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Vaches laitières : la ration sèche prend son envol
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Quelques 600 producteurs de lait ont participé, jeudi dernier à La Sauvagère (61), à une journée technique consacrée à la ration sèche pour vaches laitières.

Le concentré se présente sous forme de bouchons fibreux de 23 mm. Cette granulométrie spécifique accentue la mastication et la rumination. La vache salive plus et produit plus de bicarbonate de soude (effet tampon et limitation des risques d’acidose).
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TG

M. Fourmond avec Eric Sulmont (INZO) au premier plan.
La ration sèche pour vaches laitières n’a certes pas vocation à répondre à tout. Elle est cependant désormais validée techniquement et économiquement. Sur la zone INZO, 200 élevages l’ont adoptée. Du côté d’AGRIAL, on en comptabilise 23 auxquels il faut ajouter 27 ateliers en cours de transition. Une technique que 600 coopérateurs ont pu découvrir, jeudi dernier, à La Sauvagère (61). L’EARL du Mont d’Here, adepte depuis 2005, avait ouvert ses portes.
Adieu maïs
Le principe de la ration sèche consiste à substituer le maïs ensilage par un concentré très riche en fibre : 15 % de CB (Cellulose Brute) pour Armonie mis au point par INZO et distribué par AGRIAL. Concentré sous forme de bouchon de 23 mm “que la vache n’avale pas mais qu’elle croque”, précise Eric Sulmont (spécialiste ruminant chez INZO). La ration s’établit ainsi à 75 % de concentré (1 kg de concentré pour 2 litres de lait) et 25 % de fourrage sous forme de foin ou de paille. “Un fourrage qui doit être distribué, appétent accessible et détassé”, insiste-t-on. Haro donc sur le râtelier. Paille ou foin doivent être disponibles sur la table d’alimentation. Une technique compatible aussi avec le pâturage et qui, dans tous les cas, exige une accessibilité à l’eau sans aucune contrainte.
Intérêts techniques
et économiques
Produit moins encombrant que le maïs, le concentré offre une meilleure ingestion. La production laitière se trouve augmentée (+ 2 000 kg selon INZO) avec une baisse de TB (- 5 à
- 6 points) pour un TP équivalent. Absence de cellules et butyriques, meilleure fertilité et meilleure santé des animaux sont aussi avancées. Des arguments que confirment Mr et Mme Fourmond. La baisse du TB leur a permis de produire plus de lait avec moins de vaches (les animaux à problèmes ont été réformés). Côté fécondité, c’est presque le grand chelem. Sur 18 échographies : 16 pleines en 1re IA (Insémination Artificielle), une en 2e et une vide.
Cette amélioration des performances techniques aboutit bien évidement à l’amélioration des ratios économiques. A l’EARL du Mont d’Here, le CER (Centre d’Economie Rurale) 61 a validé une amélioration du résultat de l’ordre de 4 000 e. Mais dans tous les cas, AGRIAL propose une étude économique préalable car “il n’y a pas de réponse unique et chaque exploitation est un cas particulier”.
Simplification
du travail
Au-delà de ses atouts technico-économiques, la ration sèche peut aussi constituer une réponse sociale à certaines problématiques. “La taille des exploitations et des ateliers ne cesse de s’accroître, insiste Stéphane Nouvel (en charge des productions animales chez AGRIAL). Il faut donc trouver des solutions de simplification”. Et le concept est séduisant. Il décharge l’éleveur de toutes les opérations liées au maïs (préparation du sol, semis, suivi, ensilage et déssilage...) tout en simplifiant les opérations quotidiennes d’alimentation. “Le produit est unique et convient à la fois aux vaches laitières, génisses, vaches taries et taurillons. Il est simple à stocker et à distribuer”, argumente Stéphane Nouvel. D’autant plus simple à distribuer à La Sauvagère que nos éleveurs se sont équipés d’un distributeur sur rail entièrement automatisé.
Th. GuillemotA l’EARL du Mont d’Here
Des raisons d’organisation du travail
Producteurs de lait à La Sauvagère (Bocage ornais), Mr et Mme Fourmond (EARL du Mont d’Here) ont basculé en ration sèche en mars 2005. “Un choix motivé par une recherche de simplification du travail”, expliquent-ils. Le verdict est sans appel. “Dans l’ancien système, on terminait les soins aux animaux vers 10 h 30 et nous étions 3. Aujourd’hui à 2, tout est fini à 8 h 30”. Une grande économie donc d’heures de travail mais qui passe par une période de transition longue et à ne surtout pas négliger. Selon Eric Sulmont (spécialiste des ruminants chez INZO), cette transition est plus facile à mettre en œuvre au moment de la mise à l’herbe ou plutôt en fin de lactation. Il faut
en effet laisser un peu de temps à la vache pour lui faire avaler jusqu’à 19 kg de concentré (1 kg de concentré pour 2 litres de lait produits) et 5 à 7 kg de MS (Matière Sèche) fourrage sous forme de paille ou de foin.