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Sept enseignements pour l’avenir laitier

La 3e rencontre Economie et Marchés agricoles des Chambres d’agriculture de Normandie, a rassemblé plus de 370 participants. Les 25 intervenants qui se sont succédé ont contribué à donner les perspectives à la filière laitière normande et ont insisté sur ses atouts incontestables et sa forte notoriété.

© TG

Le 31 mars 2015, les quotas laitiers se termineront après 31 années de fonctionnement. Le Pôle Economie et Prospective des Chambres d’agriculture de Normandie a rassemblé les éléments du débat sur l’avenir des élevages en Normandie et construit 3 scénarios d’évolution d’ici à 2020 pour la filière laitière normande.

1 L’exportation vers les pays tiers (hors Union Européenne) est une opportunité partagée par toutes les laiteries présentes. L’implantation à l’international consolide les liens commerciaux avec la France et permet de développer des flux. En cela, on peut dire que ce développement enracine les entreprises normandes. Les entreprises laitières sont implantées dans les territoires ruraux et des liens forts existent entre les salariés des laiteries et les producteurs (communauté de vie, relations familiales…).

2 Le secteur laitier peut-être offensif sur le marché mondial : croissance de la conso/hbt combinée à celle du nombre d’habitants. Ce n’est plus le cas des viandes prises dans leur globalité.
3 Les laiteries interpellent fortement la Commission Européenne pour qu’elle utilise les outils à sa disposition afin d’enrayer la baisse annoncée des prix du lait : demande claire d’une montée du prix d’intervention (actuellement à 220 euros par tonne équivalents laits).
4 La fin des quotas va conduire à une co-construction de la filière avec et autour des OP : partager une vision commune des marchés, échanger sur les indicateurs entre OP et entreprise (et au sein des coopératives) apparait comme incontournable pour apprendre cette nouvelle relation éleveurs-laiterie ou beaucoup de choses restent à faire.

5 La piste de l’IGP Normandie (indication géographique de provenance) pourrait aussi concourir à créer de la valeur ajoutée à tous les produits laitiers normands (hors fromages AOP) notamment sur le marché français.

6 Les producteurs de lait vont avoir de nombreuses opportunités.
Dans le contexte fluctuant qui les attend, la construction d’un projet d’entreprise sera primordiale. De nouvelles compétences devront être intégrées dans les domaines du management, de la gestion du stress, du rapport aux autres.

7 Anticiper et intégrer la gestion des risques avec une épargne de précaution (fonds de roulement) pour le côté individuel mais aussi travailler sur la gestion collective des risques.

Ils ont dit...

Jean-Louis Belloche
Président du Comité d’orientation économie et prospective de la Chambre régionale d’agriculture de Normandie. “La Normandie, c’est 15 % de la collecte laitière française sur 7,4 % du territoire avec 9 000 élevages et 20 000 actifs. Nous devons nous donner des perspectives à l’horizon 2020 et sortir d’une vision de court terme”.

Sophie Hélaine
Commission européenne (modélisation agricole et perspective). “Entre 2014 et 2023, la France va produire 15 % de lait en plus de même que la Pologne qui a un fort potentiel de développement, l’Autriche, les Pays-Bas (+ 2 MT) et l’Irlande mais pas à hauteur de 50 % mais de 25 %, ces deux pays étant confrontés à des problèmes environnementaux de même que l’Italie qui ne devrait pas voir sa production progresser à cause d’un problème de nitrate dans la Plaine du Pô. En France, les régions à fort potentiel de développement sont la Normandie et la Bretagne (...).
Le prix du pétrole va déterminer le prix des commodités agricoles. Pour le lait, il devrait se situer aux alentours de 35 centimes. Pour qu’il descende à 30 centimes, il faudrait des conditions macroéconomiques extrêmement rares”.

Michel Nalet
Lactalis. “Nous allons vivre une période  de volatilité du prix du lait (...).
Sur l’Europe, on a peut-être pas fait le plein de produits normands (...).
Quelle attitude normande face aux régions qui subiraient une déprise laitière (...)?
Le niveau de prix d’intervention est inadapté. A 220 e/1 000 l, on sera dans le mur (...)?
La conquête des marchés mondiaux enracine les entreprises sur leur territoire (...).
Il n’y a pas d’un côté le gros méchant industriel et, de l’autre, le petit producteur gentil”.

Daniel Chevreul
Bongrain. “30 % des volumes transformés en France le sont en Normandie par 5 entreprises de taille internationale (...).
La Normandie répond aux attentes de la société (...).
L’Europe est un marché à maturité(...).
Les Américains ont mis en place des filets de sécurité. Les nôtres sont inopérants. On est en situation de crise. On va tester la commission européenne (...).
Fournisseurs et acheteurs doivent partager les mêmes données économiques (...).
La confrontation entre producteurs et transformateurs est plus forte en France que dans les autres pays. C’est une singularité française(...).
A la fin du contrat, tout peut être remis en cause. Cette liberté existe.

Philippe Allanic
Agrial. “Nous allons alterner les différents scénarios qui nous ont été exposés mais nous allons offrir des opportunités de production supplémentaire à nos adhérents”.

Pierre Poixblanc
CLHN. “A minima, nous allons maintenir notre production (...).
La fourchette du prix du lait devrait se situer entre 300 et 400 e ”.

Katrine Lecornu
Présidente d’European Dairy Farmers et productrice de lait dans le Calvados. “ Ils sont drôles les Français. Ils se posent la question : “comment limiter la casse ?” alors que les Hollandais et les Danois se disent : “comment exploiter tout ce potentiel ?”

Dominique Guillemine
Producteur de lait dans l’Orne. A l’attention de Michel Nallet (Lactalis) : “qu’attendez-vous pour donner des perspectives à vos producteurs ? A quand un plan ? Un projet ?” Réponse : “la perspective est aussi compliquée pour nous que pour vous”.

Sophie Godet-Morisseau
Danone. “70 à 80 % de nos producteurs
sont en OP (Organisation de Producteurs) et nous avons besoin d’OP fortes et structurées”.

Max Vié
OP Lactalis. “C’est un constat d’échec chez Lactalis. 18 % des producteurs sont en OP. Ce n’est pas assez massifié. Lactalis ne fait pas assez d’efforts pour nous aider à nous organiser”.

Ludovic Blin
Président de la section lait de la FDSEA de la Manche. “D’une laiterie à l’autre, l’ambiance n’est pas la même. A quand la concurrence pour que le producteur ait le choix de son entreprise ?”

Anne-Marie Denis
Présidente de la FDSEA de l’Orne. “Lactalis est-elle prête à jouer le jeu avec les OP ? Vous avez fait pression à l’encontre de la signature des contrats. Tiendrez-vous compte des indicateurs ? Vous êtes dans les laiteries qui paient le moins”.

Jean Turmel
Président section lait FRSEA Basse-Normandie “Lactalis a parlé d’externalisation, mais aussi d’export à partir de la France. Si un intervenant veut aller sur un marché tiers, c’est un point positif (...)
Pour notre avenir, le nom “Normandie” est important. Il ne doit pas être accaparé. Le jugement sur la notion “fabriqué en Normandie” m’inquiète. Cette attaque en justice est une faute. C’est une initiative presque personnelle qui empêche les initiatives de s’exprimer”.

Patrick Lemartinel
Crédit Agricole de Normandie. “Le pilotage des exploitations doit évoluer. Il ne faut pas penser uniquement volume et bien intégrer les coûts de production. En système laitier, nous observons des EBE qui varient de 1 à 3. Il y a donc des questions à se poser pour accompagner les exploitations dans la durée”.

Sophie Marçot
Bureau Technique de Promotion Laitière. “Demain, il faudra être de plus en plus gestionnaire. La notion de management se développe. La performance d’une ferme ne se résume pas qu’à la technique et à la traite des vaches. L’exploitant doit se fixer des objectifs pour les atteindre. Nous sommes dans une démarche de management où il faudra aussi apprendre la gestion de crise. Car on le voit encore parfois dans les fermes : c’est la maman qui continue de gérer les papiers. L’agriculteur n’a pas forcément besoin de conseil, un coach peut être utile”.

Jean-Louis Belloche
Président Comité normand d’Orientation Economie et Prospective (COREP) Chambre d’agriculture.   “A long terme, peu de professions disposent d’autant de perspectives. La population mondiale et le niveau de vie augmentent”.

Christian Delugeau
Président du CRIL  “75 % des producteurs de lait seront encore là demain. On aura besoin des organismes financiers pour permettre la restructuration”.

Laurence Sellos
Présidente de la commission élevage, Chambre d’agriculture de Normandie  “A long terme, les perspectives sont bonnes. Cependant à moyen terme, les producteurs n’ont pas encore totalement conscience de la situation délicate. Je crains la crise liée à l’embargo russe. Ce décalage, entre les perspectives à moyen et à long terme, me frappe”.

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