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Villedieu Intercom : " On construit dans le dialogue "

Charly Varin est à la tête de la plus petite intercommunalité de la Manche. Pour autant, Villedieu Intercom, avec ses 16 000 habitants, mise sur le tourisme, l’artisanat et sur l’agriculture, secteur d’activité n°1.  PLUI, PAT, devenir des ex-AIM, lien avec la profession… l’élu livre sa vision.

INTERCOM VILLEDIEU CHARLY VARIN
Sur le territoire de Villedieu Intercom, l’agriculture reste le premier secteur d’activité. L’urbanisme, l’approvisionnement local... sont autant de sujets sur lesquels le président, Charly Varin, est attentif.
© DR

>> Comment se définit l’agriculture sur votre collectivité ?
C’est le secteur d‘activité n°1 sur notre intercommunalité. Les exploitants agricoles sont des entreprises à part entière, avec la particularité d’avoir un impact sur l’environnement, le paysage et de travailler avec du vivant. Au sein de notre territoire, nous avons la commune de la Manche, Percy-en-Normandie, qui compte le plus grand nombre de sièges d’exploitations, 32 !

>> Vous travaillez au Plan local d’urbanisme intercommunal. A quelle échéance ?
On est dans le même pas de temps que la révision du Scot (Schéma de cohérence territoriale) dans le but d’avoir une vision globale. Elle sera effective pour 2023, tout comme le PLUI. Le Scot définit les grandes lignes et nous les déclinons localement. On a une vraie volonté dans les deux documents d’urbanisme de limiter la consommation foncière des terres agricoles. On refuse par exemple l’implantation de grandes surfaces, estimant que l’offre est suffisante. On regarde le dynamisme économique des dix dernières années. Et on flèche prioritairement la revitalisation du bâti ancien et les centre bourgs. Sur un plan plus agricole, on identifie les haies, on répertorie les zones humides réelles et on reste vigilant sur les zones A et N. Léon Dolley, vice-président en charge de l’agriculture, rencontre les maires. Les référents agricoles ont été sollicités dans la phase préparatoire. Et quand nous serons dans la phase réglementaire, ce sont tous les agriculteurs qui le seront. On construit dans le dialogue. Il nous faut permettre à toutes les formes d’agriculture d’exister et de cohabiter.

>> C’est ce qui existe déjà ?
Exactement. On a de l’intensif, du conventionnel, du bio… des productions diverses. N’étant pas spécialiste du métier, je me réfère aux travaux du GIEC. Le modèle le plus vertueux à promouvoir dans le monde est le modèle français. C’est un modèle qui a du sens, c’est le modèle à conserver et préserver. Certes, nous avons des débats, mais il faut arrêter de se tirer une balle dans le pied. Il y a eu des progrès notamment en qualité de produits, en utilisation de pesticides. Quand une plante est malade, il faut bien la soigner. Il faut le dire, le répéter. Il n’y a pas de tabou. Ce sont des gens qui ont la passion, cela force le respect.

>> Cette vision est-elle facile à partager avec l’ensemble de la population ?
Non ! Il y a deux freins : la pensée en boite, la pensée toute faite, les préjugés et une révolution à faire dans le monde agricole. Il faut vulgariser, il faut expliquer. Il ne faut pas que les agriculteurs s’excusent d’être ce qu’ils sont. C’est pour ces raisons que nous avons organisé le Festival du lait dans l’objectif de valoriser la production laitière, montrer les savoir-faire… On réfléchit également à un développement touristique tourné vers l’agriculture. Depuis le déconfinement, on a deux fois plus de demandes de visites d’exploitation. On va vers une randonnée gourmande. A Villedieu intercom, on ne veut pas montrer que les cloches et les cuivres.

>> Comment se portent les zones d’activités ?
On a la création nette de 60 emplois par an au cours des trois prochaines années : réouverture des abattoirs, le centre de tri de la Sphère, l’implantation de Multiform, ... La zone d’activité de la Colombe, qui a été vide pendant 20 ans, a trouvé acquéreur pour 85 % des terrains, vendus à des entreprises qui se développent et créent de l’emploi. On a vu la bascule au moment du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) en 2015. Elles ont retrouvé une capacité d’investir. A Percy, la zone est pleine. Et on travaille sur une 3e zone à dimension intercommunautaire sur le secteur de Fleury.
 
>> Le PAT est-il d’actualité à Villedieu Intercom ?
Aujourd’hui, on réfléchit à une cuisine centrale municipale à Percy, et non départementale, pour ne pas perdre la possibilité de faire travailler les commerçants locaux. Les goûters des centres de loisirs et garderies sont fournis par les boulangers locaux. La viande à l’école primaire de Percy provient de chez le boucher. Le système dans lequel on s’inscrit est pertinent à l’échelle du dynamisme économique local. Cela n’a pas de sens de donner des aides aux commerçants pour qu’ils s’installent si on ne peut pas assurer de la commande publique. On parle des circuits courts. Or, nous n’avons pas tous les outils, notamment en termes de seuils de marchés publics pour assurer aux producteurs et commerçants locaux de pouvoir continuer à fournir.

>> Une grue a été installée sur le site de l’ancien abattoir AIM. C’est une satisfaction ?
La crise Covid a ralenti la mise en route, mais le nouvel abattoir a bien prévu démarrer en juillet ! Techniquement, nous avons une réunion mensuelle avec le préfet, la DDPP, la boucherie Saint Michel, pour déminer les points bloquants. C’est un abattoir neuf de 16 millions d’euros sans argent public qui verra le jour. Ouvrir un abattoir en France est assez rare. Si l’outil avait été démantelé en 2015, tout ceci ne pourrait pas avoir lieu. L’effort est payant.

>> La FDSEA a élu un référent territorial sur chaque EPCI. Qu’en pensez-vous ?
C’est très bien. Si d’autres pouvaient s’en inspirer, on gagnerait en efficacité. On connait ainsi nos interlocuteurs et ils nous connaissent. Cela ne peut que rendre les échanges fluides et constructifs, dans le respect des opinions de chacun. Avec la Covid, les rencontres sont plus rares. J’espère pouvoir aller à nouveau au comice agricole manger mon entrecôte. J’y tiens.

L’agriculture au travers de trois vice-présidents
Villedieu Intercom s’est organisée en quatre grands pôles : Attractivité, aménagement et développement ; Administration générale, finances et prospective ; Environnement, développement durable et gestion du patrimoine ; et Cadre de vie, jeunesse, avenir territorial, santé et mobilités. Au total, la collectivité compte 55 délégués communautaires dont un président et 11 vice-présidents.
Léon Dolley, maire de Beslon : vice-président en charge de l’habitat, de l’urbanisme et de l’agriculture, maire de Beslon.
Nicolas Guillaume, maire délégué de Rouffigny : vice-président en charge des déchets et de l’entretien des cours d’eau.
Samuel Pacey, adjoint au maire de la Chapelle-Cécelin : vice-président en charge du SPANC, des chemins de randonnée, de l’assainissement et du PCAET.
Villedieu Intercom en chiffres
• 15 736 habitants, 294 km2, 27 communes
• Les terres agricoles recouvrent 95 % du territoire (dont 2/3 de prairies)
• Les espaces forestiers représentent 1,9 % du territoire
• La richesse écologique repose sur la mosaïque offerte par les productions agricoles, le tissu bocager et les nombreux cours d’eau
• La part des emplois agricoles est 10 fois plus élevée que celle relevée en Normandie.

 

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