Réseaux sociaux : pour la profession
Chloé Masson, 21 ans, est une vraie passionnée. La jeune fille n'a qu'une seule envie, s'installer sur la ferme familiale. Grâce aux réseaux sociaux, Chloé a réussi à se faire entendre. Son objectif était de transmettre l'amour qu'elle porte pour la profession. Portrait d'une jeune femme, en chemin pour la ferme...
Chloé Masson, 21 ans, est une vraie passionnée. La jeune fille n'a qu'une seule envie, s'installer sur la ferme familiale. Grâce aux réseaux sociaux, Chloé a réussi à se faire entendre. Son objectif était de transmettre l'amour qu'elle porte pour la profession. Portrait d'une jeune femme, en chemin pour la ferme...
"Quand j'étais petite, mes parents me retrouvaient souvent dans la stabulation, au milieu des vaches", s'amuse Chloé Masson (Vaudeloges 14). Dès son plus jeune âge, la future paysanne souhaite travailler au contact des animaux. "Je voulais d'abord être vétérinaire. C'est la durée des études qui m'a stoppée". Après avoiir connu le travail en entreprise, le choix de Chloé est fait : elle sera agricultrice.
L'amour du métier
Rester toute la journée derrière un bureau, Chloé l'a fait. Après avoir obtenu un BTS Productions Animales, elle part en comptabilité au sein du réseau CER. C'est alors qu'elle obtient une promesse de CDI. "J'aurai pu dire oui. J'aurai eu un salaire fixe et tout ce qui va avec. Je ne m'y voyais pas du tout, le contact avec les bêtes me manquait trop", explique la jeune productrice. Elle retourne donc sur la ferme familiale. Avec son père et sa mère, Chloé s'occupe de 80 Prim'Holstein sur 14 hectares de pâturage et 25 à 30 taurillons élevés. Pour le moment, la famille Masson produit du camembert AOP (Jort). "C'est une fierté de produire du camembert, surtout dans notre région". Malheureusement pour la famille, le cahier des charges plutôt drastique demande aux producteurs une plus grosse surface de pâturage... Communiquer toujours plus. Voilà ce que souhaite Chloé. Chose qu'elle réalise très bien, car dernièrement, l'agricultrice a remporté la deuxième place du concours organisé par le Cniel (diffusion sur les réseaux sociaux, avec ce hashtag #ceuxquifontlelait).
Un amour qui mène au concours
Une vidéo de 6 secondes peut être très lucrative. "J'ai participé au concours sans rien attendre en retour. J'avais fait cette petite vidéo que je trouvais sympathique. Je l'ai postée et elle a beaucoup fait parler d'elle". Grâce à cela, Chloé a montré aux gens le bien-être de ses vaches. Une vidéo émouvante mettant en avant la relation qui se créer entre l'éleveur et sa vache. "Mon but en publiant la vidéo était de montrer tout l'amour qu'il y a dans cette profession, notamment entre les animaux et les producteurs. Les personnes devraient garder cela en tête", souligne Chloé. Une communication qui porte ses fruits, car la jeune femme termine à la deuxième place du concours avec une aide de 1 000 € pour son installation (et l'acquisition d'un petit chiot, rejoignant deux autres amis à quatre pattes déjà présents sur la ferme). Depuis toujours et avec l'aide des réseaux sociaux, la jeune femme se bat pour atteindre son objectif d'installation, tout en défendant l'agriculture...
Une image bafouée
"Les gens ne savent pas tout ce que l'on fait. Ils voient qu'on a de gros tracteurs, ils ne savent pas qu'ils appartiennent à la banque. Ils ne se rendent pas compte de tous les investissements et crédits que nous avons", explique Chloé Masson. Aujourd'hui, être agriculteur c'est aussi être communiquant. Ce manque de savoir de la population sur la profession démoralise l'agriculture française et amène aux jugements infondés. "J'estime qu'en France, nous faisons les choses bien. J'ai fait un stage en Hollande, jamais je ne boirai leur lait", dénonce l'agricultrice. "Il y a une remarque qui revient : vous utilisez des animaux pour gagner votre pain. Cela me fait vraiment mal au cœur. Les gens doivent comprendre que ces bêtes sont notre outil de travail. Mais si elles ne sont pas bien, cela ne fonctionne pas. J'aimerais inviter les personnes à se déplacer, qu'ils viennent voir par eux-mêmes". Chloé connait toutes ses bêtes par cœur, depuis qu'elles sont petites. "Lorsqu'elles partent pour l'abattoir, c'est un vrai déchirement. Je pense qu'une partie des gens ne le voit pas. Pourtant ils consomment", témoigne la jeune femme. "Dès que les personnes voient le pulvérisateur ou le fumier de sortie, c'est terminé". En effet, le chaque agriculteur respecte l'environnement. Une personne qui va traiter son jardin va sans doute utiliser plus de pesticide qu'un agriculteur qui traite sur 1 hectare. "Même avec les améliorations qu'il y a eu à ce niveau, on reste toujours la bête noire", témoignent le père de Chloé et des amis agriculteurs.
Installation et complications
Depuis le mois de juillet, Chloé s'efforce à la tâche afin de s'installer. "Mes parents ont très peur. Ils ont essayé de m'en dissuader par rapport à la conjoncture. C'est mon choix et ils sont derrière moi malgré tout", annonce Chloé Masson. Pour la famille, malgré l'augmentation du prix du lait obtenu fin août, "nous sommes dans le flou total. On a peur d'aller dans le mur. Avec toutes les normes que nous avons ce n'est plus soutenable. Il faudrait alléger les normes françaises et augmenter celles de certains pays européens (ex: Hollande, Irlande, etc.)". Une installation qui fait peur à la jeune femme. D'un côté la conjoncture, de l'autre l'administratif. "C'est un vrai cauchemar. Chez nous, il y a un simple changement d'associé au sein du GAEC. Evidemment, tout est à refaire. C'est totalement démoralisant", s'inquiète-t-elle. Les parents de Chloé sont aussi dépassés. "Ça change d'il y a 30-40 ans. C'était très simple à l'époque et ça fonctionnait très bien", témoigne le père de Chloé. DDTM, banque, juriste... Tout est une question de papier de nos jours. "Si on oublie un petit quelque chose, les délais sont reportés. Si on loupe une date, c'est aussi reporté. J'ai quand même un BTS, j'ai financé mes formations, mais ça ne suffit pas. C'est de l'acharnement administratif". Une année catastrophique pour la profession. Le problème est aussi Bruxelles. "Il faut que nous soyons tous sur la même longueur d'onde. Nos fermes sont en train de mourir. Nous n'avons la main sur rien. On donne notre lait et c'est la laiterie qui fait la facture... Comment voulez-vous qu'on avance ? On ne peut faire que ce dont on est passionné..." Fort heureusemement, Chloé ne dément pas. Son amour pour les bêtes, pour la profession passent avant tout. "Heureusement qu'il reste des jeunes. C'est à nous de les aider, il faut faire des concessions et leur donner la main" conclut son père.
// 2017 sera une année politiquement chargée, qu'attendez-vous des éléctions ?
On ne sait pas où l'on va pour le moment. Ils ont notre sort entre les mains. On espère que notre futur président nous représentera bien à Bruxelles.
// Que représente le bio pour vous ?
Ce n'est pas la solution sur notre exploitation. Un ami qui s'installe en AB m'a dit : "J'ai peur de me retrouver dans la même situation que toi dans 5 ans"
// Avez-vous peur pour l'avenir de la profession ?
Enormément. Si personne ne reprend, s'il n'y a plus de jeune, qui va le faire ? Les Chinois ? Le Qatar ? Les Chinois sont en train de cloner des vaches laitières, vous vous rendez compte ? On ne sait plus comment faire. Peut-être qu'avec le temps ça ira mieux. On l'espère tous...
// Avec la PAC, les aides..., pensez-vous que c'est un soutien médiatique ?
Nous n'avons toujours rien touché. C'est fait surtout pour la population, pour dire "regardez, les agriculteurs sont aidés, ils ne peuvent plus se plaindre". Avec les nouvelles aides pour les céréaliers, on comprend nien qu'on essaye de nous monter les uns contre les autres. Moins solidaires, nous sommes plus faibles. Je pense qu'ils essayent simplement de nous faire taire...
Les réseaux sociaux
20%, c'est le nombre d'agriculteurs présents sur les réseaux sociaux en France. Ce taux ne fait qu'augmenter, année après année. Mais alors, qu'est ce qu'un réseau social ? Ce sont des moyens de communication sociale, où les individus collaborent afin de créer un ensemble de contenu web. Facebook, Twitter, Instagram... Ces noms vous disent sans doute quelque chose. C'est sur ces plateformes que Chloé a partagé sa vidéo. Une vidéo qui a été visionnée plus de 330 fois sur Facebook. Le hashtag (#) "#ceuxquifontlelait" accompagnait les photos/vidéos des participants et a répertorié tous les contenus via Twitter.
Pour rejoindre l'agriculteur normand :
Sur Facebook : agriculteurnormand14
Sur Twitter : @agri-normand