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Productions végétales et grandes cultures
Lecture : l’agriculture « naturelle » avec Joseph Pousset

Avec son Traité d’agriculture naturelle, réédité pour la troisième fois et sorti le 13 juillet 2022, Joseph Pousset distille des conseils et méthodes pour une agriculture plus respectueuse de l’environnement. Un ouvrage intéressant, intemporel, qui interroge et pousse à la réflexion, sans jugement.

Joseph Pousset, agronome et agriculteur, a écrit Traité d’agriculture naturelle, fruit de ses années de recherche sur le sujet.
© LM

« À tous les agriculteurs soucieux de la nature dans leur tâche parfois difficile » : c’est par ces mots et cette dédicace que débute l’ouvrage de Joseph Pousset nommé Traité d’agriculture naturelle, paru aux éditions La France agricole. Si le titre a changé depuis sa sortie initiale en novembre 2008, le contenu de base, lui, reste le même dans cette troisième édition parue le 13 juillet 2022 ; preuve que le sujet est d’actualité. Véritable pavé de plus de 500 pages et pesant 1,318 kg, le livre regroupe des décennies de recherches sur les pratiques culturales respectueuses de l’environnement. Une compilation du regard attentif de Joseph Pousset, en toute humilité, sur l’agriculture d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

 

Joseph Pousset

Qu’est-ce que l’agriculture naturelle ?

« La première édition s’intitulait Agriculture naturelle. Ensuite, nous avons choisi, avec l’éditeur, Traité d’agroécologie pour la deuxième réédition car ça 'accrochait' plus. Mais pour cette réédition, je ne voulais plus de ce titre. L’agroécologie ne veut plus rien dire, c’est mis à toutes les sauces », narre l’auteur en introduction de l’échange. Mais l’agriculture naturelle, c’est quoi au juste ? Joseph Pousset en livre la définition suivante : « c’est une agriculture qui fait le moins de mal possible à la nature et qui utilise au mieux les mécanismes naturels. Ça demande de l’observation, il faut savoir réfléchir et sortir des systèmes tout faits, garder sa liberté. » Tout un programme ! Changement climatique, pandémie, conflits internationaux… la période actuelle et l’avenir semblent bien instables.

Avec son ouvrage, Joseph Pousset tente de mettre en relief le retour nécessaire à la terre. Entre agronomie, sociologie mais aussi philosophie, il porte une vision humaniste de l’agriculture française dont le rôle est de nous nourrir.

Les apports du milieu naturel comme clé de voûte

Pour étayer ses propos, Joseph Pousset se rapporte à sa propre expérience. Installé en 1979 à La Bellière, au sud d’Argentan (61), il décide d’allier la vulgarisation scientifique à la pratique sur le terrain et se met à cultiver 25 hectares de céréales (sarrasin, blé et avoine) dès 1980. « Le terrain est humide (il comporte des mouillères) et très caillouteux (grès armoricain) », relate-t-il. Entre 1980 et 1991, il pratique ce qu’il considère « une agriculture biologique ordinaire avec des principes agronomiques tels que l’apport de fumier selon les analyses de terre, etc. […] pour obtenir des rendements honorables ».

Cependant, il n’est pas pleinement satisfait et creuse la question des bilans minéraux. « On sous-estime les apports du milieu naturel notamment ceux de l’atmosphère », décrit-il. Il constate rapidement que l’azote, le potassium ou encore d’autres aérosols - siliceux, marins, etc. - retombent sur le sol depuis l’atmosphère, en parallèle des ajouts sous formes d’engrais.

Résultat : « cela veut dire que tous les bilans minéraux sont faux (même s’ils ne sont pas inutiles pour autant). On met probablement trop de certains éléments ». Il a donc stoppé tout apport et a préféré « activer les mécanismes naturels afin de ne pas appauvrir le sol » sans perte de rendement en comparaison à la situation initiale, de 1991 à 2022, année de prise de sa retraite.

Quelques pistes de réflexion

Afin de « restaurer et mettre en œuvre la fertilité naturelle des sols », Joseph Pousset axe sa thèse sur de multiples pistes telles que la mise en place d’une rotation avec des légumineuses qui permettent un apport en azote naturel (à contrario des apports chimiques), la stimulation des bactéries non symbiotiques, fixatrices également d’azote (telles que les azotobacters) ou les engrais verts, la reconstitution nécessaire du boisement champêtre ou encore des idées plus étonnantes comme le retour à la traction animale dans certains cas (viticulture). « C’est un ensemble de façons de faire […] qui permettent en plus de réduire ses dépenses et donc d’améliorer son revenu », conclut l’agronome. Plus de détails à découvrir au fil des pages.

 

Joseph Pousset, agriculteur tolérant et pédagogue
Joseph Pousset est chercheur en agronomie, ainsi qu’agriculteur. Installé à la Bellière, dans l’Orne, il est originaire de Bretagne (région de Rennes). Fortement marqué par ses jeunes années passées dans la ferme de ses parents installés en polyculture élevage - « ils ont toujours travaillé à l’ancienne. Ils n’ont jamais conduit d’engins à moteur, même pas un cyclomoteur », s’exclame-t-il -, il a toujours ressenti « une sensibilité à la nature ». C’est à cette époque qu’il s’oriente vers l’agronomie. « C’était peu courant de faire des études supérieures dans mon milieu », reconnait-il.
Diplômé de l’Enita de Bordeaux (désormais Bordeaux Sciences agro), il soutient sa thèse sur la bio en 1974 à une époque où « l’agriculture biologique était très mal vue. On passait pour des marginaux, en opposition à la science ». Pas de quoi le décourager pour autant. Après trois années à aider ses parents polyculteurs éleveurs, il déménage dans l’Orne et cultive ses propres terres, en parallèle de ses travaux de recherche. Conférencier, auteur, agriculteur, Joseph Pousset n’a de cesse de sensibiliser à une agriculture plus naturelle.

L’ouvrage de Joseph Pousset, Traité d’agriculture naturelle, est disponible sur de nombreux sites (éditions La France agricole, Fnac, Cultura, etc.) au prix de 59 €.

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