Camembert Président fabriqué en Normandie

[LA COLERE] Les producteurs dénoncent une étiquette frauduleuse

L’année dernière, Lactalis avait affiché fièrement son étiquette « Camembert Président fabriqué en Normandie », avec des chefs comme Guillaume Gomez, ancien cuisinier de l’Elysée. « Ça suffit. C’est devenu insupportable. C’est honteux. On ne peut plus la boucler », dénoncent haut et fort les producteurs par la voix de Patrick Mercier, producteur à Champsecret (Orne). « C’est une étiquette frauduleuse », s’exclame Patrick Mercier. Dans le camembert Lactalis, « les vaches ne pâturent pas, elles sont nourries avec des quantités incroyables de céréales », se désole Patrick Mercier alors que « notre cahier des charges ne compte pas moins de 63 pages », ajoute-t-il. 

L'attitude dédaigneuse d'Emmanuel Besnier

Devant le stand Lactalis au Salon de l’agriculture, Patrick Mercier a pris de la hauteur en montant sur une table pour diffuser son message « en pacifiste ». Et avec Benoit Duval, ils ont échangé avec Bruno Lefèvre, directeur de la fromagerie Graindorge sans que Emmanuel Besnier, PDG du groupe, présent dans la même pièce n’ait jugé utile de prendre part aux échanges. « Une attitude dédaigneuse », selon les producteurs. « Nous ne voulons rien que l’application de la loi. On demande à la répression des fraudes d’effectuer son travail, peut-être qu’il y a du copinage entre Emmanuel Besnier et le ministre de l’Economie. C’est la seule hypothèse possible », s’indigne-t-il. 

Une demi-heure d'échanges

Alors, la demande est claire : « nous souhaitons que Lactalis enlève cette étiquette. Ce groupe laitier se croit plus puissant que tout. Nous voulons que cette étiquette ne soit pas exposée aux yeux de centaines de milliers de visiteurs pendant toute cette semaine. Nous souhaitons la reconnaissance du travail des éleveurs », poursuit-il. Les échanges auront duré une demi-heure pendant que les visiteurs dégustaient du Camembert de Normandie, offert par l’ODG. « La notion fabriquée en Normandie est illégale et confusante. Elle ne permet de manière descente de rémunérer les producteurs et elle trompe le consommateur », martèle Patrick Mercier qui espère que cette étiquette soit de « plus en plus difficile à tenir. Il faut oser montrer du doigt cette étiquette frauduleuse », conclut-il.

Pour rappel, le 12 février 2024, le tribunal administratif de Caen a donné raison à des industriels tels que Lactalis, qui arborent le mot Normandie sur des étiquettes de camemberts n’étant pas fabriqués selon le cahier des charges de l’AOP (Appellation d’origine protégée). Le tribunal a ainsi annulé les injonctions de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) en 2021 et 2022.