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Culture
Céréales et vague de froid

Les céréales cultivées en France sont adaptées à des températures hivernales de - 5° C à - 15° C sous abri selon les stades, et les dégâts sont généralement rares.

Ce qui est inhabituel cet hiver c’est le développement végétatif parfois important dans certaines parcelles (semis fin septembre - début octobre) qui rend les cultures plus exposées à la vague de gel que nous connaissons.


Quel risque de gel sur blé tendre et orge d’hiver au stade tallage ?

Certaines espèces de céréales sont plus sensibles au froid que d’autres, notamment les avoines d’hiver et les blés durs. Ensuite viennent les orges d’hiver et les blés alternatifs. Le triticale, le blé tendre et le seigle sont les espèces les plus résistantes au froid.Aujourd’hui, la plupart des blés tendres dans la région sont au stade tallage. Le risque de gel est faible à ce stade. La résistance au froid des variétés est maximale au début du tallage, puis elle baisse lentement en cours de tallage et revient à un niveau très faible à partir du stade épi 1 cm. La note GEVES de tolérance au froid reflète le seuil de température minimale que la variété peut endurer sans apparition de dégâts liés au gel. Plus la note est élevée plus la résistance est importante.D’autre part, la vague de froid s’est installée progressivement en Normandie ce qui a permis aux plantes de “s’adapter” progressivement (précédents petits épisodes de gel il y a 2 semaines, baisse progressive des températures depuis la fin de semaine dernière, amplitudes journalières faibles). Le faible engorgement en eau des sols limitera les effets mécaniques du gel. Enfin, les minimales annoncées seraient de l’ordre de - 10° C pour les zones les plus froides de la région, valeurs qui restent généralement acceptables pour des céréales d’hiver.Cependant, il faut noter que les cultures n’ont pas subi d’endurcissement au froid. L’endurcissement ne peut s’acquérir qu’en cours de vernalisation, lorsque les températures sont proches de 0° C. Dans notre région, pratiquement tous les blés ont fini leur vernalisation ; la capacité à s’endurcir n’existe donc plus. C’est la valeur absolue de la température minimale qui déterminera donc les dégâts potentiels sur les cultures.


Quels risques de gel sur blé tendre et orge d’hiver au stade “épi 1 cm” ?

Pour des céréales qui auraient atteint le stade “épi 1 cm”, l’épi s’élève au-dessus de la surface du sol, ce qui le rend plus vulnérable à une chute brutale et ponctuelle de la température. On considère généralement à partir de ce stade le seuil de - 4° C sous abri (environ - 7° C en plaine) comme un seuil d’alerte, et non un seuil de dégâts systématiques ; les références en plein champ concernant les conditions de destruction des cultures sont évidemment très rares et peu documentées. Il est important de noter que toutes les talles d’une plante ne sont pas synchronisées ; lorsque le maitre-brin atteint ce stade, les apex des talles primaires et a fortiori secondaires sont beaucoup moins avancés et donc moins vulnérables. Ainsi, des céréales semées claires sont moins à risque que des céréales semées densément : la proportion de maitre-brins sur l’ensemble des tiges est plus faible.


Quel impact sur les cultures en cas de gel ?

La destruction d’une partie des plantes ou des maitres-brins ne condamne évidemment pas la culture. On sait que les céréales ont de fortes capacités de compensation, à travers le tallage, la fertilité épi et le PMG. Une perte de plantes n’est vraiment préjudiciable que si elle dépasse 20 à 40 % selon les milieux. De même, le gel du maitre-brin va provoquer une croissance accrue des talles de la plante, qui compenseront partiellement la disparition des tiges principales. Par ailleurs, les racines de la culture survivent à de tels scénarii de froid : les tiges qui se maintiendront bénéficieront donc d’un système racinaire déjà développé, ce qui accroit la capacité de la culture à se rétablir en début de printemps.La seule attitude consiste à attendre pour préciser le diagnostic (encadré) et naturellement à reporter toutes les interventions (fertilisation, traitements). Si un resemis s’impose, il sera nécessaire de s’orienter vers des variétés alternatives ou de printemps.

Comment diagnostiquer un gel d’épis ?

Il est possible d’évaluer l’état des cultures à la suite d’un épisode de gel. Deux méthodes sont utilisables, quelques jours après le dégel.La première méthode consiste à prélever une vingtaine de plantes avec leurs racines et à les placer dans une pièce éclairée, avec une température ambiante suffisante (> 15° C) et un arrosage régulier. Après quelques jours, des talles ou des feuilles nouvelles peuvent commencer à émerger ainsi que des racines de tallage. Ceci signifie que les dégâts sont strictement foliaires et qu’une partie ou la totalité des apex est indemne. Si le brunissement des feuilles se généralise et qu’aucune nouvelle émission n’est observée, alors tous les apex sont détruits, ce qui provoquera la mort progressive de la plante au champ.L’autre méthode implique d’observer à la loupe binoculaire les apex du maitre-brin et des talles. S’ils n’ont pas été touchés, leur aspect est translucide. S’ils sont blancs, c'est-à-dire desséchés, ou bien brunâtres, alors la plante va mourir. Le maitre-brin est normalement touché en priorité, car plus exposé et plus sensible. Il est donc important dans cette approche d’observer également des talles plus jeunes. Cette méthode permet d’estimer la proportion de plantes touchées, et le nombre de talles concernées par plante.Attention, une observation juste après le dégel ne laisse pas forcément augurer de la survie de la culture ; si les conditions ultérieures sont défavorables (nouvel épisode de gel en particulier), la perte de plantes peut s’aggraver.

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