Aller au contenu principal

Agneau de pré-salé
Accrocher les wagons AOT à la locomotive AOP

Après 30 années de travail, l’agneau de pré-salé a enfin obtenu le fameux sésame AOP. Mais la vie dans les herbus n’est pas un long fleuve tranquille. Tout le monde profite de cette image d’Epinal sans se soumettre pour autant au même cahier des charges. Prière de ne pas confondre AOP et AOT (Autorisation d’Occupation Temporaire).

AGNEAU PRE SALE
Le pâturage raisonné favorise la biodiversité mais attention aux sur et sous-pâturages. Les équilibres sont fragiles.
© TG

Nationalement, voire internationalement reconnu, l’agneau de pré-salé ne constitue qu’un microcosme. Dans ses havres : seulement 33 éleveurs ovins professionnels, dont 5 sous signe officiel de qualité AOP. A côté, une foultitude de particuliers qui ont accès au Domaine Public Maritime et profitant de la notoriété d’un savoir-faire sans s’en imposer les mêmes contraintes. La guerre du pré-salé n’est pas déclarée, mais la Chambre d’agriculture de la Manche, soutenue par la Cran (Chambre régionale d’agriculture de Normandie), souhaite remettre de l’ordre dans la bergerie. Mercredi dernier, Pascal Férey, son président, a invité l’Etat et les différents acteurs sur le terrain pour un échange constructif. L’exploitation du Gaec du Phare à Agon-Coutaiville, gérée notamment par Rolland Salle (vice-président de l’AOP pré-salé du Mont-St-Michel), a servi de cadre d’illustration à la problématique de la qualité de l’eau, de la construction de bergeries, aux contraintes de pâturage, au renouvellement des générations...

Qualité de l’eau

« La qualité des eaux, c’est une préoccupation majeure depuis 3 ans, reconnaît Christian Dutertre, maire d’Agon-Coutaiville. Trois fermetures de baignade, ça fait désordre, mais on n’a toujours pas identifié les sources de pollution. L’essentiel ne vient pas du monde agricole ».
« L’origine de la pollution est diffuse ", acquiesce Jacky Bidot, président de la CDC (Communauté de communes). Un comité de pilotage pour la reconquête de l’eau a été mis en place « et tout le monde a apporté sa pierre à l’édifice ». Dans ce sens, le territoire a été l’un des 13, au niveau national, à signer l’an dernier un Contrat de transition écologique. Et l’élu d’imaginer la construction de bergeries « résilientes un peu comme les paillotes en bord de mer ». Des bergeries pour abriter les troupeaux, l’hiver bien sûr, mais aussi à chaque grande marée. Les déjections animales, dans les herbus recouverts en période de fort coefficient, auraient un impact négatif sur la qualité des eaux. C’est pourquoi les éleveurs sont contraints de retirer, dans ces zones classées Natura 2000, leurs animaux 5 jours avant le début de la grande marée.

Construire des bergeries

La profession se heurte cependant à un problème structurel : le manque de bergeries ou des bergeries obsolètes. Celle de Rolland Salle accuse le poids des âges. Les conditions de travail qu’elle impose refroidiraient tout jeune désireux de s’installer dans cette production. Et ce n’est pas un problème financier comme l’a malicieusement souligné Gérard Gavory, préfet de la Manche.
Certes, le pas de temps administratif avec 2, 3, 4 voire 5 ans pour valider un projet est à raccourcir, mais le point d’achoppement est ailleurs. Il est souvent le fait d’une poignée « d’antitout » qui mettent bout à bout de multiples procédures juridiques pour générer une situation de blocage et de découragement.
Quand le préfet reconnaît « qu’il est difficile d’appliquer des règlementations complexes dans un environnement où beaucoup d’acteurs ont des intérêts contradictoires », Pascal Férey plaide pour « un concordat avec les associations environnementales, trouver un système qui embarque tout le monde ». Pas question pour autant de construire des cathédrales, mais il y a urgence. « Le temps nous est compté et il serait dommage de ne pas transformer l’essai. L’AOP doit progresser sinon elle va disparaitre », craint le président de la Chambre d’agriculture de la Manche, soulignant au passage l’implication du sénateur Bizet sur le dossier. Une inquiétude que partage le local de l’étape. Rolland Salle, défendant l’intérêt général, revendique « un accès au domaine maritime réservé aux seuls éleveurs AOP pré-salé Mont-St-Michel en accompagnant tous les éleveurs non AOP dans le respect du cahier des charges AOP ». La pérennité de cette filière d’excellence est à ce prix. Pour éviter le surpâturage en certains endroits et le sous-pâturage en d’autres au bénéfice de la biodiversité, il faut trouver les bons équilibres et un juste partage de la valeur ajoutée. Du côté des représentants manchois du Sénat et de l’Assemblée nationale, on se dit prêt à relever les manches. « Il faut adapter la loi Littoral au changement climatique », admet Jean-Michel Houllegate, sénateur. « Elle est trop contraignante, elle doit évoluer. Il y a nécessité de s’imprégner des réalités du terrain pour légiférer », rebondit le député Bertand Sorre. Le chiendent maritime n’est peut-être pas certain de conquérir les havres du pré-salé, à moins que...

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

Votre présence est un de leurs atouts !
CLIQUEZ ICI POUR PARTICIPER
La FCO-3 a été confirmée sur les 13 cas identifiés dans la Manche, 26 nouvelles suspicions
Au 21 juillet 2025, ce sont 13 cas de FCO-3 qui ont été confirmés dans la Manche en production ovine comme bovine. Et 26…
Du 18 au 24 août, onze équipes s'affronteront lors d'épreuves diverses comme les parcours routiers, le débardage, le labour ou encore la traction.
La route des chevaux de trait en Suisse Normande
Du 19 au 24 août 2025 aura lieu un événement majeur de la filière équine : "La route en Suisse Normande" dans la commune de…
En raison de la FCO, les concours d'animaux s'annulent dans la Manche
Le nombre de foyers a FCO ne cesse d'évoluer. En moins de deux semaines, ce sont 141 cas confirmés et 200 suspicions dans la…
1er foyer de FCO8 et 816 foyers de FCO3 dans la Manche
Le 12 août 2025, le premier foyer de FCO8 a été confirmé dans la Manche dans un élevage laitier situé dans le centre manche, dans…
Marcel Delaunay était "le roi de la logistique en manifestation."
Marcel Delaunay, un homme engagé pour le Pays d'Auge, dans le Calvados
Marcel Delaunay s'est éteint le 28 juillet 2025 à l'âge de 79 ans.
Publicité