Aller au contenu principal

"Un redressement judiciaire peut être salutaire"

Émilie et Lucas*, parents d'une trentaine d'années, se sont installés en Gaec en 2021, dans le bocage ornais. Entre investissements et problèmes sanitaires à tout va (paratuberculose, mammites...), ils se sont retrouvés avec une dette de 150 000 € et la tête sous l'eau. Pour s'en sortir, ils ont fait appel à la cellule Réagir.

Les exploitations suivies par Réagir en 2024 sont principalement des élevages laitiers, mais également équins. Depuis le début de l'année, 39 nouveaux dossiers ont été présentés.
Les exploitations suivies par Réagir en 2024 sont principalement des élevages laitiers, mais également équins. Depuis le début de l'année, 39 nouveaux dossiers ont été présentés.
© LA

C'est l'histoire d'un couple installé hors cadre familiale, en 2021 avec l'envie de produire du lait, dans un secteur réputé pour, le bocage. Dès le départ, "des signaux auraient pu nous alerter" À l'installation : les avortements, mortalités, diarrhées, mammites à répétition, des antibiotiques retrouvés dans le lait...

Lire aussi : Juridique : une épée de Damoclès à 680 000 e

Pour s'en sortir, des travaux

"Les débuts ont été laborieux. Nous pensions malgré tout que c'était le lot de tous nouveaux installés. La soixantaine de laitières et les quelques allaitantes avaient l'air en forme lors de nos visites et notre étude économique tenait la route. C'était sans compter les maladies à répétition et l'arrivée de la paratuberculose, dès la première année", relatent Émilie et Lucas*. Ils ont signé leur emprunt pour 692 000 l de lait, référence laitière malheureusement non respectée. Très vite, le couple s'aperçoit qu'un changement radical doit être opéré sur la ferme : la modification de la salle de traite et le puits de surface, infiltré par les eaux de cours et de routes, LA raison des diarrhées et maladies à tout va.

Lire aussi : Une équipe prête à "Réagir" aux difficultés des exploitants

"Les meilleures laitières étaient celles qui tombaient malades les premières..."

"Il nous fallait une aide de la banque pour mettre en place un forage et ainsi assainir l'exploitation." Aide refusée catégoriquement par cette dernière. "Notre conseillère nous a bien fait comprendre qu'avec nos retards de paiements et les factures qui s'accumulaient (nous n'avions pas le choix à la vue de la casse sanitaire qu'il y eut), elle refusait de nous suivre", déplorent les éleveurs, parents de plusieurs enfants en bas âge. "LA clef pour rebondir était le forage, j'ai donc lancé les travaux, avec ou sans la banque, abonde Émilie. Un mois après cet investissement de 14 000 €, subventionné par la Chambre, plus aucune casse, des vêlages corrects, des veaux et des mères en forme, pas de diarrhées !" La facture vétérinaire est passée de 2 000 € à 200 € par mois environ et "Atemax, on ne les voit quasiment plus. Nos bêtes ne souffrent plus !"

Lire aussi : Agriculteurs en difficulté : une réunion d'information à Sées

À l'aide

Malgré cela, les dettes augmentent et la banque tape au carreau. "Les enfants aussi en pâtissent, ils savent. Lorsqu'à deux jours de Noël, aucun cadeau n'a été acheté car les fonds ne sont pas disponibles, qu'il faut se serrer la ceinture pour tout, nous étions désemparés. Il fallait rebondir, pour nos enfants, pour nous, pour notre élevage." Émilie lance une demande de dérogation pour travailler à l'extérieur, étant en Gaec avec son mari, "il fallait trouver une solution puisque sans l'aide de la banque, nous nous retrouvions le bec dans l'eau". Puis, le couple fait appel à Réagir, cellule d'aide gratuitement dispensée aux agriculteurs en détresse [voir article Une équipe prête à "Réagir" aux difficultés des exploitants dans l'édition du 3 octobre]. "Quelle que soit la difficulté, il faut en parler, témoigner, bouger ! Ne pas se laisser abattre, c'est primordial, surtout dans notre profession", alertent Émilie et Lucas, en redressement judiciaire. "Ce n'est pas un gros mot, c'est une aide qui peut être salutaire nous permettant d'éponger notre dette de 150 000 €", insiste l'éleveuse, suivie psychologiquement depuis quelques mois. Pas moins de quinze séances lui ont été proposées gratuitement par la MSA.

Lire aussi : Eleveur laitier à bout de souffle : il s'en est sorti et il témoigne

"Le redressement judiciaire nous aide en bloquant la totalité des prêts durant six mois renouvelables. Une vraie bouffée d'oxygène."

Une aide technique et aussi proposé par un conseiller Chambre. "Il faut se détacher des étiquettes péjoratives que l'on peut donner à la DDT, à la MSA ou bien à la Chambre. Ils ont été là pour nous", insiste le couple, se donnant l'opportunité de racheter de nouvelles bêtes pour augmenter la référence laitière, "mais aussi deux ou trois ans pour sortir de beaux bilans. Nous allons relever la ferme, c'est une certitude".

*Prénoms d'emprunts

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

La FCO-3 a été confirmée sur les 13 cas identifiés dans la Manche, 26 nouvelles suspicions
Au 21 juillet 2025, ce sont 13 cas de FCO-3 qui ont été confirmés dans la Manche en production ovine comme bovine. Et 26…
Le tracé de l'étape 9 qui partira le jeudi 10 juillet de Bayeux et arrivera à Vire.
Un contre la montre en côte de Nacre et une étape 9 de Bayeux à Vire
Groupama Centre Manche et Saint-Contest s'associent pour faire vivre aux amoureux du vélo un rendez-vous hors du commun.
La fresque imaginée par Anne-Ingrid Le Granché, s'étend sur 35 mètres par 35 mètres.
[EN VIDEO] Des fresques agricoles pour le passage du Tour en Normandie
À Basly et Clécy, les hélicoptères de France Télévisions pourront apercevoir des fresques mettant en avant la Normandie et son…
Plus de 500 personnes ont profité des animations proposées par les agriculteurs à Aubusson (61).
Dans l'Orne : les agriculteurs s'impliquent pour le Tour
L'étape 6 du Tour de France a sillonné, le jeudi 10 juillet, les trois départements bas normands. L'Orne, qui n'avait pas vu le…
La fresque manchoise a mis en avant le poiré Domfront, l'élevage et le maraîchage. On peut lire "Goût et savoir, fruits du terroir".
Des fresques, vitrines agricoles sur le Tour de France
Lors de la sixième étape du Tour de France, reliant Bayeux à Vire, les téléspectateurs ont pu apercevoir des fresques réparties…
Le préfet et la Chambre d'agriculture du Calvados invitent les céréaliers à privilégier la valorisation de la paille - en favorisant sa récolte et son réemploi local - plutôt que son broyage.
Situation de tension sur la paille dans le Calvados
Dans un contexte de forte tension sur la paille dans le Calvados - faibles stocks chez les éleveurs, moissons annoncées limitées…
Publicité