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Questions à Joseph Pousset, agriculteur en bio à la retraite et auteur
[EN VIDEO] Joseph Pousset dans l'Orne : « Une des clés de la réussite, c’est l’assolement »

Joseph Pousset, chercheur en agronomie et agriculteur en bio à la retraite depuis 2022, a sorti un nouveau livre en juillet 2023. Au cœur de cet ouvrage : les assolements et rotations. Ses recherches et ses nombreux essais de rotations sur sa ferme de 25 ha, ont constitué une des bases à ses écrits. 

Pourquoi avoir écrit un ouvrage sur l’assolement et les rotations ?

L’assolement et les rotations font partie des choses que j’ai étudiées sur ma ferme pour ensuite les vulgariser. Mais surtout, l’assolement est un fondamental en agriculture. Parce que c’est un socle qui contribue à maintenir une terre riche et fertile. C’est un élément indispensable aussi pour la maîtrise des mauvaises herbes, particulièrement en agriculture biologique. Une des clés de la réussite, c’est l’assolement. 

 

Pour rédiger ce nouveau livre, vous êtes-vous appuyé seulement sur vos connaissances acquises au cours de votre carrière et de vos études d’agronomie à l’Enita de Bordeaux (désormais Bordeaux Sciences agro) ou avez-vous consulté des documents ou rencontré des spécialistes ?

Je me suis bien sûr appuyé sur mon expérience à la ferme, mais aussi sur ce que j’ai vu chez les autres agriculteurs. Quand je passe chez quelqu’un, je lui donne mon point de vue, mais il m’apprend aussi des choses, ce n’est pas à sens unique ! Je n’ai pas beaucoup consulté la littérature technique, parce qu’il n’y a pas grand-chose de publié sur le sujet. 

Lire aussi : Lecture : l’agriculture « naturelle » avec Joseph Pousset

Quels moyens mettre en place pour éviter la repousse des adventices ?

Pour commencer, un bon assolement permet de limiter la présence des adventices. La manière de travailler la terre est très importante pour limiter ce phénomène. Aujourd’hui, il y a un débat autour du labour. Il y a des personnes qui affirment qu’il ne faut pas labourer car ça dégrade la terre. Ce qui n’est pas faux ! Mais il a un gros avantage : il facilite la lutte contre les mauvaises herbes. Donc ça veut dire qu’en bio, c’est plus difficile de se séparer du labour. Mais c’est possible ! Moi-même, je n’ai pas labouré pendant 25 ans. L’ultime moyen de lutte contre les adventices, c’est le sarclage. Il y a tout un tas d’outils qui permettent de lutter mécaniquement contre les mauvaises herbes. Il y a même des robots désherbeurs comme la machine Farmdroid. Le sarclage demande du temps, donc il faut en avoir besoin le moins possible. Pour cela, il faut optimiser l’assolement, les rotations et le travail du sol. Moi pour lutter contre les mauvaises herbes, je passais une herse étrille. Je n’avais qu’elle comme outil contre la repousse des adventices.

Lire aussi : Les légumineuses, bientôt à l’attaque de nos assiettes ?

Détaillez-nous votre rotation type ?

C’est indispensable d’avoir une bonne tête de rotation. J’avais deux types de roulements : une rotation pour faire des essais, sur des surfaces restreintes car il pouvait y avoir des loupés, et une rotation dite de croisière, destinée à la vente. Mon cycle pour la vente : je commençais par une année de jachère, sur laquelle je cultivais des légumineuses annuelles comme du trèfle incarnat. Ensuite, une année de blé d’hiver, associé avec du trèfle incarnat semés simultanément. Au moment de la moisson, des graines de trèfles tombent par terre et créent un couvert végétal qui va recouvrir le terrain pendant tout l’hiver. A la fin de l’hiver, je détruis cette végétation, je travaille le sol et je sème du sarrasin en mai. Je le récolte en septembre. A la sortie de l’hiver suivant, je sème du blé de printemps. Puis, de nouveau une année de jachère. Ensuite, je refais le même schéma, mais je remplace le blé par de l’avoine. On peut tirer des observations de cette rotation. On voit notamment qu’il y a une alternance entre les cultures d’hiver et de printemps. Cette rotation permet également d’alterner les mauvaises herbes. En faisant comme ça, on ne favorise pas toujours la même mauvaise herbe. On réduit donc leur implantation sur le terrain.

Quel est votre avis sur la crise actuelle que traverse la filière biologique ?

La crise actuelle était prévisible. Pour plusieurs raisons, notamment parce que les produits bios sont plus chers donc les gens avec des revenus plus modestes ne vont pas forcément en consommer. Cependant, ce que l’on ne pouvait pas prévoir, c’est la brutalité avec laquelle ça s’est produit. A cause d’évènements internationaux, comme la guerre en Ukraine qui a complètement bouleversé le marché mondial des céréales et aussi l’inflation qui en découle. Tous les produits alimentaires sont devenus plus chers et donc le bio qui était déjà plus onéreux, en a subi les conséquences. Pour moi, la situation n’est pas dramatique, le bio ne va pas disparaître, seulement, il va subir une stagnation pendant un certain temps. 

 

Pratique :

Paru le 5 juillet 2023 aux éditions La France Agricole, Assolements et rotations vient compléter ses titres précédents, Engrais verts et fertilité des sols et Traité d’agriculture naturelle. Ce livre de 350 pages est disponible au prix de 49 € sur le site La France Agricole : https://vu.fr/LKVWv

 

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