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Session chambre d'agriculture du Calvados
Assurer ses cultures pour gérer les aléas climatiques

Vendredi 26 septembre, la Chambre d'agriculture du Calvados s'est réunie à Caen en présence du secrétaire général de la préfecture. Dans un contexte de prix agricoles en berne et de pressions sanitaires persistantes, la session a mis l'accent sur les intempéries de juin dernier et la nécessité d'assurer ses cultures.

Réunis autour de leur président Jean-Yves Heurtin, les élus de la Chambre d'agriculture du Calvados ont balayé de nombreux sujets lors de cette session de rentrée le vendredi 26 septembre à Caen. Entre bilan de moissons hétérogènes, crises sanitaires persistantes et incertitudes politiques autour de la future Pac, l'accent a été mis sur la gestion des aléas climatiques et l'importance de s'assurer pour éviter les "années blanches". Le sujet a fait l'objet de la table ronde finale : l'assurance récolte n'est plus une option mais une nécessité, après les deux orages de grêle du 13 et du 25 juin qui ont frappé le département.

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Moissons contrastées, prix en chute

Le bilan des récoltes illustre la difficulté de l'année : "on observe des bons résultats en colza et orges de printemps, des rendements très variables en blé et orges d'hiver (de 65 à 95 q/ha), mais la chute des cours qui pèse lourdement", introduit Jean-Yves Heurtin. "Aujourd'hui, les prix de vente sont en dessous de nos coûts de production. C'est intenable", a insisté Xavier Hay, président de la FDSEA du Calvados. Le contexte géopolitique et économique n'arrangeant rien puisqu'on observe déjà une diminution des importations de céréales aux États-Unis (voir encadré).

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Anticiper les aléas

Les 13 et 25 juin derniers, 162 exploitations du département ont été touchées par des orages de grêle destructeurs. Pour tenter de répondre à la situation, la chambre a déjà formulé plusieurs demandes telles que le dégrèvement de la TFNB (Taxe foncière sur les propriétés non bâties), une dérogation pour ne pas avoir à semer des couverts végétaux cet hiver si des repousses sont présentes au champ dans les parcelles sinistrées ou encore une dérogation pour autoriser le brûlage de certaines parcelles de lin). "Mais ces mesures ne doivent pas se substituer à la mise en place d'outils permettant de faire face aux aléas climatiques de plus en plus fréquents et prenant des formes diverses (grêle, tempêtes, sécheresse...)", prévient le président de la Chambre.

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"En comptant les subventions de la Pac, la MRC revient en réalité à moins cher que l'assurance grêle-tempête"

"Il ne faut pas compter uniquement sur les aides ponctuelles ou l'ISN (Indemnité de solidarité nationale) qui reste un filet de sécurité a minima, ce qui est loin de compenser l'ensemble des pertes subies et n'est pas toujours applicable", a averti Héloïse Deffobis, directrice adjointe à la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer) du Calvados. "La seule solution, c'est d'anticiper en s'assurant avec une assurance multirisque climatique", atteste Antoine Bossuyt, président des JA 14 et victime de la grêle de juin alors qu'il était non assuré à l'époque.

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Assurance : un investissement vital

Autour de la table ronde, Héloïse Deffobis, Murielle Simon, conseillère d'entreprise secteur Pays-d'Auge à la Chambre, Jean-Emmanuel Zaragoza (Crédit Agricole), Franck Droone et Linda Catherine (Groupama) sont intervenus et ont tour à tour détaillé les dispositifs existants. Exemple chiffré à l'appui, Murielle Simon a démontré qu'une ferme assurée perd moins d'argent sur le long terme et reste plus pérenne qu'une non-assurée, malgré le coût apparent élevé de la cotisation. "L'assurance multirisque revient en réalité à moins cher que l'assurance grêle simple en comptant les subventions de la Pac", a renchéri Antoine Bossuyt. Pour Linda Catherine, le constat est sans appel : "En 2025, un contrat multirisque sur deux a été sinistré. L'assurance, c'est la survie de l'entreprise."

Jean-Emmanuel Zaragoza a quant à lui rappelé l'importance d'anticiper aussi ces situations par la trésorerie et l'épargne de précaution autant que possible, même si "quand on est jeune, on ne peut pas épargner, donc il faut impérativement s'assurer."

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Par-7, haies, ENS

En marge de cette table ronde, trois motions ont été présentées. La première concerne la suspension des contrôles du nouveau Par-7 DN (Programme d'actions régional directive nitrates). Elle a été validée par toute l'assemblée sauf deux abstentions de la Confédération paysanne. La seconde motion demande que l'entretien des haies en bord de route soit assuré par les collectivités et notamment par le département. Si les demandant et considérant ont été revus et discutés, elle a bien été validée in fine. Enfin, la dernière motion demande le déclassement en ENS (Espace naturel sensible) d'une partie des 40 ha - située sur le plateau - récemment acquis par le département à Blainville-sur-Orne pour un montant supérieur à 600 000 €. L'objectif étant de "préserver le caractère nourricier et l'intérêt économique de ces terres". Plus largement, la Chambre appelle à la vigilance sur le classement en ENS de parcelles dans le département.

Le secrétaire général de la préfecture, Stéphane Sinagoga, a réagi à ces motions en rappelant la ligne de l'État : "notre objectif est bien de concilier production, environnement et pérennité économique de vos exploitations". Un message qui fait écho aux inquiétudes exprimées sur le terrain, où l'équilibre entre contraintes réglementaires et maintien de l'activité agricole reste au cœur des discussions.

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Commerce international

En visioconférence, Quentin Lesieur, chargé d'études économiques à la Chambre d'agriculture de Normandie, a présenté les premiers impacts de l'accord conclu le 27 juillet avec les États-Unis, qui a fixé les droits de douane à 15 % au lieu des 30 % initialement envisagés par Donald Trump. Le secteur des céréales est le plus exposé en volume, d'autant que l'Union européenne n'a pas choisi de mesures de réciprocité. Pour autant, la baisse observée des exportations ne traduit pas forcément un recul structurel : elle est surtout liée aux importateurs américains qui avaient massivement anticipé leurs achats, par crainte d'une hausse brutale des tarifs, et ce bien avant même la confirmation officielle du taux final. "Il faut donc éviter de confondre repli conjoncturel et tendance durable", a insisté Quentin Lesieur, rappelant que les véritables effets des accords, qu'il s'agisse du Mercosur ou des droits de douane, ne seront visibles qu'à l'horizon de deux à trois ans.

Pratique : Les conseillers chambre en production végétale et/ou en entreprises proposent un bilan flash "intérêt à s'assurer". Pour plus d'information, vous pouvez contacter Murielle Simon : murielle.simon@normandie.chambagri.fr.

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