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Culture
Variétés de maïs fourrage : des références pour faire le bon choix

Des variétés de maïs fourrage à la fois productives et de bonne valeur alimentaire permettront de réduire le coût des rations de l’hiver prochain. Les références issues des essais des Chambres d’agriculture de Normandie et d’Arvalis - Institut du végétal permettent de sécuriser vos choix.

Le choix des variétés de maïs fourrage cultivées peut avoir une incidence économique non négligeable car les différences de performance entre variétés peuvent être importantes : rien que parmi les variétés que nous avons testées, les écarts de rendement au sein d’un même groupe de précocité atteignent 10 à 15 %, soit 1 à 2 t de MS/ha. Pour exploitation qui cultive 20 ha de maïs cela représente autour de 2 ha en moins à implanter et autant de cultures de vente en plus. Et l’écart de rendement peut être plus important avec certaines variétés “1er prix”. La valeur énergétique (UF) des variétés présente aussi de gros écarts, atteignant fréquemment 0,02 UF/kg MS, ce qui représente une économie de complémentation énergétique de l’ordre de 0,5 kg de céréale par jour pour une ration vache laitière à 30-35 kg de lait.

Une offre abondante

Or l’offre de variétés de maïs est très abondante : le seul catalogue officiel français comporte 540 variétés de maïs de précocité adaptée aux différentes zones de Normandie. Sur ces 540 variétés, seulement 209 ont été inscrites avec la mention “fourrage”, qui permet d’avoir une première information “neutre” sur leur rendement “fourrage” et leur valeur alimentaire. Pour les autres, et toutes celles inscrites dans d’autres pays de L’UE et qui peuvent être commercialisées en France, il est difficile d’avoir une information “indépendante” sur leur valeur fourragère. De plus cette offre se renouvelle très vite : chaque année ce sont en moyenne 50 variétés adaptées à la Normandie qui sont inscrites en France. Le choix est donc difficile, d’autant plus que la gamme de prix est également très large : de 40 à 90 € la dose de 50 000 grains.Pour aider les agriculteurs dans leur choix, les Chambres d’agriculture de Normandie et Arvalis-Institut du végétal testent tous les ans une centaine de variétés dans une quinzaine d’essais répartis sur la région. Les résultats obtenus sur plusieurs années sont synthétisés et publiés dans un dépliant annuel gratuit et largement diffusé. L’édition 2014 qui vient de paraître comporte 144 variétés, avec des références sur leur valeur agronomique (rendement, précocité, résistance à la verse, vigueur au démarrage), mais aussi sur leur valeur alimentaire (valeur énergétique UF et digestibilité des fibres). Les données sont également mises en ligne sur les sites internet des 5 Chambres d’agriculture normandes, avec quelques informations complémentaires telles que la précocité de floraison, la teneur en amidon… En complément, des informations sur le rendement en grain des variétés peuvent être obtenues sur le site d’Arvalis-Institut du végétal.Parmi ces 144 variétés, nous en avons sélectionné 43 de différents groupes de précocité et qui présentent un bon compromis rendement/valeur alimentaire confirmé par au moins 2 années d’essais (tableau). Nous présentons aussi 16 nouveautés prometteuses, dont les résultats devront être confirmés sur au moins une deuxième année d’autant plus que les conditions climatiques 2013 sont très particulières. Selon la surface en maïs de l’exploitation, il est conseillé de semer 2 à 4 variétés différentes disposant de résultats confirmés, plus éventuellement 1 à 3 nouveautés prometteuses à tester sur de plus petites surfaces.

D’abord une précocité adaptée à la parcelle

La précocité est le premier critère de choix des variétés : elle doit donc être adaptée à la situation climatique de la parcelle, éventuellement ajustée selon la vitesse de réchauffement du sol et la date de semis habituelle (encadré). C'est elle qui détermine la teneur en matière sèche de l'ensilage à une date donnée, ou la date à laquelle on pourra récolter au taux de matière sèche optimum (32 à 35 % de MS). Il faut être sûr de pouvoir atteindre une teneur en MS d’au moins 30 % tous les ans à une date pas trop tardive (avant le 10 octobre), pour limiter le risque de récolte en conditions difficiles ou des premières gelées qui vont dégrader la qualité des tiges et feuilles du maïs. Une récolte à un taux de MS trop faible pénalise le rendement, qui est maximum vers 33-35 % de MS. Les quantités de maïs ingérées augmentent également jusqu’à environ 35 % de MS, voire un peu plus quand les conditions de fin de végétation sont favorables et que le feuillage reste sain. Cette ingestion plus élevée de maïs permet d’économiser du concentré. A l’extrême, des teneurs en MS inférieures à 28-30 % entraînent des pertes par jus, mais aussi pénalisent la valeur alimentaire et surtout les quantités ingérées. Inversement, une récolte à un taux de MS trop élevé (plus de 35-37 %) augmente le risque de mauvaise conservation et surtout d’échauffement à l’ouverture du silo (tassement plus difficile). La valeur énergétique peur aussi baisser à cause de la diminution de la digestibilité des tiges et feuilles.

Choisir des variétés adaptées au type de ration

Une fois le type de précocité déterminé, d’autres critères peuvent être pris en compte pour sélectionner ses variétés. En situation exposée au vent, on privilégiera les variétés avec une bonne résistance à la verse, cause de problèmes à la récolte (apport de terre au silo, mauvaise conservation…) comme 2012 l’a brutalement rappelé. Le rendement et la valeur énergétique (UF) interviennent ensuite. On pourra donner plus d’importance à la valeur énergétique si le maïs est destiné à des animaux à besoins élevés (vaches hautes productrices, taurillons…), ou bien s’il est associé à des fourrages de valeur énergétique plus faible (ensilage d’herbe, luzerne…). On peut ensuite s’intéresser à l’origine de l’énergie. En effet, une même valeur énergétique peut être obtenue soit avec une teneur en amidon élevée (beaucoup de grain), soit avec une teneur en amidon plus faible mais des fibres des tiges et feuilles plus digestibles. Si la ration comporte moins de 25-30 % de fourrages fibreux (ensilage d’herbe, luzerne…) on a intérêt à privilégier, parmi les variétés ayant une bonne valeur énergétique, celles qui ont une meilleure digestibilité des tiges et feuilles, surtout pour les vaches laitières : cela permet de limiter la teneur en amidon de la ration, d’où des risques de subacidose limités et une meilleure valorisation de l’énergie. De plus, un maïs avec des fibres plus digestibles est généralement ingéré en plus grande quantité, avec à la clé des économies de concentré pour les animaux à besoins élevés.Certains semenciers mettent également en avant la nature de l’amidon des grains des variétés, plus ou moins dégradable dans le rumen et donc plus ou moins acidogène. L’amidon des grains de type corné est moins dégradé dans le rumen, et plus lentement, que l’amidon des grains de type denté, ce qui peut contribuer à réduire les risques de subacidose avec des rations à risque. Une information sur le type de grain est disponible sur les sites internet des chambres d’agriculture de Normandie pour les variétés inscrites en France. Enfin, des critères secondaires peuvent être pris en compte dans des situations particulières. On pourra par exemple privilégier les variétés avec une bonne vigueur au démarrage en cas de semis précoce en situation froide, en l’absence de fumure “starter” ou en agriculture biologique.

Traitement de semence contre le risque taupins : à réserver aux situations à risque

Un traitement de semences insecticide contre le taupin sera utile dans les situations à risque élevé : parcelles ayant subi des attaques au cours de 2 dernières années, ou bien les 1re et 2e années après un retournement de prairie de plus de 4 ans. A défaut la protection du maïs pourra être assuré par des microgranulés insecticides (FORCE 1,5 G, BELEM) appliqués dans la raie de semis avec un diffuseur (pour une meilleure répartition du produit et une efficacité optimale). FORCE 1,5 G présente une  efficacité un peu supérieure, notamment en cas de fortre attaque : il sera à préférer dans les situations à risque élevé.Pour les semis 2014, le traitement de semences insecticide CRUISER 350 n’est plus autorisé. Un nouveau produit, SONIDO (Bayer) a été homologué sur maïs avec pour cible le taupin. Il est un peu moins efficace que le CRUISER 350, particulièrement en cas d’attaque tardives (7-8 feuilles). Comme pour le CRUISER, la densité de semis doit être inférieure à 110 000 graines / ha et il faut s’assurer qu’il ne reste pas de semences traitées à la surface du sol après le semis, pour protéger les oiseaux et mammifères sauvages. A noter, comme le CRUISER il peut en conditions difficiles entraîner de légers retards à la levée, voire des pertes de plantes. Il est donc préférable de ne pas utiliser de semences traitées avec ce produit pour les parcelles à faible risque taupin, d’autant plus que son coût (70 à 80 €/ha) n’est pas négligeable.22 essais réalisés par les Chambres d'agriculture de Normandie et Arvalis, de 2008 à 2011, ont comparé des variétés avec ou sans traitement CRUISER en situation de faible risque “taupins” (pas de prairie sur la parcelle depuis plusieurs années). Le gain de rendement était rarement significatif (+ 0,3 tMS/ha en moyenne), et le surcoût de la semence n’était compensé que dans 14 à 23 % des cas (en fonction de la densité de semis, de la valeur de la tonne de maïs, etc.).

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