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Elevage
Vache allaitante et conversion à l’agriculture biologique

En production allaitante, la conversion à l’agriculture biologique est le plus souvent simple techniquement. Cependant, pour être économiquement bénéfique, la conversion doit s’accompagner d’une évolution du système vers plus d’autonomie et bénéficier des aides et plus values attendues.

6 % de surface en bio en 2012, 20 % en 2020, 20 % de repas bio en restauration collective d’état en 2012 : tels sont les objectifs fixés à l’agriculture biologique par le Grenelle de l’Environnement. Pour assurer un tel développement, plusieurs dispositifs d’aide visent à inciter à la conversion, c’est le cas de la MAE - CAB (mesure agri-environnementale conversion à l’agriculture biologique) pour les éleveurs qui souhaitent passer en bio. C’est aussi, pour les agriculteurs actuellement en bio, l’article 68 du bilan de santé qui, en prélèvement de 5 % sur toutes les aides du 1er pilier,  finance entre autres de nouvelles aides couplées aux surfaces et aux veaux sous la mère. Par ailleurs, les collectivités territoriales accordent des aides à l’investissement et à l’accompagnement.
En plus de ces incitations financières,  le développement de la consommation de produits issus de l’agriculture biologique crée un débouché valorisateur. La CFB (Commission Filière bovine d’UNEBIO) a enregistré sur 2009 une augmentation des abattages de bovins bio de 25 %. Enfin, dans sa dernière version, le cahier des charges introduit quelques souplesses.

Respecter le cahier des charges
Dans la plupart des cas, les pratiques de conduite des animaux chez les éleveurs allaitants herbagers conventionnels sont proches de celles inscrites dans le cahier des charges à l’agriculture biologique. Au niveau des pratiques sanitaires et vétérinaires, le cahier des charges préconise la mise en place de mesures préventives et, pour les animaux malades ou accidentés, il privilégie les traitements phytothérapiques et homéopathiques. Cependant, si ceux-ci se révèlent inadaptés, l’administration de médicaments allopathiques est possible dans la limite de trois traitements par an. A noter que l’administration de produits contre les strongles et douves et les vaccinations ne sont pas comptabilisées dans ces trois traitements. Seuls, les délais d’attente réglementaires sont doublés. Au-delà de trois traitements, l’animal ne peut être vendu en filière bio avant un an.
Il est à noter que, si l’insémination artificielle est autorisée, la synchronisation des chaleurs et le transfert d’embryons sont interdits.
Concernant le renouvellement du troupeau, le cahier des charges prévoit qu’il se fasse à partir de bovins provenant d’exploitations en agriculture biologique. Cependant, en cas d’indisponibilité, les achats de reproducteurs mâles issus de l’agriculture conventionnelle sont possibles. L’achat de génisses de renouvellement non bio est aussi possible dans la limite de 10 % du cheptel adulte, voire plus en phase d’extension importante du troupeau et sous réserve de l’accord de l’organisme certificateur.
La principale contrainte est au niveau de l’alimentation des animaux. Celle-ci doit être d’origine biologique. Les surfaces sont conduites sans apport d’engrais d’origine chimique et sans produit phytosanitaire de synthèse. Si la conduite des prairies permanentes en agrobiologie est techniquement abordable, c’est plus complexe pour les cultures type prairie temporaire, maïs fourrage, et céréale. La maîtrise des mauvaises herbes, la lutte contres les parasites des cultures et le maintien de bons rendements obligent souvent à évoluer dans ses pratiques. Cela nécessite de se réapproprier les bienfaits des rotations, de bien gérer les effluents d’élevage et de redécouvrir les vertus des légumineuses.
Enfin, les aliments concentrés et les minéraux achetés doivent être certifiés bio.

Adapter le système de production pour plus d’autonomie
La suppression de la fertilisation azotée minérale génère une baisse de la productivité des prairies. A système fourrager identique, pour une fertilisation azotée initiale de 40 unités d’azote par hectare de prairie, la conversion bio oblige à baisser  le nombre d’UGB de 10 à 15 %.
Cependant, s’il est possible d’optimiser le système fourrager initial, cette baisse de chargement peut être réduite. La mise en place d’un pâturage tournant, la pratique de récoltes précoces (type enrubannage et foin précoce), le recours aux légumineuses dans les prairies, l’allongement de la période de pâture et le chaulage des terres sont des solutions qui permettent de limiter la baisse de productivité des prairies initialement azotées. Ces pratiques ont aussi pour effet de maintenir les performances animales initiales.
Par ailleurs, cette amélioration du système fourrager permet, en récoltant des fourrages de qualité et en favorisant la reprise d’état des vaches pendant la saison de pâturage, de limiter l’achat de concentrés. Cette stratégie est d’autant plus intéressante que les concentrés bio sont très chers. A 250 ou 300 € la tonne de céréale et 700 ou 800 € la tonne de tourteau de soja, mieux vaut être le plus autonome possible.


Une meilleure valorisation des produits mais des marges stables
Les plus values accordées par la filière bio ne concernent aujourd’hui que les animaux sortis pour la boucherie. Sur les dernières années, celles-ci sont de l’ordre de 0,40 € à 0,70 € par kg de carcasse selon les catégories et l’orientation du marché de la viande bovine conventionnelle. Il est à noter que ces plus values ne sont accessibles qu’à l’issue de la période de conversion, à savoir après deux ans de conduite bio.
Pour une plus value moyenne de 0.50 € par kg de carcasse sur les vaches de réforme et quelques génisses de viande, les simulations faites par l’équipe viande bovine des réseaux d’élevage de Normandie chiffrent une baisse de la marge brute de 1 400 € pour un système naisseur herbager simplifié (récolte de foin, pâturage simplifié). Pour un système herbager optimisé (pâturage tournant, récolte précoce d’ensilage…), la marge est stable. 
Pour maximiser le produit viande finie et donc les plus values, l’engraissement de tout ou partie des broutards en bœufs est une orientation intéressante. Cependant, à surface constante, ce type d’orientation oblige à réduire fortement le nombre de vêlages mais ne doit pas conduire à une réduction du montant des PMTVA.
Pour une meilleure valorisation des broutards, la filière viande bovine biologique teste aussi la possibilité de produire des jeunes bovins (Barons Bio) répondant au cahier des charges : une ration contenant au moins 60 % de fourrage grossier et une durée d’engraissement en bâtiment de trois mois maximum.
Enfin, pour les éleveurs intéressés par la vente directe, le logo “AB” est un bon argument commercial. C’est aussi une façon de se protéger d’une possible saturation du marché bio si à l’avenir la production de viande bio devait croître plus vite que la consommation.

Conforter à terme le niveau des aides
La conversion à l’agriculture biologique permet, à terme, d’augmenter le niveau des aides de l’exploitation. La MAE CAB accordée pendant les 5 premières années de conversion est aujourd’hui plus intéressante que la PHAE. Le montant à l’hectare est plus élevé et elle n’est pas plafonnée. Par contre, à l’issue de ces cinq années, il sera possible de bénéficier des aides PAC de l’Article 68 du Bilan de santé et éventuellement d’un crédit d’impôt spécifique qui est aujourd’hui fixé à 4 000 €. Economiquement, ce différentiel d’aide entre l’agriculture biologique et l’agriculture conventionnelle est très en faveur de l’agriculture biologique : 8 000 à 9 000 € dans les simulations réalisées. Cependant, il reste quelques inconnues sur le devenir de ces aides, sur leur plafonnement et sur les possibilités de cumul avec les autres aides de type MAE. Malgré tout, cette orientation apparaît comme une solution pour conforter le niveau des primes dont les systèmes allaitants ont tant besoin pour dégager un revenu disponible convenable.
Outre ces considérations techniques et économiques, répondre aux demandes sociétales concernant l’environnement et la qualité des produits, se démarquer par un signe officiel de qualité reconnu, conduire un projet personnel innovant sont pour ceux qui sont sensibles à ces orientations, une évolution personnelle intéressante.
Jean-Claude DORENLOR
Chambre d’Agriculture de la Manche

Les aides spécifiques à l’agriculture biologique
Pendant les 5 premières années de conversion :
MAE - CAB* : 100 €/ha de prairie permanente
200 €/ha de prairie temporaire et culture
* Mesure agri-environnementale - conversion à l’agriculture biologique. Elle n’est pas cumulable sur les mêmes surfaces avec d’ autres MAE type PHAE. Par ailleurs, elle n’est pas plafonnée.

Au-delà des 5 ans de conversion :
- Aide PAC (Article 68)    80 €/ha de prairie permanente
100 €/ha de prairie temporaire et culture
- Crédit d’impôt :     4 000 € /an

Aides des collectivités territoriales :
- Conseils généraux : se renseigner selon les départements.
- Conseils régionaux : aide au contrôle et à l’achat de matériel spécifique.

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