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CAGNY
Projet de sucrerie dans le Calvados : un dossier refermé mais toujours en veille

Le projet d’étude d’une nouvelle sucrerie dans le Calvados, pour faire suite à la fermeture de Cagny, est refermé. Les explications de Patrick Dechaufour, président de la CGB Calvados, Orne, Sarthe.

SUCRERIE CAGNY - BETTERAVES
Sur nos terres, des panneaux qu’on aimerait bien finalement retrouver !
© TG

« Il faut rester positif. Nous sommes allés jusqu’au bout de la démarche grâce à l’appui de la SCPBN (Sica Commerciale Pulpes de Basse-Normandie) et de la CGB (Confédération Générale des Planteurs de Betteraves). Nous avons acquis des compétences, mais, en l’état, le projet d’une nouvelle sucrerie est refermé. Financièrement, cela ne passait pas, inutile donc de s’entêter ». Patrick Dechaufour, porteur du projet depuis le début, reste droit dans ses bottes tout en comprenant la déception générée par cette décision. Un courrier informatif est arrivé dans les boites à lettres des ex-betteraviers il y a quelques jours. Technologiquement et financièrement, les expertises d’ingénieries ont rendu leur verdict et c’est sur le second point que le projet a achoppé. « Face à un tel investissement, il nous fallait 25 % de subvention alors qu’en recalculant dans tous les sens, nous n’arrivions qu’à 2 ou 3 % », regrette Patrick Dechaufour. Dommage pour un outil qui aurait créé une centaine d’emplois directs et capable de traiter 9 à 10 000 t/j pour une sole de 14 à 15 000 ha.

Un sucre normand pour le grand ouest

Les planètes semblaient pourtant bien s’aligner dans un premier temps. En juin 2019, comprenant que Südzucker ne céderait jamais son outil St-Louis-Sucre de Cagny, l’idée de proposer une alternative crédible en partant d’une feuille blanche a germé. Toutes les pistes ont été explorées quitte à sortir des sentiers battus comme un débouché protéine à haute teneur. Ce travail de fond « a abouti à un avant-projet avec un chiffrage précis intégrant une filière bio et une unité de déshydratation de pulpe ». Se profilait à l'horizon une usine d'une taille similaire à celle de Cagny, avec un sucre normand, qui a reçu un soutien de principe de la coopération régionale (Agrial, coopérative de Creully et Natup) et du Conseil Régional sous la bienveillance des acheteurs éventuels d’un sucre de proximité.

Lire aussi Saint-Louis Sucre : "la fermeture de Cagny, c'est du foutage de gueule"

Pas éligible au plan de relance

Le couperet est tombé sans doute de là où on ne l’attendait pas. Alors que le plan de relance est vanté au quotidien, le projet ne rentre pas dans les cases, donc pas d’aide de l’Etat. « Il ne s’agit pas d’une restructuration, mais d’un outil neuf », croit comprendre Patrick Dechaufour qui après cette douche froide déplore « un manque de courage politique. Didier Guillaume, alors ministre de l’Agriculture, était venu nous soutenir en affirmant haut et fort qu’on allait voir ce qu’on allait voir ! Tout ça pour ça. Le seul à avoir joué le jeu, c’est le Conseil Régional à travers l’ADN (Agence de Développement de Normandie) ». Amer, Patrick Dechaufour l’est également à l’encontre du Groupe Südzucker qui a roulé tout le monde dans la farine, qui a invité les producteurs à produire plus quelque temps avant de fermer, qui a laissé les ETA (Entrepreneur de Travaux Agricole) investir dans des arracheuses intégrales pour une ou deux campagnes, qui a fait croire qu’elle maintiendrait une activité à Cagny pour s’exonérer d’un couteux chantier de dépollution...  

La messe n’est peut-être pas totalement dite

Pour autant, la messe n’est peut-être pas totalement dite. Et si Südzucker s’était trompé de stratégie ? La plaine de Caen et ses environs constituent un bassin de prédilection pour cultiver la betterave sucrière. Un espace qui s’ouvre sur le bassin de consommation du Grand Ouest pesant 500 000 t/an. Le consommateur veut de plus en plus de local pour diminuer son empreinte carbone, la grande distribution lui emboîte le pas au point d’en faire un argument de vente. Toutes les études de marché menées au cours de ce projet aboutissent à ces mêmes constats. Parallèlement, une sucrerie neuve aux normes d’aujourd’hui, c’est une économie énergétique de 50 % de gaz pour produire une tonne de sucre. « Approche locale + image = une équation qui a du sens », plaide Patrick Dechaufour. Le courage politique et les enjeux d’une réindustrialisation de la Normandie et de la France redeviendront peut-être un jour politiquement corrects. L’économie, l’agronomie, la règlementation et le potentiel de notre bassin de production pourraient très bien faire revenir des opérateurs du sucre sur nos terres bas-normandes…
 

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