Aller au contenu principal

Yvan Fourré : (Président de la section “Porc” de la FRSEA Basse-Normandie) : redonner un vrai souffle à la production et aux entreprises

Après la suspension des 10 et 13 août, le marché au cadran qui avait été programmé pour le 14 août ne s’est pas tenu, les acheteurs Bigard et Cooperl ont maintenu leur boycott. Réaction d’Yvan Fourré.

© TG

Quelles sont les conséquences de la non-cotation au MPB sur la porcherie bas-normande ?
Ce sont des porcs invendus qui restent sur les exploitations avec toutes les conséquences induites : augmentations de poids, risques de déclassements, indices qui se dégradent, coûts de production qui augmentent. Une semaine de non-cotation, ça peut passer mais pas au-delà sinon nous allons vers de grosses difficultés.

La Cooperl demande un retour au marché libre pour atteindre un prix d’équilibre entre l’offre et la demande. Une bonne idée ?
Je ne le pense pas. Si on part dans un tel système, chacun aura son prix. Le MPB existe et doit continuer à exister. Lui seul permet aux éleveurs d’avoir une transparence sur les prix.

Quelle lecture faites-vous de l’attitude de la Cooperl et de Bigard ?
Sans doute une façon de faire passer un électrochoc. Sur le fond, on comprend Cooperl et Bigard mais la forme laisse à désirer. Couper court sans avoir, au préalable, prévenu les acteurs de la filière, c’est difficile à digérer.

Cet épisode ne signifie-t-il pas qu’un prix politique, ce n’est pas durable ?
Le prix politique peut maintenir un prix à la production mais il est, depuis plusieurs semaines, déconnecté de la réalité économique européenne : 20 à 30 centimes de plus par rapport à certains pays. Les entreprises perdent donc de l’argent et les congélateurs se remplissent de porcs français. Ça ne peut plus durer. Il faut sortir les porcs des porcheries et vider les congélateurs pour retrouver de la fluidité.

Qu’attendez-vous concrètement aujourd’hui ?
D’abord la remise en route du MPB et je pense que, sur le sujet, les politiques disposent encore d’un peu de pouvoir. Mais il faut que ça bouge aussi en face. Les acteurs qui ont boycotté plus ou moins le marché ne sont pas les seuls à souffrir. Toute la filière abattage et découpe est touchée et, dans une moindre mesure parce qu’ils peuvent acheter du porc espagnol moins cher, les transformateurs.

Et à moyen terme ?
Nous devons retrouver des points de compétitivité par rapport à nos concurrents. La situation se dégrade depuis plusieurs années au gré de contraintes sociales et environnementales de plus en plus pénalisantes. A titre d’exemple, le coût social de la main-d’œuvre dans les abattoirs allemands est inférieur de 10 à 15 e à ce qui se pratique chez nous. Ils font appel à des ouvriers venus des pays de l’Est. Autre illustration avec l’Espagne où le prix de revient d’une place d’engraissement est de 200 e subventionnée à 50 % soit 100 e. Ce même bâtiment, en France, c’est 450 e mais comme viennent s’ajouter des contraintes franco-françaises spécifiques qui nous obligent à installer des unités de traitement de lisier, des séparateurs de phase (...), nous aboutissons à 600 e la place. 

Pour retrouver de la compétitivité, cela demande du temps. Les éleveurs bas-normands en ont-ils encore la ressource ?
Il est clair que ce ne sont pas les 57 Me de FAC (Fonds d’Allègement des Charges) qui vont changer la donne. Il faut redonner un vrai souffle aux entreprises et aux producteurs. Entre temps, certains vont mettre la clé sous la porte et pas que les plus fragiles. Des outils amortis vont également disparaitre. Il faut donc lancer un grand plan de rénovation de nos ateliers pour que nos outils fonctionnement à plein régime comme dans les autres pays.
Il y a dix ans la France, l’Allemagne, l’Espagne, c’était chacun 25 millions de porcs par an. Aujourd’hui, Allemagne et Espagne : chacun 50 millions. La France : 22 millions.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

Au Gaec Alvin, Aline et Kevin gèrent un troupeau de 70 vaches laitières à la traite.
Installation : "C'était en moi"
À la rencontre de nouveaux installés, les Jeunes Agriculteurs de Normandie ont pris la direction de Chailloué en plein cœur de l'…
Suzanne Henry, une femme engagée
Suzanne Henry s'est éteinte le 1er avril 2025 à l'âge de 96 ans.
Le groupe Folkafond donne rendez-vous le 7 mai pour un concert au profit de l'association Syndrome de Usher, syndrome dont est atteint Antoine, âgé seulement de 3 ans et demi.
Deux agriculteurs musiciens jouent pour aider la recherche contre la maladie de Usher
D'un voyage en Chine, deux producteurs de lait de la Coopérative d'Isigny-Sainte-Mère, Marc-Antoine Blot et François Lepourry,…
Augustin Becquey a repris la gestion de l'abattoir de Carentan suite à une décision du tribunal de commerces du 14 avril 2025.
A l'abattoir de Carentan, Augustin Becquey veut construire une relation de confiance
Alors qu'Augustin Becquey n'avait les clés que depuis quelques jours de l'abattoir de Carentan, il a réuni le comité technique (…
La chasse aux œufs des Jeunes agriculteurs se déroule sur l'exploitation de la famille Levoyer.
Une chasse aux œufs à la ferme organisée par les Jeunes agriculteurs samedi 26 avril 2025
Pour leur première chasse aux œufs, les Jeunes agriculteurs de l'Orne investissent l'exploitation de la famille Levoyer, samedi…
L'an dernier, un tour de la ville, théâtre du concours, a été proposé par le syndicat des producteurs de la Route du cidre de Cambremer.
Festival des AOP/AOC : une nouvelle catégorie au concours cidricole de Cambremer
Le Festival des AOC/AOP de Cambremer est de retour. Samedi 3 et dimanche 4 mai, le cidre, le poiré, le calvados et bien d'autres…
Publicité