Entraide
Il appelle à la solidarité pour sauver la ferme de son papa
Depuis l'hospitalisation de son père mi-août, Quentin Énée, 28 ans, a quitté la Bretagne pour revenir en urgence à la ferme de la Maresquerie, près d'Isigny-sur-Mer (14) où presque 100 bovins y sont élevés. Fils unique, il a lancé mi août, un appel à la solidarité sur les réseaux sociaux. Bénévoles et voisins répondent déjà présents, mais les besoins sont encore importants pour passer l'hiver sereinement.




Formé à la MFR de Balleroy puis à l'Iréo de Maltot, Quentin Énée a poursuivi son parcours agricole en BTS Acse au lycée Saint-Lô Thère. N'étant pas parvenu à obtenir son BTS, il a exercé plusieurs emplois en intérim avant de se réorienter dans une formation radio en Bretagne pour travailler chez France Bleu. Chose qu'il a faite durant les cinq dernières années et demie. Mais, même si Quentin avait pris ses distances avec le milieu agricole, il continuait tout de même à gérer les déclarations de naissances et la PAC de la ferme de son papa. Et c'est le brusque coup d'arrêt de ce dernier, hospitalisé mi-août, qui l'a ramené à la ferme en Basse-Normandie.
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Des coups de main venus de partout
Depuis son appel sur les réseaux, les bonnes volontés se succèdent. Alexandre Maresq, 29 ans, employé au Haras d'Étreham, est venu passer ses vacances à bricoler, filmer Quentin ou tout simplement le soutenir. "L'essentiel, c'est qu'il ne reste pas seul. Comme j'habite à côté, je pense revenir le soir si besoin, même quand j'aurai repris le travail", explique Alexandre. Stéphanie et sa fille Thalia, venues de Mayenne, ont quant à elles débarqué à la ferme pour deux jours avant la rentrée des classes avec des plats cuisinés. "J'ai rénové une maison avec mon mari. Si je peux mettre cette expérience à profit ici, je le ferai", affirme-t-elle.
Jean-Jacques, retraité vivant à du côté d'Évrecy, a lui fait le déplacement après avoir vu Quentin sur le 12/13 de France 3 Normandie. "J'aurais préféré qu'il appelle avant pour qu'on s'organise en amont, mais je suis quand même très reconnaissant de son aide", concède Quentin. Enfin, Alan, un ami du collège, n'a pas non plus hésité à revenir "filer un coup de main à mon pote d'enfance", confie-t-il.
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Des besoins matériels urgents
La ferme compte 95 bovins pour une SAU (Surface agricole utile) de 86 hectares, dont une grande partie se situe dans le PNR (Parc naturel régional) des marais du Cotentin et du Bessin. "Le gros souci actuel c'est que nos moyens techniques sont très réduits, constate Quentin. Le tracteur étant en panne depuis l'automne 2024, mon père emprunte celui d'un voisin tous les deux jours. Pour l'hiver, il faudrait donc réparer le pont avant du Valtra et reboucher les trous dans la toiture du bâtiment principal", liste-t-il. Habitué à bricoler et à faire de la mécanique, il se dit prêt à travailler à mi-temps chez un concessionnaire par exemple pour financer une partie des réparations. "Seul, je n'y arriverai pas. C'est pourquoi j'ai lancé cet appel à la solidarité adressé à tout le monde mais aussi aux entreprises locales", explique le jeune homme.
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"Ma première volonté, c'est de faire en sorte que la ferme redevienne autonome"
Profiter du soufflet médiatique
La vidéo publiée le 14 août a suscité un large élan de solidarité et a été reprise par toute la presse locale. "C'est assez fou, dès la première semaine, des gens que je ne connaissais pas sont venus aider. Ensuite, la presse a largement participé à relayer l'information", souligne Quentin. Des responsables d'OPA (Organisations professionnelles agricoles) l'ont également contacté, comme le GDS 14, la MSA ou la cellule Réagir 14. "Ça rassure de savoir qu'on n'est pas complètement seul à gérer une telle situation", admet-il. La cagnotte en ligne a d'ailleurs bien profité de ce "soufflet médiatique" pour décoller. "Elle servira à payer quelques travaux de rénovation entre la maison et les bâtiments en plomberie et électricité, et le fioul en parallèle de la remise en état du tracteur. Mais, ma première volonté est bien de faire en sorte que la ferme redevienne autonome pour ne plus dépendre des voisins, ne serait-ce que pour l'utilisation du tracteur", résume le jeune homme.
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Prochain rendez-vous : l'ensilage d'herbe
Dans le programme que Quentin essaie d'établir au fil des jours, la prochaine grande étape c'est l'ensilage d'herbe. "Si le temps le permet, on aura donc besoin de bras pour la dernière dizaine de septembre." En attendant cette date, il prend soin des bêtes, range, nettoie, trie, répare... avec les bénévoles présents. "Quand je suis seul, je visualise le monticule de travail et ça peut m'effrayer. Mais, heureusement je ne suis pas souvent seul. Et, qu'est-ce que ça fait du bien de vivre ces moments de solidarité. Mille mercis à tous !" conclut-il.