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Chambre d’agriculture : une session qui sent le biogaz

Mercredi 10 mars 2021, la Chambre d’agriculture de l’Orne a voté une délibération relative à l’activité de méthanisation dans le département, premier en nombre d’unités en Normandie. Le sujet a fait débat.

SESSION CHAMBRE AGRI 61 BIOGAZ
Les élus de la Chambre d’agriculture de l’Orne se sont réunis l’après-midi de leur session du 10 mars dans les locaux de Territoire d’énergie, le syndicat d’énergie de l’Orne, au milieu d’une exposition sur la méthanisation à la ferme.
© DR

C’est une première dans la région : la Chambre d’agriculture de l’Orne a décidé de mettre une longue résolution de quatre pages au menu de sa session, mercredi 10 mars. En tête en Normandie avec 42 unités de méthanisation en fonctionnement, elle en compte six en construction, quatorze en instruction, auxquelles viendront bientôt s’ajouter une trentaine de projets identifiés. Le document a pour but de servir de cadrage politique, mais aussi aux équipes de la Chambre qui suivent les projets. Un état des lieux des installations a permis d’enrichir le débat entre les élus.

Tarifs en baisse

En Normandie, l’ambition de 10% de biogaz dans la consommation de gaz d’ici 2030 a été actée, « on est à la moitié de l’objectif », décompte Madeleine Bréguet, chef de projet en bio-énergie méthanisation à la Cran. La projection de 400 méthaniseurs dans la région en 2030 semble toutefois s’éloigner, au regard de la baisse continuelle des tarifs de rachat. En cogénération*, le tarif perd 0,5% chaque trimestre depuis 2017, et c’est la même punition du côté du gaz depuis novembre 2020. De plus, les coûts d’investissement ne faiblissent pas et les subventions se font plus sélectives. Enfin, l’augmentation du mécontentement dans la population est un véritable frein au développement des projets qui font face à des exigences règlementaires accrues. Point positif : les fournisseurs GRTGaz et GRDF investissent dans les raccordements, permettant aux agriculteurs éloignés du réseau de mener leur projet à bien. Le chantier de mise en service d’un rebours* à Argentan est programmé cette année, ce qui montre l’engagement des professionnels du gaz dans la méthanisation. Par ailleurs, l’intérêt du gaz naturel pour véhicules (GNV) poursuit son développement avec des projets d’achat de voitures par des collectivités locales.

Débats

Dans l’assistance, le débat est tranché entre les pour et les contre. Laurent Leray (Confédération paysanne) craint des tensions sur les fourrages, ainsi que l’utilisation « incontrôlable » des cultures : « je pense qu’on fait de la métha trop grosse et je me demande quelles seront les conditions de reprise d’une ferme avec méthanisation, au vu des investissements ». Anne-Marie Denis (FDSEA) rétorque que « les investissements peuvent choquer, mais on peut monter un projet métha à plusieurs, ce qui permet à tous d’en faire un peu ». A la critique sur le dévoiement du métier d’agriculteur, qui devrait vivre avant tout de l’alimentation qu’il produit, Jean-Louis Belloche répond que « la métha permet aux agriculteurs d’avoir un prix fixé sur vingt ans et de participer ainsi à une meilleure sécurisation des résultats financiers ». « On reproche aux agriculteurs de gagner de l’argent avec la métha, embraye Anne-Marie Denis, mais c’est parce que nos productions ne sont pas suffisamment rentables », elle souligne aussi le danger pour la profession de ne pas s’impliquer : « si on ne veut pas prendre cette place-là, les industriels la prendront et on laissera partir la valorisation ». La délibération a été adoptée à la majorité, trois voix contre et une abstention.

*Lexique
La cogénération est la production simultanée de chaleur et d’énergie mécanique, cette dernière étant convertie en électricité.
La technique du rebours permet le transport du gaz en surplus vers un lieu de consommation plus éloigné.

Questions à Jean-Louis Belloche, président de la Chambre d’agriculture de l’Orne
Une délibération de quatre pages, portant sur la méthanisation, a été votée mercredi 10 mars par les élus de la Chambre d’agriculture de l’Orne. Jean-Louis Belloche, le président, est aussi méthaniseur avec ses trois associés, il utilise la cogénération*.

>> Pourquoi faire voter cette délibération et pourquoi maintenant ?
De nombreux projets actuellement en construction sont mal acceptés socialement. Et puis, l’administration demande de plus en plus d’éléments pour la constitution des dossiers. Or, des opportunités voient le jour dans le département avec le lancement des travaux du rebours* à Argentan cette année par GRTGaz. Un projet est aussi à l’étude à Mortagne-au-Perche. Notre objectif est d’améliorer l’ambiance générale sur ces sujets-là.

>> A qui s’adresse-t-elle ?
C’est une feuille de route du développement de la méthanisation telle qu’on la souhaite dans notre département. Nous réaffirmons notamment le respect de la règlementation nationale du seuil des 15% en tonnage d’apport de cultures principales. La profession est décriée sur le non-respect de ce ratio. La Chambre d’agriculture est opérateur de l’information, de la formation et de l’accompagnement des projets de méthanisation. Ce cadrage s’adresse également à nos agents.

>> Quel est l’intérêt du développement de la méthanisation si les tarifs de rachat d’électricité et de gaz continuent de baisser ?
Pour la cogénération*, la rentabilité diminue en raison de la baisse des tarifs de rachat, l’injection (pour produire du biogaz, ndlr) reste plus attractive financièrement. La méthanisation apporte une diversification aux activités d’élevage pour valoriser le fumier et le lisier. On est bien sur une recherche d’équilibre de structure d’exploitation parce que les productions d’élevage sont trop souvent déficitaires. Elle permet à la ferme de retrouver un meilleur équilibre financier. La diminution des tarifs nous amène à anticiper un recul de l’engouement pour la méthanisation. Le rejet croissant des riverains est aussi en cause : dès qu’il y a un projet, un collectif se monte.

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