Comment accompagner les agri'preneuses ?

â À l'échelle de la Normandie, une étude a été conduite afin de faire un état des lieux de la féminisation en agriculture. Pas moins de 164 femmes y ont répondu. "C'est une étude qui entre dans le cadre du projet régional de développement agricole et rural", précise Isaure De Thezy, animatrice de groupe à la Chambre d'agriculture de la Manche. Cette première enquête a eu pour but de connaître les freins et les leviers des femmes à innover et à entreprendre au sein de leur exploitation. "Nous avons complété par des entretiens auprès de huit agricultrices et deux agriculteurs", ajoute-t-elle. Des premières pistes de travail ont pu être dégagées. Ces pistes ont été également confortées par une seconde étude ces derniers mois à laquelle 138 cheffes d'exploitation, porteuses de projet et porteuse de projets qui n'ont pu ou voulu aller jusqu'au bout, ont répondu.

Trop d'abandon de projets

Isaure De Thezy est épaulée par Solange Lemonnier en 2^e année de Master "Études sur le genre" à l'université d'Angers en distanciel. Cette fille d'agriculteurs du Cotentin penche donc sur cette question afin de connaître les besoins et les attentes des agricultrices installées ou en vue d'installation. Au PAI (point accueil information) de la Chambre d'agriculture, 35 à 42 % sont des femmes, et 27 à 29 % des installations aidées. "Il y a donc des abandons de projets entre la prise de renseignements et l'installation", souligne Solange Lemonnier. "Et ce sont surtout des femmes non issues du milieu agricole, qui abandonnent, ou qui ne vont pas jusqu'au bout de leur projet d'installation", complète-t-elle. "Il est donc primordial d'adapter l'accompagnement de ce public de femmes non issu du milieu agricole", argumente-t-elle.

Entre femmes

Parmi les pistes avancées, la Chambre d'agriculture souhaite mettre en place non pas du tutorat mais du mentorat. "Il va permettre de favoriser l'entrepreneuriat des femmes", confie Solange Lemonnier. Précisément, il s'agit de "mettre en contact une porteuse de projet avec une femme installée", ajoute Isaure De Thezy. C'est un partage d'expériences qui se veut bénéfique pour les femmes et pour l'agriculture. Dans le cadre de cette dernière enquête, les femmes ont clairement exprimé l'envie de participer à un groupe spécifiquement féminin. "66 % d'entre elles le souhaitent pour une meilleure compréhension des problématiques qu'elles peuvent connaître parce qu'elles pourraient se sentir plus à l'aise à s'exprimer dans un groupe composé spécifiquement de femmes agricultrice", note l'animatrice.

Des compétences à affiner

Alors, une première réunion est fixée le 12 avril prochain à Saint-Lô pour échanger entre femmes et voir comment elles peuvent avancer. "66 % des porteuses de projets considèrent manquer de compétences pour être une cheffe d'exploitation, notamment dans les domaines de la mécanique, la gestion, les techniques culturales, la conduite d'engins, la négociation ou encore les règles d'hygiène. Et clairement, elles espèrent, acquérir des savoir-faire techniques pour être plus pointues dans ce qu'elles font d'ores et déjà", note Isaure De Thezy. L'expression des femmes, au cours de cette première rencontre permettra d'orienter l'action au sein du groupe, voire des groupes si le besoin se faisait sentir. La Manche est en quelque sorte le département test de cette mise en place de mentorat. Un dispositif qui peut remettre sur les rails des femmes attirées par l'agriculture. Parce que les femmes participeront elles aussi au défi du renouvellement des générations de ces prochaines années. 

Le résultat des enquêtes est à retrouver sur le site de la Chambre d'agriculture de Normandie (Innovation - Métier et société - Agri'preneuses)

Rendez-vous le 12 avril de 10 h à 12 h dans les locaux de la Chambre d'agriculture de la Manche.