré que les ensilages de céréales immatures distribuées à volonté permettaient des performances identiques à celles observées avec de l’ensilage de maïs rationné (sur la base de 1,7 kg MS pour 100 g de poids vif) si l’on rajoutait un peu plus de concentré.
Des ensilages de céréales immatures distribuées à volonté et ingérées sur la base de 2 kg MS pour 100 kg de poids vif peuvent être complémentés par 500 g de tourteau de soja et 80 à 100 g
d’un CMV de type 8-16 et permettent des croissances supérieures à 650 g. Par contre si les consommations sont inférieures à 2 kg MS/100 g PV, il est nécessaire de prévoir un apport énergétique complémentaire (1kg de pulpe par exemple) si l’on veut atteindre des croissances de 700 g/j environ).
- Pour les vaches laitières, les valeurs UFL comprises entre 0,64 et 0,75 UFL/kg MS plutôt faibles font que ce fourrage est plutôt un complément à l’ensilage de maïs ou d’une herbe ensilée jeune. Cette valeur UFL diminue avec la teneur en cellulose (paille). Les blés étant très courts cette année, on peut penser que les valeurs énergétiques seront dans la fourchette haute.
Pour les vaches laitières, 3 à 4 kg de MS maximum permettent d’économiser l’équivalent en ensilage de maïs en limitant un peu la production laitière des hautes productrices, le TB est plus élevé et le TP se maintient. La complémentation n’a pas à être modifiée car l’énergie est mieux valorisée (dilution de l’amidon). Au-delà de ces quantités, le lait diminue.
Distribuées seules, on observe des niveaux d’ingestion de 10-12 kg de MS d’ensilage/vache/ jour. Mais les quantités ingérées varient en fonction du stade de récolte (elles chutent après le stade laiteux-pâteux), de la finesse de hachage, de la qualité de conservation. Pour maintenir de bonnes consommations, il est conseillé de nettoyer fréquemment le front d’attaque en libre-service et d’éliminer les refus dans le cadre d’une distribution à l’auge. Ce niveau d’ingestion permet d’assurer seulement une production de 4 à 6 kg de lait, en plus des besoins d’entretien. Mais cette solution est à réserver aux cas de pénurie fourragère extrême et au 10 juin 2010 nous ne sommes pas dans cette situation.
Bernard HOUSSIN 
Chambre d'Agriculture de la Manche
bhoussin@manche.chambagri.fr
www.manche.chambagri.fr

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