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Communication, PAC, PSN, OCM, Europe
Cidre : trois parlementaires s'emparent du sujet

Deux eurodéputés, dont l’ancien président de JA National, et un député ancien ministre de l’Agriculture ont pris les devants pour donner une impulsion à la filière cidricole. Stéphanie Yon-Courtin, Jérémy Decerle et Stéphane Travert unissent autour d’eux leurs collègues pour travailler à l’intégration de la filière cidricole à la fois dans l’Organisation commune des marchés et dans le plan stratégique national de la PAC 2023-2027. Ils planchent aussi sur la création d’une association de producteurs, où les organisations de producteurs et les producteurs indépendants pourront se retrouver.

Filière cidre
© TG

Thomas Pelletier, président de la Fédération nationale des producteurs de fruits à cidre
" L’avenir du cidre passe par la nécessité de se faire entendre "« Pendant la crise sanitaire, le député Stéphane Travert nous a aidés à obtenir une enveloppe de 5 millions d’euros. Nous lui devons aussi la création du groupe cidre à l’Assemblée nationale. La profession demande à ce que le cidre soit reconnu dans l’Organisation commune des marchés ; que la culture des pommiers soit valorisée dans le PSN. L’Unicid souhaite la création d’une association de producteurs où pourront adhérer les OP et les producteurs en tant qu’individus. Enfin, nous aimerions que des mesures de crise soient développées, avoir des moyens importants de communication et d’investissement. L’avenir du cidre passe par le fait de se faire entendre. Chacun des députés, avec ses armes, nous aide à aller dans ce sens. Nous saluons leur travail. »

 

Stéphane Travert, député LREM de la Manche


" Le groupe de travail donne du poids à la filière cidre "
La filière cidricole compte désormais sur un groupe de travail à l’Assemblée nationale pour défendre ses intérêts. Stéphane Travert, ancien ministre de l’Agriculture, a ainsi réuni une trentaine de parlementaires, transpartisants, qui planchent notamment sur l’intégration de la place de la filière cidre dans la PAC.

>> Quand et comment est né le groupe parlementaire pour la filière cidre ?
Je connais la filière cidricole de longue date, et elle n’a jamais eu de groupe à l’Assemblée nationale pour défendre ses intérêts. Elle est pourtant soumise à des difficultés, notamment depuis la crise sanitaire avec la gestion des stocks et la fermeture de la restauration hors domicile. Se pose aussi la question de sa place dans la PAC et sa déclinaison dans le plan stratégique national. J’ai pensé nécessaire de créer un groupe de travail, ordonné, de référence. Nous sommes donc une trentaine de parlementaires, élus de tous les bancs de l’Assemblée et des régions concernées par les productions cidricoles ou qui s’y intéressent, à être réunis dans un groupe de travail depuis le mois de mai.

>> Quelles problématiques rencontrées par la filière cidricole avez-vous identifiées ?
Les demandes de la profession se recoupent, d’une région à l’autre. La filière compte des acteurs industriels importants, mais aussi de plus petits récoltants, qui sont soumis à la vente de leurs produits pour générer de la trésorerie. Quand on plante un verger hautes tiges, il faut presque une vingtaine d’années pour qu’il soit productif. Quid en attendant ? Se pose aussi la question de la transmission des exploitations : comment anticiper le devenir de la filière ?

>> Sur quels leviers allez-vous travailler ?
Des dispositifs fiscaux pour la gestion des rotations et des stocks ; l’accès aux aides du plan stratégique national de la PAC, notamment les écorégimes, pour mettre en avant les services rendus à l’environnement, comme le stockage du carbone, la valorisation du pâturage ; soutenir le développement de la filière et anticiper son avenir, pourquoi pas grâce à la formation ; accorder des moyens de communication – notamment via FranceAgriMer – pour valoriser le cidre, son histoire, ses débouchés.
>> Quel a été votre premier travail ? Quelle est la suite du programme ?
Nous avons commencé par écrire un courrier au ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, pour lui présenter notre groupe et ses demandes. À cause de la situation sanitaire, nous n’avons pas encore pu nous réunir physiquement, mais nous programmons une réunion, en septembre, pour défendre un certain nombre de choses, auditionner les producteurs, recevoir les acteurs de la filière. Le meilleur moyen de se rendre compte, c’est aussi d’aller sur le terrain. Nous verrons en fonction de la situation sanitaire.
Il ne faut pas non plus oublier que nous allons arriver à la fin d’un mandat. J’espère que le groupe perdurera.

 

Jérémy Decerle, eurodéputé


" Nous avons une fenêtre de tir jusqu’à la fin de l’année"
L’éleveur de bovins viande, installé en Saône-et-Loire, est l’ancien président de JA National. Il a rejoint les bancs des eurodéputés en 2019. Jérémy Decerle défend une filière cidre créatrice de valeur ajoutée et au modèle économique exemplaire.

>> Quel est votre rôle d’eurodéputé ?
Je suis membre de la commission agriculture et développement durable et de celle commerce international au parlement européen. Je suis aussi rapporteur des textes plans stratégiques et règlement de l’OCM pour mon groupe. Notre ligne de conduite est de trouver un équilibre entre les réalités économiques du monde agricole et les ambitions environnementales et sociales européennes. Nous devons donner aux agriculteurs les moyens de relever les défis.

>> Et plus précisément pour la filière cidre ?
On travaille pour que les demandes de la filière soient euro-compatibles et avec le ministère de l’Agriculture pour les intégrer dans le plan stratégique national, pour que les producteurs bénéficient des aides couplées du 1er pilier. Nous devons faire accepter le cidre par les autres filières du secteur fruits et légumes de l’OCM. Nous devons être convaincants. Mon job c’est aussi de trouver des partenaires, des alliés européens, de me rapprocher de collègues d’autres pays pour valoriser les atouts environnementaux des producteurs de pommes, à l’heure où ces questions écologiques sont posées par l’Europe.
>> Quels objectifs visez-vous ?
C’est à la filière de les fixer. Les producteurs de cidre sont les mieux placés pour dire quels sont leurs intérêts. Ensuite, à nous, députés européens, de travailler avec les parlementaires français pour intégrer le cidre dans le plan stratégique national. Nous avons conscience de l’importance du sujet, nous devons en faire une priorité. Nous avons un an et demi avant la mise en œuvre de la prochaine PAC. Il nous reste ce temps-là pour faire bénéficier à la filière d’un plan d’accompagnement dans le cadre du règlement européen. Une première version du PSN a été envoyée à la Commission européenne. Elle doit donner sa réponse avant la fin de l’année. Nous avons une fenêtre de tir et nous continuons d’échanger avec Bruxelles et Paris.

>> Pourquoi défendez-vous ainsi la filière cidre ?
Le modèle économique de la filière cidricole, par ses dimensions, est créateur de valeur ajoutée. Alors que les productions européennes à gros volumes sont sécurisées, il existe beaucoup de petites productions à stabiliser. La filière cidre peut être un exemple pour d’autres secteurs européens. Elle peut aussi en être un pour les futures politiques alimentaires. Nous travaillons pour ne pas perdre ce modèle économique délicat.

 

Stéphanie Yon-Courtin, eurodéputée


" À Bruxelles, nous ouvrons les discussions pour la filière cidre "

Les trilogues ont acté que le cidre ne fera pas partie de la PAC, mais des discussions sont en cours pour l’intégrer dans l’Organisation commune des marchés (OCM) des denrées agricoles. Stéphanie Yon-Courtin et Jérémy Decerle (lire ci-dessus), deux eurodéputés, y travaillent.

>> Que faites-vous, à Bruxelles, pour la filière cidre ?
Avec Jérémy Decerle, nous rassemblons les acteurs de la filière avec la direction générale (DG) de l’agriculture de la Commission européenne. Nous avons eu une première réunion fructueuse, en février : étaient présents les acteurs de la filière, la DG Agri, le Parlement européen, la représentation permanente française.

>> Pourquoi qualifiez-vous la rencontre de fructueuse ?
Nous avons obtenu deux avancées. La première est l’ouverture de la discussion sur le rattachement du cidre à l’Organisation commune des marchés (OCM) des denrées alimentaires. Le cidre n’entrera pas en tant que tel dans l’OCM mais la pomme à cidre intégrerait le secteur fruits et légumes. C’est en cours, nous espérons une réponse le plus tôt possible. Si elle intègre l’OCM, la filière bénéficiera d’aides conjoncturelles et structurelles. Le fait que les représentants à Bruxelles aient la volonté de parler est une première victoire.

>> Et la seconde ?
Elle repose sur une demande de l’Unicid, d’ouvrir la filière aux petits producteurs, avec une volonté de mettre en valeur le haut de gamme. L’idée est de créer une AOP, une association d’organisation de producteurs, à l’échelle nationale, pour donner plus de forces aux petits producteurs, pour faire face aux crises, pour être le relais pour débloquer des aides, pour peser dans les variations de prix. Depuis le Brexit, le cider anglais est sorti du marché commun. Cela rend aux cidres français, espagnol et polonais leur vraie légitimité et leur valeur haut de gamme.

>> Comment travaillez-vous avec l’échelon national, notamment sur la PAC et son PSN ?
Il était trop tard, en février, pour intégrer le cidre dans le cadre réglementaire de la PAC. Mais nous menons un travail descendant avec Stéphane Travert et son groupe transpartisant, auprès de Julien Denormandie, pour que les producteurs de pommes à cidre soient éligibles aux écorégimes : combien ? comment ? nous voulons ouvrir la voie aux aides pour services rendus à l’environnement à l’échelle de l’exploitation, qu’ils soient accompagnés pour être labellisés (AB, HVE).  

>> Quel serait le plan parfait pour la filière ?
Sécuriser le cidre dans le secteur, bien défini, fruits et légumes de l’OCM. Mais nous devons nous entendre avec les autres filières du secteur, car l’enveloppe est à budget constant. L’ouverture de la discussion est une chose mais la validation en est une autre. Les prochaines réunions auront lieu à la rentrée de septembre.

OCM, késako ?
La filière Fruits et Légumes bénéficie d’un soutien financier dans le cadre de l’Organisation commune des marchés, régie par le règlement du Parlement européen et du Conseil (UE).  Les fonds opérationnels sont définis par année civile. Les programmes opérationnels (PO) sont des projets d’entreprises établis sur 3 à 5 ans destinés à : assurer la programmation de la production et son adaptation à la demande, notamment en quantité et en qualité ; concentrer l’offre et mettre sur le marché la production des membres de l’organisation de producteurs ; optimiser les coûts de production et régulariser les prix à la production ; améliorer la planification de la production ; améliorer la qualité des produits ; développer la mise en valeur commerciale des produits ; promouvoir des produits, qu’ils soient frais ou transformés ; mettre en œuvre des mesures en faveur de l’environnement et des méthodes de production respectant l’environnement, notamment l’agriculture biologique ; prévenir et mieux gérer les crises.
Bénéficiaires :
Les Organisations de Producteurs (OP) reconnues
Les Associations d’Organisations de Producteurs (AOP) reconnues.
La demande de reconnaissance se fait auprès du Ministère en charge de l’Agriculture. Les OP ont la possibilité de déléguer une partie ou la totalité de leur programme opérationnel (PO) à une AOP.
(Source FranceAgriMer)

 

 

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