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Coopérative légumière
Des grains de sable dans le jardin de la Crimart

Native de Criquebeuf-sur-Seine et de Martot dans l’Eure, la coopérative légumière Crimart (contraction du patronyme des deux communes) compte désormais des adhérents en Seine-Maritime et dans le Calvados. En cause : la pression foncière exercée par les sablières qui rongent inexorablement de bonnes terres maraîchères, à laquelle il faut ajouter un zeste d’urbanisation.

crimart légumes
Chantal Prot (directrice de la Crimart). La moyenne d’âge des adhérents est plutôt élevée mais on voit des jeunes qui s’intéressent à la production parce que l’outil parental manque un peu de surfaces.
© TG

Chantal Prot, c’est un peu le couteau suisse de la Crimart qui tient son assemblée générale en son siège le 23 novembre 2021. Elle en connaît tous les arcanes, du champ à l’assiette ! Du champ d’abord, parce qu’elle est fille de producteurs de légumes, mais amère de constater qu’aujourd’hui les terres familiales ont changé de vocation. Jusqu’à l’assiette ensuite vantant les mérites de son sachet pot-au-feu réunissant le savoir-faire des 26 producteurs adhérents. A ses côtés, son président Yves Labiffe, en pleine saison poireau. Il tient le manche en espérant que le renouvellement des générations permettra à la coopérative, créée en 1961, de maintenir le cap et de garder une dynamique de développement, développement qui doit faire face depuis plusieurs années aux contraintes foncières. Sur les bords de Seine, la petite reine, ce sont les carrières qui rachètent les terres agricoles pour en extraire le sable. « On ne peut pas lutter. C’est un peu le pot de terre contre le pot de fer ». Exemple concret avec ce site de 22 ha situé à quelques centaines de mètres des premières parcelles de légumes. « Début de l’exploitation en 2017 pour une restitution du site réaménagé en 2026 », peut-on lire sur un panneau explicatif. Passe encore avec une forêt qui redeviendra forêt (avec de nouvelles essences), mais certainement pas pour une excellente terre agricole vidée de son substrat. Ce sont autant d’hectares qui vont perdre définitivement leur vocation nourricière. L’autre difficulté, c’est la proximité de Paris et de Rouen avec l’A 13 en guise de cordon circulatoire. Criquebeuf-sur-Seine et Martot n’ont pas eu à attendre l’épisode sanitaire pour voir pousser l’habitat urbain ainsi que des zones artisanales ou industrielles. Pas étonnant donc que la Crimart ait poussé ses frontières géographiques coopératives pour attirer de nouveaux adhérents.

Un problème de main-d’œuvre

Pas question pour autant de tomber dans la sinistrose. « Les grossistes et les centrales d’achat sont corrects avec nous. Ils font preuve d’une bonne qualité d’écoute. Beaucoup d’enseignes ont compris qu’il fallait des producteurs de proximité pour fournir les rayons en produits frais », se satisfont Yves Labiffe et Chantal Prot. Le prix à payer : de la souplesse et une logistique sans faille. « Une salade cueillie à la lampe à 5 heures du matin arrive à la coopérative à 9 h. Vers 10-11 h, le client est livré ». Derrière cette performance, il faut des petites mains, mais là aussi le bât blesse. Pas de mégastructure parmi les adhérents de la Crimart, mais des besoins en main-d’œuvre saisonnière en primeur qui peuvent atteindre parfois les 30 personnes par jour. « On manque de bras, il y a un malaise. On voit des saisonniers démarrer leur contrat le matin, mais ne pas réapparaitre à 14 h ! » On pourrait contourner l’obstacle par la mécanisation, mais les investissements sont très lourds.

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